L’année 2018 s’est achevée sur le débat quelquefois houleux de la réforme du BAC qui sera effective dès la rentrée prochaine… C’est une bonne idée que de vouloir changer les choses mais gardons en tête l’objectif : maximiser l’acquisition des compétences et la diversité des matières pour nos enfants. Mes interrogations et mes inquiétudes sur les conséquences de cette réforme du baccalauréat — Institution et marqueur — s’il en est dans la conscience collective et l’opinion françaises, depuis sa création en 1808 par Napoléon. (Voir lien vers son histoire et ses principales évolutions en fin de post).
- Orientation (trop) précoce.
Les Établissements du supérieur doivent se positionner clairement sur leurs attentes vis-à-vis des candidats. Ce qui fait naturellement remonter la sélection dans le temps. Je trouve cela aberrant de demander à des enfants de 15/16 ans de faire leur choix ou de leur annoncer que c’est — déjà — trop tard ! Les risque d’aggraver les inégalités est fort : ceux dont les familles seront capables d’expliquer, de se projeter, de collecter les bonnes informations et les autres. Cela suppose une réforme totale de l’orientation, autre chantier prioritaire voire ultra-prioritaire
2. Le retour des mathématiques comme juge de paix.
Si la disparition des filières est une bonne chose parce qu’elle permet de réintroduire une notion d’égalité, ce retour aura pour effet secondaire d’accentuer une forte demande sur les maths. Au final, pour les formations les plus sélectives, les maths seront remises au goût du jour. Un paradoxe qui risque encore d’aggraver le différentiel entre les filières sélectives ou non.
3. Classes préparatoires : vers la fusion des filières ES et EC, d’après ce que je peux entendre. Ce qui serait une catastrophe pour cette filière. Tous les acteurs en sont conscients (APHEC, Chapitre) et des réunions sont programmées pour faire des propositions.
4. Inégalités géographiques. Dans les grandes villes où les lycées vont pouvoir proposer l’ensemble des options ou en inter-établissements, pas de problème. Par contre, la question se pose pour les lycées éloignés des villes centres qui n’auront peut-être pas les moyens d’offrir toutes ces options. Laissant donc de côté certains enfants dans des difficultés liées au transport, au logement, donc aux moyens financiers dont disposent leur famille.
La réforme du bac pour les business schools
Pour nous business schools (BS), l’idée est bonne — et serait encore meilleure, petit clin d’œil — avec une spécialisation géopolitique !
Quelques réflexions néanmoins !
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- Menace :
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La fusion des filières EC et ES entraineraient ipso facto une diminution du nombre d’étudiants en prépa, augmentant encore plus la concurrence entre écoles. Au vu des places offertes par les écoles du top, certaines risqueraient de se retrouver en difficulté avec un impact non négligeable sur leur business-modèle. Par ailleurs, cela risque de développer un cercle vicieux. Moins de candidats rendant la filière encore moins attractive. Cela va être dommage de se priver en prépa de candidats à fort potentiel et contraint d’aller dans des filières qui ne les intéressent pas forcément.
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- Une nécessité de communiquer sur les profils que nous attendons à l’entrée des écoles et notamment les choix d’options.
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Ce sont des choses qui vont arriver très vite dès le mois de mars. Nous risquons d’être acteur, complice, victime et accélérateur de ce que je viens de dénoncer… Un peu kafkaien comme on le sait nous souhaitons des profils de plus en plus variés mais qui devront prendre en compte l’ensemble des options proposées par les lycées (sans compter ceux qui n’auront pas trop le choix dans l’offre d’options proposées par leur lycée). Nous allons peut-être aller vers une segmentation de notre portefeuille de programmes en fonction des parcours des lycéens.
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- Et bien évidemment une réforme des contenus de nos programmes.
- Réforme du concours d’admission aux écoles.Immanquablement, il faudra que nous réformions les concours pour les adapter aux nouveaux contenus du BAC.
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C’est un exemple typique de la mission d’un directeur de grande école : entre management, stratégie et pilotage d’établissement !
Pour conclure, il faut que tout le monde accepte de se mettre autour de la table, quels que soient ses obédiences, dogmes ou rattachements afin d’assurer une visibilité optimale pour l’ensemble des familles.
Affaire à suivre…
En savoir plus sur le baccalauréat et son histoire.
C’est le décret organique du 17 mars 1808 qui crée le baccalauréat. Les candidats
doivent être âgés d’au moins 16 ans et l’examen ne comporte que des épreuves
orales portant sur des auteurs grecs et latins, sur la rhétorique, l’histoire, la
géographie et la philosophie. Les premiers bacheliers sont au nombre de 31.
Julie Daubié sera la première bachelière en 1861.
Ce diplôme, qui a la double particularité de sanctionner la fin des études
secondaires et d’ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur (le baccalauréat est le
premier grade universitaire), va se démocratiser au fil du temps : en 1880, à peine
1 % d’une classe d’âge obtient le baccalauréat !