Le blog de Jean-François FIORINA

Google, amazon… pourquoi seront-ils nos concurrents ?

Google, éducation

Je l’ai souvent abordé au fil de mes posts, l’intensité de la concurrence dans le secteur de l’éducation et de la formation ne cesse de croître. En prenant un peu de hauteur, on s’aperçoit que ce ne sont pas nécessairement nos concurrents traditionnels qu’il faut surveiller… Que penser d’un Google et d’un amazon en « mode » éducation/e-learning ?

La chaîne de valeur éducative se base sur trois étapes essentielles : la construction de savoirs/contenus que l’on rend accessibles par une pédagogie appropriée puis leur diffusion à différents publics cibles. Une version de ce scénario adapté à ce que seraient ces nouveaux entrants tels que Google ou amazon montre pour chacun d’eux des zones de force et de fragilité.

Pour amazon, il est clair que la masse de contenus qualitatifs dont dispose cette plateforme la rend dominante voire hégémonique. Sauf conflit majeur avec les éditeurs – peu probable, d’ailleurs, puisque leurs intérêts convergent -, Amazon dispose de la plus grande base de données livresque de la planète, sous 3 formes : papier, e-book et Kindle.  En faire une base de connaissances mondiale, négociée avec les éditeurs et d’autres partenaires, capables de personnaliser une offre selon les besoins du lecteur ou de l’apprenant ouvre des perspectives sans limites. Mais son modèle n’entre pas directement dans les contenus ou de manière limitée, en proposant, par exemple, d’autres ouvrages à la lecture en fonction de sa recherche initiale.

Côté Google, maître de la data, l’entreprise sait mieux que personne quels sont nos centres d’intérêt et nos habitudes. Éléments essentiels d’analyse des comportements et des choix, ces données personnalisent et poussent actuellement, de manière automatique et très efficace, des informations, des offres de services ou de la publicité… pourquoi pas des offres de formation ? Mais sa force, le couplage moteur de recherche/modèle économique, trouve ses limites (mais aussi son intérêt !) dans l’absence de contenus propres à la marque.

Futurs concurrents

Dans cet écosystème numérique où l’on peut laisser libre cours à l’anticipation, il ne faudrait pas oublier plusieurs composantes essentielles : l’enseignant et l’établissement.

Les « machines » numériques devenues machines à former sont, bien sûr, capables de formater et de dupliquer selon des modèles low cost, nombre de certifications (cf l’un de mes récents posts). Mais sont-elles capables d’entrer dans une logique de diplomation, de suivi personnalisé, de coaching, de management, de créativité, de stratégie, de développement personnel, de prise de recul, de géopolitique, d’études de cas ?

Je ne le crois pas, du moins pas encore. C’est toute la valeur d’une école et de ses équipes pédagogiques, supports et administratives : donner de la cohérence et évaluer. Nous sommes peut-être complémentaires.

Mais les choses avancent vite. Il y a quelques mois, certains me prenaient pour un fou-furieux quand j’expliquais que bientôt un DRH aurait à faire le choix entre un candidat diplômé et un candidat bardés de certifications obtenues par validation de MOOCs  (lesquels portés par de grandes marques). Aujourd’hui, on vient me demander ce qui fait la différence entre les deux profils !

Un positionnement encore incertain

Que faire, pour un Google, de ses tables de data infinies dans une perspective pédagogique (autre que purement statistique ou marketing) ? La firme de Mountain View en a bien conscience puisqu’elle finance des start-up et la recherche dans le domaine éducatif comme c’est le cas avec la Carnegie Mellon University pour les MOOcs  .

Une manière très directe de comprendre rapidement ce marché pour y investir lourdement (ou non), en fonction des perspectives de gains avérées (ou non)… On imagine également le potentiel d’une paire de lunettes connectées Google pour s’immerger dans une salle de classe virtuelle en 3D, elle-même hébergée sur une chaîne thématique éducative Youtube (propriété de… Google).

Ces  géants vont se positionner dans les prochaines années :

  • pour devenir de véritables opérateurs de l’éducation en développant leur propre savoir faire pédagogique,
  • ou pour fournir plateformes et données aux écoles et centres de formation pour les aider à optimiser/cibler leurs offres, toucher de nouveaux publics, réduire leurs coûts. ?

Dans la première hypothèse, comme amazon a racheté le Washington Post – analogie avec le monde de la presse qui a fort à faire avec Internet -, Google rachètera peut-être des réseaux d’écoles – à côté des ses start-up – pour verrouiller le système. À moins que nous ne soyons, dans la deuxième hypothèse, nous écoles, plus rapides pour créer notre propre écosystème numérique ? À méditer…

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