« L’heure est (de nouveau) aux alliances » titre Olivier Rollot à la Une de l’Essentiel du sup daté du 1/3/2019. Il a raison, l’avenir de l’enseignement supérieur passera par la constitution d’alliances. Pourquoi et comment ?
Parce que les alliances permettent :
- La création de parcours de formation favorisant l’hybridation et l’interdisciplinarité,
- La mutualisation des moyens, par exemple dans l’innovation pédagogique (sujet sur lequel je me suis souvent exprimé),
- La constitution d’une offre globale de prestations de services pour l’ensemble de nos parties prenantes,
- L’acquisition d’une taille critique indispensable pour être visible dans la bataille mondiale de l’enseignement supérieur et pour autofinancer le développement de nos activités,
- La valorisation d’expertises de recherche,
- Et toute autre action ou démarche créatrice de la valeur.
Alliance = objectif partagé sinon…
Une alliance doit répondre à un objectif et s’inscrire dans un plan stratégique. Attention aux effets de mode et aux Drs Folamour qui créent des monstres ingouvernables et le plus souvent aux pieds d’argile. L’accident industriel de FBS (France Business School) est encore dans toutes les mémoires et, hélas, je ne suis pas sûr que tous les acteurs de notre environnement (proche et lointain) aient compris et bien analysé les causes de cet échec ayant entrainé la chute de… 4 écoles !
Alliances : mode d’emploi
Ayant eu l’opportunité de créer, développer et gérer différentes « alliances » — avec l’université de Grenoble-Alpes, des écoles d’ingénieur, de design, d’autres types d’établissements d’enseignement, en France comme à l’étranger dont l’Esca à Casablanca —, je vous propose un retour très personnel sur ces alliances et leurs conditions de mise en œuvre :
- Il ne faut pas chercher à dupliquer des modèles mais à créer le sien,
- La notion de création de valeur est particulièrement importante,
- Cette création de valeur peut s’inscrire sur un territoire mais attention, son périmètre doit être pertinent et qu’il ait lui-même une ambition. Dans ce cas, cette alliance portera cette ambition et ses actions seront en cohérence avec celles de son territoire et les démultipliera,
- Elle peut aussi se construire autour de thématiques communes (comme nos champs d’expertise) ou de publics ciblés,
- Créer des alliances autour de parcours étudiants est également une opportunité à saisir,
- Attention au gigantisme ! « Qui trop embrasse mal étreint » dit le proverbe. C’est particulièrement vrai pour notre secteur. Avec un risque très important de perte de temps en organisation. Comme le souligne Pierre-Paul Zalio dans les Echos du 25 février 2019, en parlant du projet de Saclay : l’objectif est d’avoir un taille favorisant « un niveau d’agilité assez élevé ».
Alliances : dans quelle catégorie ?
Toutes les alliances ne sont pas forcément stratégiques et certaines dites stratégiques n’en n’ont que le nom. Il y a pour moi trois dimensions possibles :
- L’alliance stratégique. Elle s’insère dans la stratégie de l’établissement ou dans les fondamentaux de la marque,
- L’alliance politique qui s’inscrit dans le temps et ne concerne qu’un des champs stratégiques de l’établissement,
- L’alliance tactique qui développe des actions dans un temps donné.
Alliance rime avec… gouvernance !
Deux belles alliances internationales entre des entreprises françaises et étrangères — évoquées dans mes interventions en géopolitique et dont j’ai parlé, il y a deux ans, lors de l’annonce des discussions avec EM Lyon — nous montrent actuellement qu’une stratégie peut-être pertinente (sur le papier) mais fragilisée par sa gouvernance.
C’est pour moi la clef de la réussite mais comment trouver le bon tempo et la bonne clef de fonctionnement quand deux cultures d’entreprises – même issues du même secteur – doivent travailler ensemble ? Cette gouvernance, pour moi, se décline autour de 3 axes :
- La prise de décision,
- Le pilotage des activités,
- Le contrôle.
Au-delà des bonnes règles de fonctionnement, l’aspect humain et relationnel est primordial mais il faut prévoir le « coup d’après » et déléguer fortement.
L’alliance préserve et renforce les marques concernées
Je suis inquiet quand je vois la profusion de marques et de labels que nous devons apposer sur tous nos supports de communication. Cela risque bientôt de ressembler à un assemblage de stickers dont l’effet sera contre-productif. Pour moi, les alliances doivent préserver les marques plutôt que de les diluer voire de les supprimer. Un positionnement à nuancer si la structure de l’alliance refonde un nouvel établissement. Dans ce cas de figure, une nouvelle marque s’impose englobant l’ensemble, les marques antérieures n’ayant plus lieu d’être.
Voici pour ces quelques retours d’expérience. Afin de compléter ce que j’évoquais dans un précédant post, notre avenir passe par la gestion de différents business models, l’animation de différents éco-systèmes mais aussi par la constitution de différentes alliances ! Diversité et valeur(s) sont les mères de toutes les vertus.