Le blog de Jean-François FIORINA

Grandes Écoles : pourquoi tant de haine ?!

performance grandes ecoles

©Educpros

Alors que la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) publiait le 16 mars dernier, un sondage sur leur perception par les Français, force est de constater que malgré un accueil positif, les Grandes Ecoles ne sont pas reconnues à leur juste valeur par l’Etat. Au regard de leurs apports en termes d’image, de compétitivité et de croissance, pourquoi vit-on cette schizophrénie française ?

Un impact peu reconnu par l’Etat

En France, 8 de nos concitoyens sur 10 ont une opinion favorable des Grandes Ecoles. Un score encore plus élevé chez les recruteurs qui passe à 9 sur 10 d’opinions favorables (sondage CGE/SOFRES, mars 2016).

Prenons pour exemple ce que je connais le mieux, les écoles de management accréditées. Le World Economic Forum classe en 11e position mondiale les écoles françaises alors que le rang global de compétitivité du pays se situe à la 23e position. Une performance remarquable et reconnue volontiers par nos confrères anglo-saxons avec lesquels nous sommes en concurrence frontale ! (cf Financial Times European rankings)

Puisque les Français « votent » pour les Grandes Ecoles, pourquoi l’Etat ne s’intéresse-t-il pas plus à ce secteur ? Où est le malentendu ? A-t-on peur de revoir le modèle économique global de l’éducation ? Pourquoi l’Etat ne joue-t-il pas, plus fortement, son rôle en matière de reconnaissance des établissements du Supérieur alors que fleurissent nombre d’écoles médiocres ayant pignon sur rue (voir mon post à propos de l’argent dans l’éducation cf livre School Business) ? Une politique qui favorise tous les amalgames dans l’esprit public.

Querelles idéologiques

Une explication ? Le manque d’information et de curiosité, l’autocensure, des postures idéologiques qui figent le débat ? À l’heure de la mondialisation des échanges, des savoirs et des économies, toutes les composantes de l’Enseignement supérieur français ont intérêt à serrer les rangs, mutualiser leurs forces et s’internationaliser. Les querelles idéologiques n’ont plus cours dans une compétition mondialisée au risque de défavoriser non seulement les étudiants qui devaient être au cœur des préoccupations et le pays dans sa quête d’influence, d’attractivité et de croissance.

Une réalité démographique à anticiper

Selon les projections du ministère de l’Enseignement supérieur, les 10 prochaines années verront l’arrivée de plus de 300 000 nouveaux étudiants. L’ensemble des acteurs du Supérieur devra également prendre sa part. Les grandes écoles absorberaient selon la CGE 40% de ces effectifs. Un argument qui devrait faire également réfléchir.

Comment bien accueillir, bien former et favoriser l’entrée sur le marché du travail de cette population en croissance régulière dans une conjoncture économique contrainte ? Le risque est de voir partir nos meilleurs étudiants vers d’autres cieux faute de performance et de lisibilité du système. Comme je l’expliquais en fin d’entretien avec le directeur de l’agence Campus Com, certains pays/établissements offrent déjà des bourses aux meilleurs éléments qui couvrent à la fois les droits d’inscription et une partie des frais de subsistance ! L’éducation a un coût et c’est d’autant plus vrai que sa part immatérielle est facteur d’influence et de croissance dont les retombées dans un monde interconnecté sont exponentielles. De grandes marques universitaires internationales ont bien saisi l’enjeu depuis des décennies.

 

À noter :

Journée-débat organisée par la CGE. Jeudi 12 mai prochain, Paris

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : LES ATTENTES DE LA SOCIÉTÉ

Sont conviés étudiants, parents d’élèves, entreprises. Objectif : mieux informer sur le modèle Grandes Ecoles, échanger sur les thématiques de mixité sociale, de financement de l’enseignement supérieur, de performance des dispositifs de formation.

Programme.

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