Le blog de Jean-François FIORINA

Coopérations Nord-Sud : pourquoi les développer ?

mondialisation de l'enseignement supérieurJe considère partie prenante de nos missions le fait de nouer des liens forts avec des établissements hors zone OCDE. J’ai donc lancé à GEM, le Programme d’Aide et d’assistance aux Pays Tiers et Emergents (PAPTE) qui concerne 11 pays, plus de 300 étudiants et 150 professeurs. Une démarche qui apporte à nos confrères une véritable expertise et, en retour, nous aide à construire notre stratégie internationale.

Entre philanthropie et développement stratégique

La mondialisation de l’enseignement supérieur est l’un de mes thèmes de prédilection, vous l’aurez compris au fil de mes billets. Les postulations régulières de Grenoble aux programmes européens tels que TEMPUS (PORFIRE, FEFEDI…), en témoignent. Nous accueillons, en ce moment, dans nos locaux une quarantaine d’enseignants venus de tout le Maghreb. Ces coopérations ont pris corps à travers un programme global nommé PAPTE que j’ai créé avec ces pays. Pourquoi ?

Parce qu’il est de notre responsabilité d’accompagner dans leur développement d’autres universités et grandes écoles dans des pays qui n’ont pas le même niveau économique que nous. Ceci pour deux raisons :

  • C’est à la fois une mission philanthropique et un appui à de jeunes écoles, dans des pays qui traversent des difficultés conjoncturelles et/ou structurelles,
  • Ainsi qu’une mission de relations entreprises. Aujourd’hui, les entreprises françaises internationales ne souhaitent plus expatrier leurs cadres. Elles ont besoin de relais locaux. C’est pourquoi nous devons participer à la formation et à l’accompagnement des élites sur place pour qu’elles puissent intégrer ces groupes ou créer, elles-mêmes, leurs entreprises. Il s’agit également de géopolitique/géo-économie.

Des programmes pour grandir ensemble

Parmi tous les projets financés par des organismes multilatéraux depuis 15 ans, il y en a un qui me tient particulièrement à cœur, le programme FEFEDI (Développement entrepreneurial et international). J’ai, d’ailleurs, le souvenir d’une réunion sur le thème de l’entrepreneuriat à laquelle participaient plus de 100 étudiants tunisiens, marocains et algériens… Sentiment du travail accompli, de participer à une dynamique locale qui a du sens. Mais ce travail de longue haleine nécessite beaucoup de montages de dossiers, beaucoup de suivi et de reporting. Les entreprises sont satisfaites mais elles n’assurent pas « le service après-vente ». Ne connaissent-elles pas assez ces dispositifs ou nos calendriers ne sont-ils pas assez alignés ?

Notre objectif, à travers ce programme, est de former et d’accompagner des formateurs, de leur apprendre à le faire. Les workshops itinérants permettent de visiter les différents sites, de s’imprégner des différentes cultures. Cette ouverture nourrit la réflexion sur nos axes stratégiques comme le hub de Casablanca. Cette expérience que nous accumulons sert nos projets internationaux. Nous participons régulièrement aux  réunions internationales comme celle de l’EFMD-AF qui se tiendra à Barcelone, du 3 au 5 novembre 2014, et non Ghana comme prévu initialement pour cause d’Ébola.

PAPTE offre un vrai partage de nos domaines d’expertise avec d’autres institutions. C’est une vocation de GEM d’aller en ce sens, une dimension RSE que nous revendiquons. Je pense également au mentoring (EDAF-EFMD) et crois beaucoup en la formation d’autres écoles.

Des institutions fortes qui forment bien leurs équipes et développent de bonnes relations entreprises fixeront leurs étudiants et personnels. Je ne parle pas des établissements du secteur public (au Maghreb et en Afrique noire) où l’Université reste le sésame de la fonction publique. Ils ne génèrent malheureusement que des chômeurs au vu de la faiblesse des débouchés et de la massification des effectifs étudiants.

Comprendre les spécificités locales

Prenons l’exemple de l’entrepreneuriat. Les trois pays du Maghreb avec lesquels nous travaillons ont des problématiques différentes : le Maroc avec son programme Émergence – très structuré – attire déjà des créateurs d’entreprise. On assiste au retour de Marocains de l’étranger pour s’installer au pays ; pour la Tunisie, son seul salut reste la création d’emplois locaux via de nouvelles entreprises ; en Algérie, l’objectif est d’arriver à légaliser le secteur informel.

Depuis sa création, il y a 30 ans, GEM poursuit ses actions de partenariats. Chaque année, nous gérons au moins deux programmes d’envergure pour un montant moyen de 1,5 million €. Nous souhaitons continuer ce développement dans les pays à forte présence française dont les institutions locales ne sont pas encore au niveau. Et nous avons la chance d’avoir une équipe, articulée autour de Mohamed Matmati qui a une expertise dans ce domaine.

Chiffres clé :

A ce jour, le programme PAPTE à Grenoble École de Management  concerne :

  • 18 conventions de partenariat signées dans 11 pays,
  • 309 étudiants,
  • 150 professeurs.

Deux exemples de programmes avec le Maghreb :

  • TEMPUS/FEFEDI : (Filière d’Expertise maghrébine de Formation en Entrepreneuriat et en Développement International)

12 partenaires :

Pays émergents

Tunisie : IHEC de Sfax – IHEC de Sousse – UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie du Commerce et de l’Artisanat)

Maroc : ESCA Ecole de Management de Casablanca – Université Mohammed V Souissi de Rabat

Algérie : LIDEE de l’Université Badji Mokhtar d’Annaba – Université du 8 Mai 45 de Guelma – ADPE – Association de Développement et de Promotion de l’Entreprise – Annaba

 

Autres participants 

France : GEM – Grenoble Ecole de Management – Grenoble

Grèce : AUEB – Athens University of Economics and Business – Athènes

Italie : POLITO – Politecnico di Torino – Turin

 

  • TEMPUS/PORFIRE : Création d’un environnement pour l’émergence de pôles régionaux de formation, d’innovation et de recherche au Maghreb.

Les 16 partenaires :

Pays émergents

Université Badji Mokhtar d’Annaba (Algérie)

Université de Sousse (Tunisie) – Université Constantine 1 (Algérie)

Université Mohammed V Souissi (Maroc)

Ecole Nationale Polytechnique d’Oran (Algérie)

Université Ibn Tofail de Kenitra (Maroc)

Université Gafsa (Tunisie)

ESCA, Ecole de Management de Casablanca (Maroc)

Chambre de Commerce et d’Industrie du Centre, Sousse (Tunisie) –  Confédération Générale des Entreprises du Maroc Centre (Maroc)

ADPE, Association Développement et Promotion de l’Entreprise d’Annaba (Algérie).

 

Autres participants 

CCIG/GEM/CEMAT (France)

LENTIC/HEC Ecole de Gestion de l’Université de Liège (Belgique)

POLITO Politecnico de Turin (Italie)

AUEB, Athens University of Economics and Business (Grèce)

 

 

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