Quelle semaine ! Je ne parle pas de la semaine olympique mais des surprises qui vous attendent. Bientôt deux interviews de directeurs d’écoles des métiers de la montagne (guides et moniteurs de ski). Mais revenons à l’actualité de la semaine dans nos médias, très tournés vers les nouveaux acteurs de l’écosystème éducatif.
Entre banc d’essai des MOOC, lancements et rachats à l’échelle mondiale de plateformes sociales et de e-learning, la stratégie des nouveaux entrants sur le marché de l’éducation/formation s’affirme. Ce nouvel écosystème bouscule nos manières de faire et de penser. De belles opportunités qui posent également questions. Quand Google investit un marché, ce n’est pas pour faire de la figuration !
Les faits
- Orange lance, cette semaine, sa plateforme de MOOC, Solerni, dont Grenoble Ecole de Management est partenaire. L’opérateur historique de téléphonie se positionne sur ce marché avec en vue le souhait de voir le ministère de l’Enseignement supérieur « choisir un jour cette solution » pour l’hébergement de Fun (France université numérique) en direction des établissements du supérieur.
- Google vient d’investir 1 milliard de dollars dans Renaissance Learning, une jeune pousse californienne spécialisée dans l’éducatif et le « cloud ». La plateforme fournit ses services à plus de 20 millions d’étudiants à travers le monde. Cela révèle que l’écosystème éducatif est directement investi par les mastodontes du web.
- Facebook a pris possession de l’application mobile Whatsapp ? qui compte 450 millions d’utilisateurs pour un montant de 19 milliards de dollars ! Une somme qui donne le tournis… Même s’il n’est pas directement lié à l’éducatif, cet outil d’information et de mise en relation montre bien la puissance des technologies mobiles qu’utilisent nos publics étudiants. Ce sera Whatsapp ou un autre, peut-être, mais en tout cas, la bagarre entre les puissants du web est bien lancée. La formation va devenir mobile, asynchrone, à la demande, comme c’est le cas pour un grand nombre d’usages.
- La 5G était déjà au cœur des discussions du Mobile World Congress, qui se tenait à Barcelone, en Espagne, ces jours-ci. Alors que nous assistons tout juste à la naissance de la 4G !
- Idem pour les médias qu’intéressent fortement les Amazon, Google et autres Twitter. Après le rachat du « Washington Post » par Amazon en 2013, je parie, en 2014, sur une deuxième acquisition d’envergure dans le secteur. La concentration est en marche. Ce sont des mécanismes que nous examinons dans notre Chaire Convergences (un peu de pub ! Une fois n’est pas coutume !).
- Je termine par Challenges. Le magazine vient d’éditer un impressionnant banc d’essais des MOOC… Nous y sommes !
Quelles conséquences pour les écoles ?
- Ces mouvements renforcent l’impérieuse nécessité de construire de véritables stratégies d’établissements. Pour reprendre le vocabulaire des consultants, il s’agit d’intégrer ces nouvelles pédagogies dans nos process et notre chaîne de valeur. Les MOOC sont des outils, certes fabuleux, mais je suis effaré par ce que j’entends. Ceux qui réussissent dans le domaine, ont effectivement des stratégies de n°1 ou de n°2 en privatisant, pour des publics cibles telles que les entreprises leurs outils, ou en les intégrant de manière intime dans leur process. Ce qui les rend encore plus puissants et influents. Ne nous trompons de débat !
- Nous avons besoin d’une centralisation de la ressource afin de valoriser un volume et une diversité de savoirs suffisants pour peser dans l’écosystème mondial des plateformes de connaissance… Nous sommes dans une géopolitique de l’influence et de l’intelligence ! Ne perdons pas cette bataille !
- Les partenariats ne vont pas se limiter aux alliances inter-établissements. Nous devons tisser des liens forts avec les nouveaux acteurs de l’écosystème de l’éducation que sont Google, Orange… Ne perdons pas de temps !
- Sans pédagogie, point de salut. Je le répète encore, l’école du futur replace le professeur au centre du dispositif, son rôle sera essentiel. Et ces nouvelles formes de pédagogie redonnent de l’énergie et du sens à la salle de classe, dernier lieu d’apprentissage collectif dans un monde de plus en plus individualisé. Le MOOC peut effectivement former des étudiants en masse mais seuls devant leur écran… Ne l’oublions pas !
Nous vivons un tournant historique. La concomitance des mouvements stratégiques de ces nouveaux acteurs de l’éducation, qu’ils soient technologiques, logiciels, financiers n’est pas le fait du hasard. Le puissant Google qui se « contentait » jusqu’alors de fournir aux universités et à leurs étudiants – en plus de son algorithme de recherche – une suite d’outils pratiques (calendriers, partage de fichiers, etc.), a bien franchi une étape. La firme de Sergei Brin et Larry Page amorce un tournant stratégique qui la positionne comme l’un des acteurs de l’économie de l’éducation et de la formation. Sa puissance de feu est considérable.
D’autres grands enjeux se profilent dans le monde de l’éducation. Je pense à l’analyse de données et au big data. Nous aborderons ces thématiques dans un prochain post.
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