Patrick Fauconnier, fondateur du journal Challenges et ancien journaliste à l’Obs, revient sur les grandes mutations du monde de l’enseignement supérieur qu’il a pu repérer en tant que fin connaisseur du système. Dans son livre, « Université : Innover ou sombrer », il porte un constat sombre sur une université déclassée à l’international, et en interne par les grandes écoles, délaissée par des dirigeants qui ne l’ont pas fréquentée et minée par l’individualisme des universitaires. La clé de la réforme passe par une mutualisation des établissements, une acceptation de la sélection et une revalorisation de l’université notamment dans ses composantes professionnelles, à l’image de Paris-Saclay qui pourrait être un modèle précurseur.
Jean-François FORINA : Pourquoi cette idée de livre et ce titre, « Innover ou sombrer » ?
Patrick Fauconnier : En quittant l’Obs, j’ai eu l’impression que je n’avais pas eu l’occasion de dire ou de développer certaines idées. En particulier, un point qui me travaillait beaucoup, qui est la conséquence culturelle de la dualité de notre enseignement supérieur, avec d’un côté, les grandes écoles et, de l’autre, l’université. Ailleurs dans le monde, les grandes écoles sont une composante de l’université et le jeune qui a fini son secondaire n’a pas à s’orienter vers deux silos différents.
Chez nous, à cause de notre système de sélection par les maths, tout se passe comme si le lycéen savait dès son cursus secondaire qu’il y a deux voies, une pour les « cracks », qui vont être choyés et coachés, à travers ce qu’on appelle la « voie royale », celle du bac S, et une pour les autres, qui vont devoir s’orienter à l’aveuglette. Cette séparation n’est pas opérée aussi drastiquement à l’étranger : tout le monde va à l’université, via diverses portes d’entrée. Je pense que ce système dual génère dans le secondaire une atmosphère fiévreuse et souvent conflictuelle qui nuit à la qualité de l’enseignement ; et qui crée de l’hystérie chez les familles, car dès le primaire quasiment il faut être dans la bonne voie, la « fast lane », la voie rapide.
Deuxièmement, il y a cette coupure avec les meilleurs éléments qui vont dans les grandes écoles et jusqu’à un passé récent, ne faisaient pas de recherche ; et l’université qui elle se flatte d’être très en pointe sur la recherche, mais qui pourtant n’accueille pas les meilleurs élèves. C’est donc un peu aberrant comme système, et je me suis dit que j’allais suggérer dans ce livre une voie de rapprochement pour ces deux univers, pour améliorer notre rayonnement scientifique.
À partir du moment où on a donné l’autonomie aux universités, elles commencent à avoir une gestion beaucoup plus saine. Jusqu’à présent, je comprends que les écoles ne voulaient pas se fondre dans l’université, dans la mesure où celles-ci étaient sous tutelle étroite du ministère et étaient notoirement très mal gérées. Je pense qu’elles vont s’acheminer vers une mode de gestion plus proche des grandes écoles comme à Toulouse et sa TSE – Toulouse School of Economics, à Dauphine ou à l’université de technologie de Troyes. Elles ont des résultats excellents.
Qui supposent une sélection en amont…
Je le mentionne dans le livre : on ne pourra éviter ni la sélection à l’entrée ni l’augmentation des frais de scolarité. J’analyse comment ces deux univers — écoles et universités — ont divergé, à partir de l’époque napoléonienne, et surtout au XXème siècle. Cela a abouti à deux standards très différents : des grandes écoles qui sont très proches des normes internationales, et les universités qui en sont loin. Comme l’indique mon sous-titre : aucune université dans le top 100 du Times Higher Education, excepté une entrée depuis, grâce à l’alliance PSL – Paris Sciences & Lettres. Mais cela reste encore très faible. Et de voir que les Anglais ont deux universités dans les 10 premiers (Cambridge et Oxford), c’est vraiment vexant pour nous Français qui nous flattons d’une tradition culturelle intense.
Le premier titre du livre que j’avais proposé à l’éditeur était « Pourquoi il n’y a pas Cambridge en France ». Il a trouvé que c’était compliqué, mais c’est le propos du livre. Et j’aboutis à l’idée qu’il faut sélectionner à l’université. Ce n’est pas un très gros problème parce que les universitaires eux-mêmes le réclament comme l’écrit dans son livre « Refonder l’université », l’influent professeur Olivier Beaud de Paris 2. Les professeurs qui ont des doctorats et des HDR – Habilitation à Diriger des Recherches — sont ulcérés de voir arriver en première année des étudiants qui ne savent pas écrire correctement et ne sont pas préparés à des études universitaires longues.
Donc le principe d’accès pour tous à l’université doit être abandonné ?
Je pense qu’il faut maintenir l’accès pour tous à l’université, mais les pouvoirs publics ont raison de suggérer l’idée de prérequis. En effet, il serait logique qu’il y ait un lien entre la filière suivie au lycée et la suite des études, quand on sait que nous avons 100 variétés différentes de baccalauréat ! Outre les 3 bacs généraux, il y a 8 spécialités de bacs technologiques et 89 spécialités de bacs professionnels.
Certes, il faut reconnaître le droit à l’erreur. Un gosse orienté en filière techno ou pro doit pouvoir dire « finalement, je voudrais changer de spécialité ». On avait prévu les IUT pour les bacs technos. Mais ces IUT sont trustés à 66 % par les bacs généraux. Ils s’en servent même de prépas pour rentrer dans les écoles de commerce ou d’ingénieur. Du coup les technos se sont rabattus sur les BTS. Ou la fac ; mais là ils y échouent en masse. Et c’est bien pire pour les bacs pro qui y échouent à 93%. On peut donc comprendre que les profs à HDR voudraient trouver en face d’eux des jeunes qui sont là parce qu’il y a une logique dans le choix de leur cursus.
C’est aussi un gâchis humain pour des gamins qui vont à l’abattoir, et vont totalement décrocher sans préparation ni projet de vie.
Tout à fait. Cela auto-entretient la mauvaise réputation de l’université dont on dit que la moitié des étudiants qui y rentrent échouent dès la première année. Ce n’est pas la faute de l’université, qui manque tragiquement de moyens pour améliorer son premier cycle et qui peut légitimement réclamer une meilleure orientation des candidats.
Je suis toujours surpris de voir que ces constats sont faits depuis plusieurs années, mais que personne ne franchisse le pas.
Dans mon livre, je suis un peu sévère avec les universitaires que je taxe d’un individualisme chronique. Si l’université est dans cet état, c’est aussi parce que les universitaires n’ont jamais su correctement se battre pour obtenir plus d’égards des pouvoirs publics, qui ont eu beau jeu de diviser pour mieux régner, entre disciplines et individualités…
Même si en 68, Edgar Faure a recréé les universités pour amoindrir les coupures entre disciplines, l’approche facultaire et disciplinaire a continué à prévaloir, alimentant autant d’esprit de chapelles. Et là où il y avait à Montpellier la fac de médecine, de sciences et de lettres, il y a eu à la place Montpellier 1, 2 et 3. Ainsi cet univers est resté extrêmement divisé, ce qui l’a affaibli face aux pouvoirs publics. Je prétends que les dirigeants de ce pays, issus des grandes écoles, n’ont pas eu d’intérêt pour l’université et l’ont laissé péricliter dans un état de misère terrible, lui refusant longtemps l’autonomie, la dirigeant de façon extrêmement centralisée depuis le ministère, obligeant les présidents de facs à aller quémander chaque année leurs subsides de façon un peu humiliante.
Est-ce qu’on ne serait pas tombé dans un système à plusieurs vitesses avec des facs inégales sur le territoire en cas de décentralisation ?
Je pense qu’il est inévitable qu’il y ait des universités plus axées sur les masters et la recherche d’une part, et d’autres plus dévolues à l’effort sur les premiers cycles Je préconise dans mon livre un système à l’américaine proche des bachelors undergraguate, c’est à dire un premier cycle ouvrant aussi bien sur le marché de l’emploi que sur la poursuite d’études pour les meilleurs. Ce qui signifie qu’il y a une révolution à entreprendre pour aboutir à deux corps d’enseignants, un sur le premier cycle, pas forcément de niveau HDR et docteur, et un autre correspondant à nos actuels enseignants chercheurs collant aux meilleurs standards internationaux. Notons que ce distinguo existe déjà avec les ATER et les PRAG…
Oui, mais c’est de la variable d’ajustement… et de l’exploitation.
Certes ! Il faut les valoriser, que ces profs de premier cycle soient beaucoup moins précaires que des ATER notamment. En réalité, l’existence de deux catégories d’universités, nous y sommes déjà dans les faits. Le nombre de docteurs formés varie de 1 à 10, sinon plus, au sein de nos universités de tailles très différentes. Ceci dit, une petite université peut très bien aussi décider de devenir une université de recherche.
Cela supposerait donc que chaque université définisse sa fonction… une révolution idéologique majeure !
Absolument, et je crois que les esprits sont prêts, comme cela se voit dans les réactions des étudiants par rapport à l’idée de sélection. J’ai été frappé par le fait que l’UNEF a été dépassé pour la première fois cette année par un syndicat réformiste. Les étudiants de la génération start up veulent une université qui les fasse réussir. Ce sont des changements dont il faut tenir compte.
Actuellement, les meilleurs partent à l’étranger. Est-ce qu’il faut y voir une menace pour les prépas, pour les grandes écoles ? Actuellement, un excellent étudiant va dans une grande prépa parce qu’il sait qu’il aura une bonne école, une Parisienne. La catégorie juste en dessous hésite entre les bachelors, les prépas et l’étranger. J’ai entendu parler de 1000 bacheliers mention très bien à l’EPFL…
Il faut absolument contrer cela. Je parle un peu du départ des jeunes dans mon livre, c’est un des défis qui obligent à avancer pour rendre nos facs attractives. Et je me réjouis de voir enfin une ministre qui connaît le sujet, qui vient du sérail. C’est quand même très particulier, la géopolitique universitaire. Vous le savez, vous qui à Grenoble avez eu à travailler avec les universités dans le cadre du regroupement ! Pour citer les relations de Thierry Grange avec les universitaires, il me disait qu’il s’entendait très bien en tête-à-tête avec eux et avait conclu nombre de partenariats, mais dès qu’ils étaient 100 ou 150, ils reprenaient leurs tropismes faits de préventions à l’égard des écoles de commerce.
C’est toujours ce qui m’a frappé. Nous avons mis en place des doubles diplômes avec les facultés de lettres et d’histoire. La relation bilatérale était parfaite, mais les mêmes individus en réunion vont se mettre dans des postures politiques ou idéologiques.
C’est dramatique. Je parle de Grenoble dans le livre et mais aussi du cas de Saclay qui est emblématique… Récemment à Nantes il y a eu échec du projet de fusion de Centrale Nantes avec l’université…
C’est malheureux qu’actuellement un jeune issu du lycée ait devant lui 3 ou 4 filières de premier cycle : BTS, prépa, IUT, Licence professionnelle… Si on mutualisait les moyens investis dans ces filières, nous pourrions offrir un choix d’orientation bien plus clair. Pourquoi cette séparation BTS/IUT ? C’est une séparation pour une question de statuts parce que le BTS est un prolongement du lycée. Ces compartimentages n’ont plus lieu d’être.
Quid de la 3ème année, l’année supplémentaire post IUT/BTS/prépa qui est peut-être à imaginer…
Je pense qu’il la faut, car la première année de ce cycle-là doit presque ressembler à une année de propédeutique… le rétablissement en somme d’un vieux standard qui avait bien marché : une année pendant laquelle le jeune acquiert la façon de travailler à l’université, et où il peut goûter à plusieurs domaines pour éventuellement s’orienter ensuite.
Ce qui suppose donc de la transdisciplinarité, et un corps enseignant préparé à cela, et peut-être également d’autres aspects de préparation à ces études et de pédagogie mais qui supposent là aussi que les profs soient prêts et formés ainsi, qu’on leur explique qu’il y a d’autres débouchés possibles que la recherche.
Là il s’agit d’un changement très lourd par rapport à notre tradition élitiste axée sur l’Agreg et le Doctorat, mais enfin si cela existe et fonctionne très bien dans d’autres pays, pourquoi n’y arriverions-nous pas ?
Du côté grandes écoles, j’ai organisé un colloque sur l’innovation pédagogique qui m’a surpris par son affluence, et sa conclusion qu’il n’y avait pas que la recherche dans la vie ! Et aussi une prise de conscience sur ces nouvelles méthodes pédagogiques qui nécessitent des investissements colossaux, des équipes pluridisciplinaires, des non-académiques et des techniciens en appui, de nouveaux espaces…
Actuellement, en caricaturant un peu, un prof qui innove sacrifie son Nobel. D’où l’idée comme vous l’avez dit d’un corps d’enseignants composé de différents types de métiers, avec des spécialistes de la recherche, d’autres de la pédagogie, et évidemment un tronc commun de formation. Tout devra se faire sur une mutualisation et une collaboration entre établissements.
Ce qui veut dire aussi qu’il faudra changer la façon d’évaluer les enseignants pour leur avancement de carrière… Après tout, le « savoir enseigner » mériterait peut-être aussi d’être pris en considération !
Tout à fait. Maintenant, ce sont des thèmes qui apparaissent, nous en parlons… mais est-ce que chacun sera prêt à le faire ? Je ne sais pas… Peut-être que tout est possible avec Macron…
Je voudrais également votre réaction sur un fait qui m’a beaucoup étonné, cette absence de réaction forte quand on parle de tirage au sort pour sélectionner.
Encore, une fois, je pense que la sélection va rentrer dans les mœurs, par les prérequis, entre autres. Pour les tirages au sort, il y a eu une levée de boucliers de tous les côtés. Ils n’y seront plus l’année prochaine.
D’accord. Quelle a été la réaction des universitaires à la sortie de votre livre ?
Plutôt un bon accueil ! J’ai eu écho d’un universitaire, syndicaliste, qui dit l’avoir trouvé très intéressant. J’ai eu l’honneur d’avoir deux lecteurs importants qui sont Bernard Belloc et Thierry Coulhon, qui avaient l’un et l’autre consulté des extraits avant publication. Même si ces derniers n’étaient pas d’accord sur tous les points, ils ont tous deux saisi que le fond du livre était de dire qu’il fallait rétablir la fierté universitaire, de tous les corps confondus. C’est un objectif quasi patriotique ! Il s’agit de revaloriser la vitrine scientifique de la France, qui ne rayonne pas suffisamment. Les grandes écoles rayonnent, c’est vrai, mais restent quand même peu connues à l’étranger, hormis les écoles de management cotées dans le Financial Times.
Mais avec néanmoins un palier ! Et nous avons d’ailleurs besoin d’une université forte.
C’est vrai ! Quand je vois ce qui se passe à Grenoble avec la création de GIANT, je me suis dit qu’il était terrible de devoir construire des structures de coopération parallèles à l’université, alors que Grenoble a une des concentrations scientifiques les plus puissantes de France, et un rayonnement qui devrait être international. Le nom de Grenoble en tant que tel devrait regrouper la Business School, les trois universités, la recherche de pointe…
On entre ici dans une bataille d’influence. L’objectif est bien d’attirer la recherche et d’éviter qu’elle ne parte à l’étranger. Nous avons également de nouveaux acteurs qui apparaissent, notamment l’Asie et surtout la Chine, avec des formations de très bonne qualité. Ces basculements géopolitiques sont à anticiper : il y a plus d’étudiants en Asie que dans le reste du monde, il y a une notion d’ascension sociale forte, avec une composante de fierté. L’accès aux études et à l’enseignement supérieur est vraiment encore vu en Asie comme une ascension sociale.
Nous sommes face à des défis vraiment lourds. Je suis plutôt optimiste de l’arrivée d’une nouvelle équipe. Encore une fois, dans ce livre je me suis attaché à faire un retour historique, en remontant jusqu’à Mendès-France. Je trouve que les différents dirigeants du pays depuis 70 ans se sont coupablement désintéressés de l’université, n’ont pas réalisé que c’était une composante du rayonnement scientifique. Il y a eu une coupure en trois : grandes écoles, universités et grands organismes (CNRS, INRIA, etc…).
Il manquera un continuum, ce process permanent visant à mettre sous un « même toit », dans une même ville, recherche, industrie et enseignement supérieur, valorisation, création d’entreprises… Élément d’optimisme : il y a un ministre de l’Education nationale qui connaît ce fonctionnement, et qui pourrait impulser ce continuum, l’orientation étant également un très grand défi.
J’ai voulu terminer par une belle histoire, celle de l’IDEX de Nice, qui s’est faite par une alliance très étroite entre une école de commerce, Skema, et l’université de Nice. Elles se sont bien entendues, ont été pragmatiques, et ont décroché l’IDEX alors que Toulouse et Paris avaient échoué lors de cette étape. Donc espérons que cette façon de bien coopérer entre écoles et universités puisse servir de leçon !
Deux dernières questions : que retenez-vous des récentes évolutions de l’enseignement supérieur ?
Je déplore que les licences professionnelles, qui n’ont pas encore pu créer leurs réputations, ne captent malheureusement qu’un étudiant sur quatre, alors que l’idée me paraît superbe. C’est une des nombreuses initiatives heureuses d’Allègre ! On peut citer aussi Campus France qui a été une très bonne bonne chose car les universités ne savaient pas se faire valoir à l’étranger. Le nombre d’étudiants en mobilité internationale ne cesse de croître. Hélas nous captons proportionnellement une part moins grande de ce gâteau qu’avant, même si nous avons doublé notre quota d’étudiants étrangers, en grande partie grâce aux grandes écoles.
Je salue aussi l’explosion des écoles de management. Elles concourent énormément au rayonnement international de la France. Elles sont si bien monté qu’on a vu les Anglo-saxons un peu modifier les critères de leur palmarès pour corriger cela… Au début du livre, je fais remarquer que chez les Anglo-saxons, les universités sont un élément clé du soft power, ce qui n’est pas le cas chez nous. Chez les Allemands, Néerlandais, Autrichiens, Danois, elles excellent dans le professionnel. La nôtre n’est bonne ni dans l’un ni dans l’autre de ces deux domaines.
Pour répondre à votre question donc, il faut saluer : l’internationalisation, les licences professionnelles, le fait que l’université accepte de mesurer l’insertion, et que la mission d’insertion soit rentrée dans la loi de 2007, avec des grilles qui vont nous permettre de comparer écoles et universités.
Vous avez prévu une suite pour ce livre ?
A priori non, j’ai le sentiment d’avoir exprimé ici tout ce que j’avais sur le coeur, blessé par le déficit de soft power et d’influence de notre enseignement supérieur. J’ai quitté mon travail à l’Obs pénétré par l’idée que notre université n’a pas à l’international le renom qui devrait être le sien dans un pays disposant des moyens qui sont les nôtres. Comment se satisfaire que dans le très influent classement du Times, en 2016, il y avait huit universités hollandaises dans le top 100 et pas une seule française ?
Je suis donc sévère envers les universitaires que j’accuse d’un individualisme forcené et d’une incapacité à se fédérer pour faire pression sur les pouvoirs publics pour avoir les moyens d’une vraie ambition. Ces derniers en ont profité pour délaisser l’université, les grandes écoles semblant suffire à alimenter les besoins en dirigeants de grandes entreprises, et en personnel politique et administratif. Des gens comme Chirac détestaient l’université. Et, comme lui, beaucoup de nos énarques, en particulier ceux de Bercy, ont méprisé notre enseignement supérieur et notre recherche, surtout depuis 68.
« Les professeurs qui ont des doctorats et des HDR – Habilitation à Diriger des Recherches — sont ulcérés de voir arriver en première année des étudiants qui ne savent pas écrire correctement et ne sont pas préparés à des études universitaires longues. »… Peut être pas tant que ça… ces « brillants » professeurs bardés de HDR, de plus en plus souvent, sont loin d’être tous capables de s’exprimer correctement par écrit et par oral et a fortiori de produire un enseignement efficace, et le limitent parfois au petit bout de la lorgnette, raconter leur activité de recherche.
Cet état de fait participe au fait de faire de l’université un repoussoir.