C’est fait. Le nouveau président de la République est élu. Cette longue et pénible campagne prend fin pour en démarrer une autre ! En espérant que le « Ni Ni » ne sera pas une nouvelle fois au rendez-vous de la campagne des législatives. Je veux dire, le Ni Enseignement supérieur/recherche (encore moins Grandes Ecoles), Ni Entrepreneuriat. Vivement que le pays se remette en mode « action » !
J’ai régulièrement souligné que deux enjeux essentiels pour le pays ont cruellement manqué dans les controverses de ces derniers mois : la place d’un enseignement supérieur fort et le développement de l’entrepreneuriat dans la stratégie de développement du pays. J’ai espéré que le débat télévisé de l’entre deux tours serait l’ultime occasion, mais rien, pas un mot, même pas d’invectives sur ces sujets ! Et pourtant !
Aucune vision sur ces deux thèmes que je considère stratégiques et parfaitement complémentaires. Des thèmes porteurs d’avenir, de création de valeur, clés du développement d’une nouvelle politique industrielle et de croissance qui a été capable, il y a plus de 40 ans, de faire émerger des leaders mondiaux tels qu’AIRBUS dans l’aéronautique.
Réussites industrielles et technologiques dont nous manquons cruellement pour faire redécoller le pays et l’Europe. Alors que nous sommes dominés par ce que nous appelons les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), comment se fait-il que nous ne soyons plus en capacité de lancer ou simplement de conserver nos champions du numérique ? Nous sommes dans une forme de déni de la réalité alors que nous disposons d’atouts que de nombreux pays nous envient. Je pense entre autres à nos domaines d’excellence internationale comme les sciences mathématiques, le développement informatique, la 3D ou les sciences de gestion et de management.
Le renouveau industriel passera par la formation d’hommes et de femmes aux compétences opérationnelles avérées, couplée à une recherche de pointe que seul l’enseignement supérieur, ses grandes écoles, la recherche, l’esprit d’entreprise pourront faire redémarrer. Grenoble et son écosystème comme d’autres métropoles en France et en Europe en sont les témoins historiques. Quand les acteurs communiquent et portent des objectifs communs, tout est possible.
Il n’est pas trop tard ! À condition que nous ne réduisions pas l’éducation à une discussion technique ou de gestion de moyens. Quelle mission, quelle vision nous animent ? Quelle école du futur construisons-nous ? Comment faire pour que l’enseignement supérieur et la recherche (re)deviennent des éléments clés d’influence et de soft power internationaux, de renouvellement des élites, de développement industriel ?
Ne réduisons pas le débat à la question de la modification de l’algorithme d’APB (Admission Post-Bac) ou du tirage au sort des étudiants, vrais sujets mais dont l’omni présence relève du symptôme plutôt que de la maladie qui les a entrainés.
Même interrogation pour l’entrepreneuriat, où en sommes-nous ? Comment donner envie aux plus jeunes, comment simplifier les dispositifs d’aide et d’accompagnement des entrepreneurs, comment mieux les diffuser auprès des bonnes cibles et sur des marchés porteurs ? Comment enfin rapprocher l’école de l’entreprise ? Comment développer l’apprentissage alors que sous nos yeux, en Europe, ceux qui l’ont réussi – Allemagne, Autriche, Pays-Bas – ont endigué leur chômage de masse ?
Je conclue sur la mondialisation qui fait tant couler d’encre. C’est un fait. Nous devons la comprendre, la faire comprendre, apprendre à en tirer parti. Comme si nous pouvions interdire à ceux qui nous achètent nos produits et services, de ne pas nous en vendre ! L’exemple de la construction du C 919 le nouvel avion de ligne chinois est patent. Il démontre la complexité de la mondialisation avec cette illustration du journal Les Echos, où nombre de parties sont construites avec l’implication des Américains et des Européens.
Je suis sûr que le renforcement de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de l’esprit d’entreprise nous aidera à faire de la France dans une Europe de grands projets, un acteur majeur de la mondialisation au bénéfice de tous. Encore faut-il que le « ni Enseignement supérieur ni Entrepreneuriat» décrit plus haut ne soit pas, une fois de plus, la grande « vedette » des 3ème et 4ème tours de cette élection présidentielle !