Alors que l’Euro de foot entame sa deuxième semaine – juste après Roland-Garros – et avant deux « poids lourds » que sont le Tour de France et les JO de Rio, sans compter l’explosion du e-sport, l’actualité sportive occupe une large part de l’espace public. Je saisis cette occasion pour effectuer un tour d’horizon du sport dans les business schools et au-delà.Pourquoi et comment s’intéresser au sport dans une business school ?
Ce n’est pas seulement parce que je suis un lecteur quotidien de l’Equipe et que je garde un excellent souvenir de mes années de pratique sportive intense qu’il faut s’y pencher !
Je remarque qu’au-delà de l’engouement populaire et médiatique, un fort développement de ce secteur sur différents plans :
- Des écoles centrées sur cette unique thématique voient le jour. GEM s’est d’ailleurs engagée depuis longtemps à accompagner les sportifs de haut niveau du BTS au programme Grande Ecole avec l’institut Sport & Management (IS&M),
- Des étudiants admissibles nous en parlent régulièrement comme possibles débouchés professionnels,
- Des start-up et beaucoup d’innovations naissent en région tout comme à Paris, la ville souhaite devenir le leader mondial du secteur (Les Echos du 30/05/2016) et elle ne manque pas d’atouts puisqu’elle se situerait en 3e position pour son attractivité « innovation » après la Silicon Valley et Londres (étude toute récente Capgemini/Altimeter).
- C’est également une pratique, un élément de santé et de bien-être au travail à conforter.
Imposer le sport dans tous les cursus des business schools ?
Non. Ce serait restrictif voire discriminant. Je considère qu’il faut offrir un large panel d’activités – sans obliger l’étudiant – , centré sur ses envies et le développement personnel : activités artistiques, culturelles, sportives… L’objectif étant de lui permettre de découvrir une activité ou d’aller le plus loin possible dans son talent, sa passion, son projet et, s’il le souhaite, jusqu’au niveau d’excellence pour tutoyer ses propres limites.
Ce n’est pas toujours facile car nous ne connaissons pas forcément les talents de nos étudiants quand ils arrivent à l’école. Une piste à développer quand on connaît l’effet catalyseur que joue la passion personnelle dans une (future) activité professionnelle ou tout simplement dans son attitude !
De manière plus générale, le sport et l’alimentation jouent un rôle considérable dans la gestion du stress. Il sont considérés comme des facteurs essentiels de bien-être au travail ou de « santé au travail » comme l’expriment les Suisses. Avec, à la clé une baisse de l’absentéisme, de l’accidentalité, et des salariés plus en forme, généralement plus engagés, études à l’appui. C’est à la fois une hygiène de vie et un moteur de développement personnel. Cela s’applique également aux dirigeants, premier « moteur » des entreprises surtout quand elles sont de taille réduite. Ils sont souvent les plus exposés au risque lié au stress.
Le CNOSF et le MEDEF se sont penchés sur la question et la conclusion de l’étude qu’ils ont commanditée démontre une amélioration de la productivité d’un salarié sédentaire de 6 à 9% quand il se met à la pratique d’un sport…
Une start-up française, « Sport Heroes » fait même courir les salariés tout en les motivant par des actions caritatives qu’ils financent automatiquement selon les km parcourus ! Les entreprises adorent et apparemment les salariés aussi.
Proposer systématiquement une offre de formation dédiée aux sportifs ?
Oui. Les sportifs de haut niveau sont exigeants, talentueux, impliqués mais leurs rythmes de vie – entrainements et compétitions – en font des étudiants hors normes pour lesquels des programmes spécifiques sont nécessaires (enseignement à distance, coaching, présentiel adapté).
Pour nous, proposer une filière sportive de haut niveau, du BTS au programme Grande École participe de nos objectifs :
- Plus de diversité dans nos établissements : c’est une mission qui m’est chère, la force d’une école se construit aussi par la diversité de ses étudiants. Les sportifs de haut niveau sont une population à part entière à qui il faut proposer le même niveau d’excellence académique que leurs pairs. Et le partage de leurs expériences est très enrichissante.
- Valoriser tous les talents : il y a bien sûr une demande au sein des entreprises pour ces profils. Au-delà de la perspective d’un emploi, je considère que cet accompagnement est essentiel pour bien préparer et bien vivre cette « seconde vie » qui les attend. Je suis fier que GEM porte ces dispositifs avec son Institut du sport & management animé par François Leccia.
Le sport comme débouché professionnel à développer ?
Oui. Le potentiel est réel mais encore sous-exploité que ce soit dans les grands clubs sportifs pros mais également dans certaines disciplines émergentes ou les sports moins médiatisés que le foot, le rugby ou le cyclisme. Le champ des possibles est immense. Les pays Anglo-Saxons sont plus avancés en la matière.
Les business modèles sont à développer, à réinventer tout comme le parrainage/mécénat, les accords de partenariats y compris public/privé.
Il y a une attente à la fois de la part des étudiants comme je l’expliquais plus haut, ils verbalisent cette perspective de faire carrière dans le secteur du sport. Et les entreprises internationales sont à la recherche de professionnels hybrides du design, du marketing et de la vente.
Vers un écosystème français de start-ups « sportives » ?
La France deviendrait-elle le nouvel horizon de l’innovation sport/santé/bien-être ?
Les initiatives fusent tant à Paris qu’en région. En témoigne le nouveau positionnement du centre d’entrainement des sportifs de haut-niveau à Voiron en périphérie de Grenoble (ex-CREPS), dénommé Campus de La Brunerie, organisateur d’événements tels qu’Inosport, vitrine des dernières innovations sociales et technologiques, mais également plateforme de start-ups, et toujours lieu de formation et d’entraînement des sportifs. Nous n’en sommes qu’au début.
Pour conclure, clin d’œil à la géopolitique. Les réflexions dans le domaine sont denses, donneront-elles naissance à un Festival spécifique dans le domaine sportif ? Pascal Boniface, précurseur en la matière soulignait l’importance de la géopolitique du sport (et surtout du foot) en 2014.
Cette dimension géopolitique du sport transparaît à travers les affrontements de ce week-end à Marseille entre supporters russes et anglais. L’ambassadeur de France à Moscou est même convoqué à la suite des gardes-à-vues des fauteurs de troubles par les autorités françaises. Violence et domination s’expriment à travers ces groupes de supporters hyper violents. La Russie est également épinglée pour suspicion généralisée de dopage et tout particulièrement en athlétisme.
Au-delà du plaisir, de la joie de la pratique sportive ou de regarder des matches, les business schools ont une carte à jouer dans ce secteur d’activité au service de toutes ses parties prenantes que ce soit dans le cadre du développement personnel, de la pratique sportive, de la santé/bien-être ou du business pur.
N’est-ce pas une application concrète de notre devise : « School for business for society »
Bon courage à nos étudiants SHN – Sportifs de haut-niveau qui partent représenter la France aux JO de RIO ! Et passez donc voir le reportage sur Stade 2, dimanche 26, consacré à Romain Bardet, notre champion cycliste (se caler à 21mn).
Le management du sport est un secteur florissant et en constante évolution. Pour répondre à cette demande grandissante, de nombreuses formations se sont développées. Le vivier de start-up françaises y contribue de manière remarquable.