Comme promis, voici ce que je retiens de mon passage au WISE 2014 (Qatar), la semaine dernière. Un moment passionnant qu’il faut vivre au moins une fois comme une immersion totale dans le monde de l’éducation et de la pédagogie. 3 jours très denses pour faire le plein d’idées, de bonnes pratiques et de rencontres enrichissantes à la croisée de l’éducation, de la géopolitique et de la mondialisation (ça tombe bien ce sont mes domaines de prédilection !).
1) Une organisation au top.
Admiratif. Je le suis d’autant plus quand je pense à tout ce que nous réalisons pour le festival de géopolitique (avec un format plus modeste).
J’ai apprécié les différents formats de présentations (voir photos), les différents agencements, le programme avec plusieurs clés de lecture et un back office très efficace (dans lequel j’ai retrouvé un diplômé de l’école !).
Aucun temps mort, un dîner de gala et la remise des trophées en 2h chrono. Impressionnant ! Beaucoup de rigueur.
Bravo et félicitations aux organisateurs.
2) Enthousiasme et foisonnement d’idées.
Une manifestation où l’on parle éducation, apprentissage et pédagogie 24/24 ! On sent un enthousiasme, une volonté d’avancer, de partager et d’apprendre de la part de tous les participants. C’est rassurant, régénérant, positif et encourage à l’optimisme. Sans trop de volet idéologie.
3) Entrepreneuriat.
Une thématique très présente avec la volonté, souvent émanant de jeunes femmes, de créer leur entreprise ou de développer des projets dans le cadre d’ONG. On sent un besoin impérieux d’éducation tant pour l’émancipation que pour le développement économique. Et si l’école du futur entrainait la création d’écosystèmes ? Rêvons un peu !
4) Cosmopolite et international.
1600 participants venus de 120 pays. Du professeur au chercheur en passant par le politique, l’ONG, le porteur de projets. Des langues différentes, des religions, des couleurs de peau mais tous unis pour discuter éducation, améliorer ses pratiques et innover. Peut-être un des seuls lieux où j’ai pu voir des bonnes sœurs côtoyer des femmes en niqab ! Et jamais vu autant de costumes nationaux lors du dîner de gala.
5) Des participants connectés en permanence.
Vitrine de l’école du futur ? Tout le monde consulte frénétiquement son smartphone ou sa tablette, outil indispensable pour communiquer pas uniquement par mail. Ça tweete, ça skype dans tous les sens, beaucoup de Facetime pour les afficionados de la marque à la pomme. Seront-ce aussi les outils de l’école du futur ?
6) Une dimension géopolitique forte.
- Le WISE est un outil d’influence de la politique du Qatar (ce sera l’objet de mon post, la semaine prochaine). Un outil au service d’une vision de cet émirat pour « l’après gaz ». Il se donne les moyens de cette vision/ambition. Tandis qu’en France, on discute de ce qui s’est dit lors du déjeuner « politique » du 26/6/2014… vision, vous avez dit vision ?
Le WISE constitue l’un des éléments de la Qatar Foundation for education avec son Hub Education city dont je parlerai également la semaine prochaine. Une véritable vitrine au service de la politique d’influence du Qatar. Impressionné, d’ailleurs, que la Sheika Moza bint Nasser al-Missned – présidente de la Fondation WISE – se soit adressée aux congressistes directement dans un anglais parfait (je n’aurais pas été choqué si elle s’était exprimée en arabe).
Un positionnement qatari pertinent et assez rare. À ma connaissance, il y a peu d’équivalent. Peut-être le Dubai GETEX et, bien sûr, l’UNESCO mais nous connaissons ses problèmes de financement et de gouvernance…
Autre grand défi que s’est lancé le Qatar, devenir un hub sportif mondial.
- La remise du WISE Prize for Education qui se veut l’équivalent du prix Nobel a été remis, cette année, à Ann Cotton, de l’ONG CAMFED qui milite pour l’éducation des jeunes filles en Afrique. Avec des résultats impressionnants comme ces 24 000 jeunes femmes diplômées.
4 ou 5 autres récompenses ont été décernées. Ma préférée pour le concurrent finlandais Me & My City, un programme de formation innovant sur l’entrepreneuriat pour 12/13 ans.
À noter, une séquence émotion et tragique le mercredi matin :
Ebola, conflits, guerres, pauvreté… Autant d’obstacles à l’éducation. Comment ne pas rester insensible quand la présidente du Libéria annonce par téléphone que toutes les écoles n’ont pas fait leur rentrée en septembre pour cause d’Ebola.
Interpellé également quand une mère de famille libanaise explique qu’elle a du choisir parmi ses enfants celui/celle qui allait pouvoir suivre des études…
Ce sont peut-être des exemples extrêmes mais leur rappel est nécessaire #nousavonsbeaucoupdechance !
7) Innovation et créativité.
Cette thématique – cœur du WISE 2014 – interroge tous les systèmes d’enseignement du monde, du primaire à l’enseignement supérieur. Comment stimuler la créativité et favoriser l’innovation ? C’est l’une des clefs de l’avenir. J’ai remarqué chez les participants une soif d’améliorer leurs pratiques pour mieux servir les élèves.
8) Et l’école du futur ?
- Des conférences de bon niveau qui confortent ma vision de l’école du futur au-delà des diplômes : le big data, le jeu, la personnalisation des cursus et le rôle grandissant du certificat.
9) Mes 3 coups de cœur.
- Le panneau d’information mobile (voir photo). Quand le robot devient réalité ? (cf mon post sur « les robots dans la classe » et l’innovation présentée par Bruno Bonnell).
- Le stand Lego éducation. L’entreprise dispose d’une division « éducation » pour intégrer son jeu dans les dispositifs de formation y compris dans les écoles.
- Me & MyCity : dispositif de formation récompensé (cf point 6 de ce post).
10) Quelques regrets cependant.
- Un certain manque de présence de l’Enseignement supérieur et encore moins Business-schools. Pourquoi ne pas créer un groupe « business schools » du WISE ?
- Je m’attendais à plus d’exposants et de présentations de solutions pédagogiques innovantes.
Mais c’est une expérience que je conseille !