Actualité internationale très forte, entre éléments d’attraction, de soft-power, environnement économique et interventions voire ingérences étatiques. Rapide tour d’horizon en ce début d’année 2019 de l’Enseignement supérieur qui malgré de fortes turbulences reste un vrai secteur d’opportunités et d’enjeux comme on peut le voir en ce moment avec les nombreux articles consacrés au développement du campus parisien de l’Université de Chicago (voir plus bas).
Dans cette logique de mondialisation de l’enseignement supérieur, les réalités sont contrastées et l’influence de la sphère du politique interagit de plus en plus avec celle de l’Enseignement supérieur. Un vrai problème et un vrai questionnement avec, d’une part, la mise en danger de la liberté académique ; les manquements de l’Etat, d’autre part, dans son rôle de régulateur du marché pour éviter le développement de formations de mauvaise qualité ; et enfin, les mésaventures arrivées à un chercheur britannique à Abu-Dhabi dont les étudiants qataris sont apparemment indésirables à la Sorbonne Abu-Dhabi.
Un classement qui en dit long celui des pays qui produisent le plus d’experts STEB (science-technologique-ingénierie-mathématiques) : quel doit-être le bon modèle ? que doit-on enseigner ? Où seront inventés les produits de demain ?
« Ya pas photo, comme l’expression populaire le résume » cf. Gilles Babinet (@babgi) weforum.org/agenda/2018/12… pic.twitter.com/McpDT8Iob7
Enseignement supérieur : le panorama par pays :
- France : Elle s’est engluée toute seule dans le débat sur les frais de scolarité. Si les intentions sont peut-être bonnes, le remède semble pire que le mal. Est venu s’y ajouter dogmatisme et questions de financement. Cela brouille notre image à l’international. J’espère que nous grandes écoles n’auront pas à en souffrir et que les étudiants étrangers sauront faire la part des choses. La présence française à l’international continue à décliner.
- En Grande-Bretagne, trois points intéressants :
- Brexit encore et toujours : la montée en puissance des universités anglaises qui s’alarment des conséquences de l’absence d’accord. L’éducation qui reste un secteur économique international important dont le développement est facilité par la langue anglaise.
- Campus OFF-SHORE: un modèle de développement compliqué.
- Écosse en plein boum. Symbole d’attractivité et de rayonnement, le nombre d’étudiants étrangers a battu des records. Explications ? La puissance du soft-power facilité par un environnement sympathique et un « refuge » anti-Brexit.
- Un peu plus loin, le Danemark… Le profilage ethnique caché est avéré y compris en Suède. On observe également une réduction du nombre des étudiants étrangers.
- L’université financée par George SOROS interdite pour des raisons politiques.
- Italie : un article des Echos m’a perturbé sur la fuite accélérée de ses jeunes cerveaux (150 000 ces 5 dernières années). Ils préfèrent trouver du travail à l’étranger. Un phénomène qui ne touche pas seulement l’Italie mais également la France — dans une moindre mesure — au vu des contingents de jeunes étudiants français attirés et recrutés en Suisse (EPFL Lausanne) ou à HEC Montréal.
- Réduction du financement de la recherche des universités alors que les revenus générés par les étudiants étrangers dans le pays sont au plus haut.
« Les scientifiques australiens déplorent, après une mise à jour budgétaire, la réduction de 206,5 M€ du financement public de la recherche attendu pour les quatre prochaines années, indique Nature le 19/12/2018. (L’Australie réduit le financement de la recherche dans les universités. 25 janvier 2019 – Actualité n° 137916. Source : AEF.)
« Le gouvernement australien a annoncé qu’il gèlera les augmentations de financement pour la recherche, les équipements et la formation dans les universités, y compris pour les doctorats. Le financement pour 2019 restera le même qu’en 2018, soit 1,2 Md€.
Ce gel du financement de la recherche intervient alors que le gouvernement prévoit un excédent budgétaire de 2,6 Md€ en 2019-2020 et de 12 Md€ d’ici à 2021-2022. (…) Les dépenses publiques en recherche et développement, en proportion du produit intérieur brut, ont globalement diminué en Australie depuis le début des années 1990. Le financement de la recherche et du développement est à son plus bas niveau depuis 40 ans, précise Nature. Catriona Jackson, directrice générale de Universities Australia, l’organisme représentatif des universités australiennes, déclare dans un communiqué : « Ces coupes budgétaires sont une très mauvaise décision pour l’Australie et son avenir ; elles contribueront à priver les Australiens de traitements vitaux, mais aussi de la recherche nécessaire pour aider à prévenir les inondations et les feux de brousse, et des progrès scientifiques dans presque tous les aspects de la vie des individus ».
- L’université de Chicago à Paris en pleine turbulence.
Source AEF : L’université de Chicago a créé son premier campus à l’étranger en 2003 et c’était à Paris : pourquoi ce choix ? « Notre présence pourrait créer du ressentiment si nous ne nous ouvrons pas » (L. Auslander, la professeure d’histoire qui dirige actuellement le centre, fondé en 2003 par Robert Morrissey.) Présente depuis 15 ans à Paris au travers d’un centre dans lequel elle accueille ses étudiants de bachelor, l’université de Chicago envisage de mieux s’insérer dans l’ESR parisien à l’occasion de son déménagement, en 2022, sur un campus plus grand et plus visible. « La nouvelle structure sera peut-être l’occasion de faire évoluer notre projet, car nous allons investir un bâtiment emblématique sur le plan architectural. Ce serait dommage d’avoir cette vitrine sans engagement local, et je pense que nous avons la possibilité d’aller plus loin », estime ainsi Leora Auslander. « Mais c’est une décision qui relève du doyen du College, John Boyer », ajoute-t-elle. « L’idée que l’université de Chicago acquière une place dans la vie intellectuelle parisienne ne serait pas pour lui déplaire. »
Et encore un article sur ses futurs locaux à Paris dans LES ECHOS du 13 février 2019.
- Les étudiants qataris indésirables à la Sorbonne Abu Dhabi.
Les Émiratis ont interdit à des étudiants qataris de suivre leur scolarité sur le campus. Une entorse à la liberté universitaire restée sans réponse en France. Par Aziz Zemouri. 03/02/2019 à 15:32 | Le Point.fr
La Cour internationale de justice a enjoint aux EAU de permettre aux étudiants qataris de terminer leur scolarité sur le campus ou de faciliter le transfert de leur dossier scolaire dans le pays de leur choix.
© KARIM SAHIB / AFP
« La Sorbonne Abu Dhabi est-elle gérée selon les canons universitaires français ou bien l’émirat peut-il imposer sa vision politique à l’université ? La censure à la Sorbonne Abu Dhabi s’était traduite fin 2018 par le refus aux motivations obscures de la nomination de la chercheuse en philosophie Lila Lamrani par les Émirats Arabes Unis, mesure dénoncée dans Le Monde par plus d’une centaine d’universitaires. Malgré les protestations et pétitions, les officiels de la richissime fédération ont maintenu leur décision tout en se murant dans un silence qui a mis dans l’embarras la direction parisienne de la plus prestigieuse des universités de l’Hexagone. Il est vrai que voir une enseignante française être rejetée alors qu’elle avait passé avec succès l’ensemble du dispositif de candidature n’est pas la meilleure manière de promouvoir le nom de la Sorbonne à travers le monde. (…) C’est la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale – les étudiants japonais qui vivaient aux États-Unis avaient été violemment séparés de leurs camarades – qu’un pays prend des élèves en otage de sa politique ».
- Singapour et Afrique : rien de très nouveau.
- États-Unis : baisse du nombre des étudiants étrangers.
- Business schools chinoises : elles restent agressives et sont en train de nous « voler » nos étudiants.
- Et surprenante Indonésie qui souhaite devenir le futur hub mondial de l’Enseignement supérieur.
À suivre…