EDUCAUSE est apparu dans mes radars il y a 3 ans. Jusqu’à présent, je n’avais pu me libérer pour m’y rendre. C’est l’un des salons incontournables pour qui s’intéresse à l’école du futur, très orienté enseignement supérieur & IT (information Technology). Un espace gigantesque qui combine différentes activités, chacune ayant un coût spécifique pour le visiteur. L’investissement étant élevé, j’ai privilégié la rencontre avec les exposants et je dois avouer que je n’ai pas été déçu de cette 1ère expérience !
Tout ce que la technologie a apporté et va (encore) apporter au monde de l’enseignement supérieur est à portée de main ! C’est d’ailleurs à se demander comment nous faisions avant ! Il y a bien évidemment beaucoup à dire. J’ai choisi de faire un bilan autour de quelques axes qui sont également au centre des préoccupations de GEM (et de toute autre b-school française). Ce rapport d’étonnement se base sur les discussions que j’ai eues avec les différents exposants, les démos, les quelques work-shops et les plaquettes. Je cite quelques entreprises mais attention, cela n’a pas valeur de caution. Il s’agit simplement de montrer l’éventail des choix des possibles dans cette école du futur !
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1ère constatation : la notion de campus connecté, campus cognitif (expression d’IBM) et de tout son écosystème : cloud, sécurité (on peut le comprendre avec les tragédies des fusillades), cybersécurité avec de nombreux stands dédiés à cette thématique peu évidente à appréhender dans le monde de l’éducation…
Le management des données est également une préoccupation si j’en juge par le grand nombre de stands proposant des solutions. Quelques stands également sur la « traçabilité ». Attention, beaucoup de questions juridiques vont se poser dans les années à venir concernant cette gestion des données. Qui en sera propriétaire, qu’est-ce que l’on pourra en faire et (surtout) les étudiants vont-ils autoriser leur usage ?
Un cas très précis avec la traçabilité des étudiants (là aussi différents stands) : les étudiants ont l’habitude de s’inscrire à des événements ou des activités para-pédagogiques mais tous ne viennent pas (sauf bien sûr à GEM !). Comment contrôler et sanctionner les absences ? Des sujets que nous devrons aborder avec nos étudiants lors des séminaires de rentrée (dans lesquels il y a déjà beaucoup d’infos à transmettre) et des discussions complexes, surtout pour une école comme GEM qui opère dans le monde entier avec des étudiants de différentes nationalités.
Le recrutement et sa gestion. On le sait, c’est la base du système et malgré la massification de l’enseignement supérieur, la concurrence est intense pour attirer les meilleurs talents. C’est peut-être là un axe de progrès car la technologie et le numérique vont permettre de monter en gamme dans la gestion du process. Cette pub de la société Element451 illustre bien cette complexification et diversification des tâches.
Quoi qu’il en soit, la notion d’Educational intelligence va se développer dans les années à venir avec une multiplicité d’applications et d’usages :
SIS – Student Information System pour le dossier de l’étudiant
LMS – Learning Managing System, plate-forme d’apprentissage
HCM – Human Capital Management pour toute la partie de la relation étudiant / entreprise et le développement de l’employabilité des étudiants
CRM – Customer Relationship Management pour le suivi des prospects étudiants et la relation de l’établissement avec ses stakeholders et « FS » à destination de publics spécifiques.
C’est une pelote de laine qui se déroule… chaque fois qu’on pense avoir terminé, ça continue.
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2ème constatation : l’étudiant (re)vient au centre du système et tout est fait pour qu’il réussisse. J’ai été frappé par le nombre de stands affichant l’expression student sucess. C’est l’étudiant qui est ciblé et non la promo ou la classe.
Les termes student centered et active learning sont également très présents dans la communication
D’où la nécessité d’avoir des SI performants pour pouvoir suivre le cycle de vie étudiants.
Schéma de cette société (plus haut) est très explicite.
D’où la notion, là aussi souvent évoquée d’expérience étudiante (pour rappel immodeste, j’ai évoqué cette notion dans un post daté de 2015). Cette expérience va très loin, quasiment jusqu’à l’interaction avec les réseaux sociaux comme le montre cette très créative infographie.
Elle prend en compte un grand nombre d’activités pédagogiques, para-pédagogiques ou autres tant au sein de l’établissement qu’à l’extérieur. Elle est complémentaire de la notion d’engagement, là aussi vu et entendu à de nombreuses reprises. Bien évidemment, le tout ne peut se faire qu’à l’aide de learning analytics.
Cela suppose d’avoir des SI performants pour pouvoir suivre le cycle de vie des étudiants.
Schéma de cette société est très explicite. Il montre tous les défis que nous devons relever, en particulier la communication avec les étudiants.
Les assistants vocaux et autres chatbots seront peut-être l’une des réponses possibles. J’ai bien aimé la présentation faite du projet Alexa développé par Saint Joseph University (1) et du principe multimodal – not voice only, but potentially voice first.
Quoi qu’il en soit, notre défi est de tout regrouper sur une seule plate-forme que l’étudiant pourra consulter avec son smartphone, tablette ou ordi.
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3ème constat : l’importance de la vidéo comme outil de formation, de relation avec le prof (et vice versa) ou avec l’école (ou l’université).
J’ai même remarqué une solution de vidéo interactive pour animer sa classe. La vidéo peut être également le moyen d’enseigner à une salle de classe « éclatée » dans le monde entier. J’ai également apprécié la solution qui permet au prof d’enregistrer et de diffuser son cours en direct à tous ces étudiants. Permet à tout étudiant de suivre le même cours où qu’il soit, qu’il soit disponible ou pas. Avec ce système, les étudiants n’auront plus à faire preuve de créativité pour inventer des excuses d’absences en cours 😉
Plus compliqué cependant au vu de l’évolution des cours et de la généralisation de la classe inversée.
3 coups de cœur
- Le premier pour ce tableau interactif proposé par la société Nureva qui permet à des étudiants – là aussi qu’ils soient présents physiquement ou pas en classe — d’intervenir. Très pratique pour toute classe de design thinking , créativité, innovation, création de produit ou de ……. géopolitique.
- Le deuxième : déjà évoqué mais c’est l’utilisation d’Alexa par l’université Saint-Louis comme solution de réponse aux questions que se posent les questions concernant leur scolarité ou leur vie sur le campus.
- 3ème coup de cœur pour ce lab de cybersécurité commercialisé par Cyberbit qui permet de mettre les étudiants en situation réelle. Au vu des menaces que représentent les cyber attaques, peut-être que ce type de lab deviendra obligatoire dans tous les établissements d’enseignement supérieur ?
EDUCAUSE : Quelques déceptions…
- Peu de stands ciblant le monde académique. Est-ce à dire que les profs n’ont pas besoin de la techno ou alors ne constituent-ils pas une cible pour les éditeurs de solutions ?
- Surpris aussi de n’avoir quasiment pas vu de solutions pour la gestion des alumni. Les Américains ayant déjà une forte expertise dans ce domaine, pas utile de développer ?
- Peu d’offres innovantes sur les évaluations et leur gestion (cf la saison 2 de notre Ed-tech factory. Tout comme également la blockchain (car inclus dans les solutions proposées par les grands éditeurs ?)
- Trop peu de Ed-techs alors que ce marché est en plein expansion aux USA.
Vous l’avez compris avec ces quelques exemples, une visite qui m’a enthousiasmé et donné des idées. Elle pose néanmoins quelques questions que je développerai la semaine prochaine.
À suivre …