C’est souvent à l’occasion de mes déplacements que je me rends compte combien le modèle grenoblois Recherche/Enseignement supérieur/Industrie reste porteur. Dernier exemple l’Iran où, l’un de mes interlocuteurs – diplômé de Grenoble INP – vantait les qualités de notre écosystème. Autant d’ « ambassadeurs spontanés » de ce que nous appelons aujourd’hui GIANT – Information Energy Health, campus mondial d’innovation dont GEM est membre fondateur et qui organisait, la semaine dernière, son meeting annuel, le HIGH LEVEL FORUM à Tsukuba au Japon. Retour sur cette réussite qui traverse les générations.
Comme Bernard Ramanantsoa – ancien directeur d’HEC – l’exprime dans son dernier livre Apprendre et oser, la bataille du XXIème siècle sera celle de l’intelligence et du « business qui fait l’histoire ». Il prend l’exemple d’HEC « laboratoire où se préparent les dirigeants de demain et où des chercheurs d’excellence s’appliquent à améliorer les performances économiques. Une école de vie. » J’y vois la reconnaissance de ce qui constitue le patrimoine génétique du territoire grenoblois, la marque de Grenoble, depuis 150 ans, de la Houille blanche d’Aristide Bergès, à la recherche nucléaire en passant, aujourd’hui, par les nanotechnologies ou les cleantechs.
Il s’agit d’abord d’un modèle construit autour de 3 principes fondamentaux :
- L’alliance. Chaque entité qu’elle soit école, laboratoire ou industrie, conserve son autonomie tout en travaillant de concert,
- La mutualisation de compétences. Vue du satellite, Grenoble, c’est un point sur la mappemonde. Mais l’addition des composantes de son écosystème est supérieure à la somme de ses talents car le travail est réparti, mutualisé donc démultiplié.
- La logique et la stratégie industrielles. L’objectif a toujours été de transférer vers l’industrie la valeur que créent les laboratoires et les écoles. Les Echos du 12/11/2015 dans l’article « Dix groupes français dans le top de l’innovation » rappelle que le CEA a mis en place un politique de production de brevets très efficace et que le CNRS occupe la première place mondiale devant Harvard dans le classement Scimago recensant les publications/établissements déposant des brevets.
Un modèle agile qui a su s’adapter pour créer de la valeur
Au fil des générations, certains territoires ont bien compris l’enjeu : faire partie des 20 pôles mondiaux d’attractivité en matière d’innovation et de recherche. Je pense aux succès de la Silicon Valley ou aux efforts que fournit le Qatar pour le développement de son Education city.
Quels nouveaux ingrédients pour réussir ?
- Offrir les meilleurs services. Dans un monde global où les talents sont mobiles et choisissent leur environnement de travail ET DE VIE, ce seront les services qu’apporte un territoire qui feront la différence. Quelle offre globale ai-je en main pour attirer les meilleurs ? En termes d’accueil, d’environnement de travail, de financements, de R&D ? Mais également en termes de logement, de loisirs, d’éducation, de culture, d’épanouissement personnel…
- Aujourd’hui, ce sont la qualité des start-ups et leur accompagnement qui attirent investisseurs et entrepreneurs. Une nouvelle ère industrielle s’ouvre autour des systèmes d’information, des cleantechs, de l’énergie-smart grids, des objets connectés, de la 3D…
- Le collaboratif reste essentiel mais change de nature.
C’est la culture de l’informel qui fonctionne. S’organisent des rencontres sans organisation ! Culture de l’hybridation des savoirs, des cultures et des idées.
C’est la culture de l’immatériel qui s’impose : génie logiciel, code informatique, éthique et valeurs sociétales, nouveaux business models…
Tout se mélange dans un nouveau cycle de création de valeur.
C’est ici que managers, entrepreneurs, ingénieurs, designers… trouvent le lieu de ces échanges créatifs et fructueux.
Cela prendra du temps
Notre culture cartésienne nous a formaté en silos alors que l’avenir se construit dans la transversalité des modèles à la fois techniques, économiques et sociétaux. Notre rôle à GEM comme pour toutes les parties prenantes du territoire est de jouer l’ouverture, l’expérimentation, le partenariat. De partager de bonnes pratiques pour avancer ensemble.
Chaque entité doit rencontrer, découvrir, bousculer puis imaginer, tester et construire pour éviter à tout prix de rester dans sa zone de confort, de compétences métier. De cette richesse dépend l’attractivité de nos territoires, GIANT en perpétuant à sa manière cette logique de transmission et de partage, représente la prochaine génération du modèle grenoblois.
Il aura fallu des figures de proue pour imposer cette vision, croire dans les prochaines révolutions, se faire confiance, défier l’immobilisme. Je voudrais citer Jean Therme (CEA), Paul Jacquet (Grenoble INP) et Thierry Grange (GEM) comme ces éclaireurs de l’avenir. Grenoble, pour elle-même et pour d’autres, je l’espère, montre un chemin tout à fait passionnant, ancré dans l’histoire et déjà loin devant
En savoir plus :
Qu’est-ce que le HIGH LEVEL FORUM. Deux jours de travail d’une richesse exceptionnelle pour cette récente édition à Tsukuba (Japon) :
Des conférences et tables rondes de très haut niveau, orientées valorisation et création de valeur socio-économique avec :
- Un prix Nobel 2014,
- Le nouveau patron de la robotique de Google X (super lab de Google).
- L’intervention d’un professeur de Philosophie sur les questions d’éthique,
- L’exemple d’une entreprise de robots exosquelettes (2 milliards $ de capitalisation), couple entrepreneur / chercheur parfait.
Des visites :
- Laboratoire « smart » sur le sommeil avec une approche ultra-transversale,
- Laboratoire sur le sport,
- Labo / plateforme sur les médias immersifs (le plus grand du Japon).
GIANT – « INFORMATION/ENERGY/HEALTH » en chiffres :
Aujourd’hui | Demain |
6000 chercheurs | Plus de 10 000 chercheurs |
5000 emplois industriels | Plus de 10 000 emplois industriels |
5000 étudiants | Plus de 10 000 étudiants |
300 habitants | Plus de 10 000 habitants |