Le blog de Jean-François FIORINA

L’économie est-elle enfin sortie des oubliettes ?

économie à l'école

Il serait temps. On (re)parle enfin d’économie sous de meilleurs auspices ! Déclaration d’amour des Français pour l’entreprise à travers un récent sondage (Ipsos Le Monde/Lire la société, près de 90% d’opinions positives), Journée du livre économique au Sénat, (nième) tentative d’intégration de l’entreprise dans la pédagogie de l’Éducation nationale… Allons-nous, enfin, sortir de l’idéologie pour comprendre que l’économie, c’est l’explication de la situation par le bon sens !

Aujourd’hui, si l’économie intéresse et interroge les Français, c’est qu’il existe un grand manque d’explication et de pédagogie de l’économie. C’est un mal français. On dit souvent que nous sommes un pays d’ingénieurs et de penseurs plus que de vendeurs et de marketeurs comme si le fait économique restait marqué du sceau du soupçon… Et pourtant.

Passer du quantitatif au qualitatif

« Taux de change euro/dollar », « taux directeur», « croissance », « déflation » « balance commerciale », des mots sans cesse employés dans les médias mais qui ne parlent pas à la très grande majorité de nos concitoyens. Ils sont pourtant en demande de compréhension des mécanismes économiques dont ils se sentent, du coup, exclus. Cette demande de « traduction » des discours de nos dirigeants, lestés du prisme idéologique, grandit.

Comprendre l’économie ? C’est maîtriser 40 à 50 définitions pour que, tous, nous soyons au même niveau d’information pour débattre des enjeux et faire des choix éclairés dans un contexte de mondialisation accéléré.

Arrêtons l’avalanche des chiffres que les médias déversent sur nos têtes sans contextualisation ou tout simplement, sans eux-mêmes, les comprendre ! Passons « du quanti au quali ». Donnons cette chance à nos enfants de comprendre comment fonctionne une économie et ce, dès l’école. Soyons pratiques et concrets, évitons les grandes théories économiques qui d’ailleurs n’ont de sens que pour une petite minorité de « sachants »…

Une matière fondamentale dans nos business schools

Dire que l’économie est une matière importante au sein des business schools est une lapalissade. Pas tant que cela ! GEM s’est engagée de son propre chef dans une dynamique d’ouverture avec l’Université : objectif intégrer l’économie dans les cursus de l’école pour offrir cette dimension à tous les étudiants qui le souhaitent. Comment comprendre le monde actuel sans une connaissance des grands moments de l’histoire économique ? Comment ne pas les relier avec l’analyse géoéconomique et géopolitique ? Comment imaginer d’autres possibles sans ce bagage ?

Il est également crucial d’offrir à nos étudiants la possibilité d’aller aussi loin qu’ils le souhaitent en matière d’économie. Ils peuvent ainsi suivre un double cursus universitaire, de la licence jusqu’au master d’économie. Avec, à la clé, des postes passionnants de chefs économistes dans des banques, institutions financières et internationales.

J’ai eu la chance d’avoir des enseignants de grande qualité qui m’ont fait aimé l’économie. Ils illustraient leur propos par des références à l’actualité, à l’histoire, à la vie quotidienne bien loin des formules mathématiques complexes censées modéliser, de manière absolue, une science où le psychologique, le culturel et l’humain jouent un grand rôle essentiel.

À quoi sert une école de pensée économique sans école de l’action ?

Nous disposons d’une école de pensée économique de grande qualité, le top mondial à Paris et Toulouse, entre autres. Tant mieux ! Mais qui peut citer la nature des travaux de notre récent prix Nobel d’économie, Jean Tirole ? Qui a lu les 1000 pages de l’ouvrage de Thomas Piketty sur l’analyse du partage de la richesse et des inégalités dans l’histoire ?

Une école de pensée sans action concrète n’apporte que frustration et doute.

Aux côtés de ces penseurs, nous devons développer une culture générale de l’économie accessible et partagée par le plus grand nombre. Dans cette période de crise et de  mutation, je pense que la priorité doit être donnée à la compréhension, à l’analyse – y compris critique – des nouveaux modèles plus qu’à leur théorisation.

Si l’économie devient plus compréhensible et transparente, elle ne se fonctionnera plus comme un repoussoir. Elle permettra de mieux saisir ce qui se passe, d’agir et de s’y adapter en conscience plutôt que de subir. Si on ne veut pas aggraver la situation économique, chacun doit en devenir acteur. Tout le monde a donc le droit (et le devoir) d’acquérir des bases en économie.

 

Je ne peux pas terminer sans parler de géopolitique ou de géo économie. La crise actuelle serait d’autant mieux comprise si nous avions TOUS les clés de compréhension de ce monde qui change. Pour moi, la bonne définition de l’économie, c’est le bon sens qui permet d’expliquer une situation. 

 

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