Chaque année, l’équipe d’Altigliss organise le 2e plus grand événement étudiant de France. Et réussit l’exploit de mobiliser 1000 étudiants autour d’une semaine sportive et festive dans la station de Val d’Isère. Une véritable « entreprise » pilotée par des étudiants de GEM – Grenoble Ecole de Management —, membres de l’association GEM Altigliss dont le budget global est de 800 K€. Interview de Timothée et Bastien, respectivement président et vice-président de l’association qui organisent actuellement sa 20ème édition !
Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a mené à prendre des responsabilités au sein d’ATLIGLISS ?
Timothée (président) : J’ai fait un IUT à Grenoble où j’ai eu mon premier contact avec la vie associative – président de BDE. Lorsque je suis arrivé à GEM, rejoindre cette association a sonné comme une évidence, le ski, la région. Je suis un habitué. Et j’aime particulièrement m’impliquer dans la gestion et le suivi de projet.
Bastien (vice-président) : J’ai fait deux ans de classes préparatoires au lycée Berthollet à Annecy, le milieu du ski m’est aussi familier car j’habite dans une petite station à côté de Megève. J’ai fait plus de 10 ans de compétition de ski et, en parallèle à GEM, je suis aujourd’hui moniteur de ski- stagiaire depuis 3 ans. Je suis vice-président et mon rôle est de m’occuper de l’événementiel de l’association ALTIGLISS.
Quelques chiffres ?
Timothée : Le budget global est de 800 000 €. Cette année nous sommes 64 membres dans l’association. Nous comptons une dizaine d’événements annuels en comptant le GEM Altigliss Challenge (GAC) et d’autres événements tels que : la bourse aux skis où nous passons par un fournisseur qui propose des prix très compétitifs ; la soirée à tickets de la Paradise (soirée haut de gamme organisée à la Bastille) ; Supergliss en partenariat avec le BDS (bureau des sports), une carte d’abonnement en partenariat avec plusieurs stations, plus certaines sorties originales : dernière en date à la GRAVE, sorties freeride et ski de randonnée.
On en revient donc au GEM Altigliss Challenge, quel est le concept ?
Bastien : Nous essayons de créer une coupe du monde ski et de snowboard en faisant venir des étudiants de tous horizons, français et étrangers. Cette année, nous avons 15 équipes étrangères qui vont venir sur la semaine (challenge slaloms, challenge montagne, challenge village).
Timothée : Cela sera couplé avec des événements plus ou moins sportifs pour mettre en lumière d’autres projets qui nous sont chers comme les start-ups (concours entreprenariat original), le trophée des valeurs (cap vers le handisport et la protection de l’environnement), spectacle freeride (représentation de skieurs et snowboarders expérimentés) ainsi que des concerts d’artistes parmi lesquels Watermat, Le Club, Panteros666, Mokoa et Nymphony Records (label musique de GEM).
Comment se passe l’organisation d’une journée ?
Timothée et Bastien : Nous avons deux types de profils présents lors de cette manifestation : les sportifs et ce que nous appelons les supporters. En début de semaine, nous leur donnons de quoi faire leurs petits déjeuners et leurs repas du soir, ils les gèrent comme ils le souhaitent depuis leurs appartements.
Voici la journée-type :
- Matin : Épreuve challenge sportive,
- Midi : Repas traiteur au village : animations des partenaires,
- Après-midi : Possibilité de faire du ski loisir grâce au forfait de ski offert,
- 16-17h : Snow party (musique, boissons, nourriture),
- En parallèle : Comité de course (débriefing, annonce des résultats et organisation de la journée du lendemain),
- 18h45 à 21h : Les pots (performance d’un artiste)
- Fin de journée – Dans le pack, l’entrée à la plus grande discothèque de la station — La doudoune — est offerte.
La seule différence pour le participant non-sportif, c’est qu’il n’y aura pas la partie challenge du matin.
Timothée : J’ai une fonction de superviseur. Nous avons un bureau composé de 6 personnes : trésorier, secrétaire, vice-président (responsable évènementiel), responsable partenariat, responsable communication et sur une partie de l’année, le responsable logistique.
Mon rôle est d’assurer la cohésion entre toutes ces composants, d’établir la stratégie en début d’année ainsi que l’aspect relationnel (GEM, station…).
C’est un événement qui se prépare combien de temps à l’avance ?
Timothée : Environ 11 mois, un an… Dans la semaine qui suit le challenge, nous commençons les passations au sein de la nouvelle équipe étudiante arrivée à GEM.
L’événement est bien rôdé : Quelles sont les clefs du succès ?
Bastien : le fait d’être guidé par un projet, travailler dans le même but pour créer une semaine unique et grandiose pour les étudiants. C’est le deuxième évènement de ce type en France après la course-croisière EDHEC. Cette année, nous avons été classés meilleure association sportive de France, nous avons le seul évènement de sport d’hiver de cette ampleur. Cela fait 32 ans que l’association existe, nous avons une certaine image de marque ce qui nous permet d’avoir beaucoup de soutien (GEM par exemple) et plus de partenaires (Lydia, KPMG, Salomon, société générale…).
Et le partenariat avec Val d’Isère ?
Bastien : Avec cette station, c’est une vraie relation basée sur le partenariat qui s’est créée et qui dure depuis 4 ans et que nous voudrions reconduire. Ce n’est que récemment que Val d’Isère accueille l’événement. Auparavant, l’association choisissait, chaque année, une station différente. C’est une station dotée d’une renommée mondiale et qui nous pousse chaque année à embellir l’image du GAC. Nous sommes liés étroitement.
Vous communiquez avec la station ?
Bastien : En ce moment, tous les jours.
Pour cette édition 2019, combien de participants ?
Timothée : Environ 1000.
A l’heure actuelle quelles sont vos limites ?
Timothée : j’en citerai quatre :
- La capacité d’accueil est limitée en station et les partenaires ont plus de difficultés à acheminer les produits. L’environnement et la météo sont toujours un challenge.
- L’intégration internationale : Un des points principaux dans notre stratégie cette année était d’augmenter la participation des internationaux à l’évènement.
- Rendre un peu plus professionnelle la compétition pour mériter son nom. Nous faisons parvenir aux compétiteurs un règlement prédéfini et nous avons un comité de compétition comme dans les compétitions officielles.
- Le dernier point serait peut-être le budget. Nous arrivons dans l’association des milliers d’idées en tête et nous nous rendons compte très vite qu’il faut rester les pieds sur terre et faire sans cesse des choix : choisir entre une descente aux flambeaux ou un feu d’artifice, entre une scène plus belle ou un artiste plus connu…
Combien de temps y passer vous ? Et comment gérez-vous les cours ?
Timothée : 4-5 heures par jour minimum en temps normal mais quelques semaines avant l’événement nous travaillons régulièrement de 8h à 22h voire plus tard. Un peu compliqué en période de rush mais tout est question d’organisation.
Et qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Bastien & Timothée : Cette expérience nous apporte beaucoup sur la gestion du temps. Ainsi que sur le management d’équipe. Je gère environ 20 personnes avec réunions, supervision de plus de 64 personnes sur le terrain lors de l’événement et toute l’organisation.
Vous êtes en recherche de césure pour l’année prochaine. Comment réagissent les entreprises face à votre CV ? Cette expérience les intéressent-elles ?
Bastien : Hier, j’étais en entretien avec L’ORÉAL, ils m’ont beaucoup parlé d’ATLIGLISS en termes de nouveautés, compétences perçues et expérience personnelle aussi. Les entreprises se rendent compte de notre potentiel lors que nous leur expliquons que nous signons des contrats de plusieurs milliers d’euros, que nous manageons des staffs de personnes qui ont notre âge.
Timothée : Pour rebondir sur ce qu’a dit Bastien, les entreprises françaises connaissent ou ont entendu parler de l’événement. Les étrangères, moins. J’ai eu récemment un rendez-vous avec NIKE : la personne ne connaissait pas mais a vite pris conscience de l’ampleur du travail et de l’expérience, comme gérer 800 000 € de budget. L’impact de cette expérience n’est que positive.
Pour finir, quelle question voudriez-vous me poser ?
Comment percevez-vous l’association ALTIGLISS et son événement ?
Pour moi c’est un élément de la marque GEM. Depuis une dizaine d’années, j’ai observé un déclic. Chaque année, la nouvelle équipe a arrêté de vouloir réinventer ALTIGLISS. Aujourd’hui, c’est une association et un événement qui s’inscrivent dans la durée et qui deviennent de plus en plus professionnels. Quand j’y suis, je suis fier.
Et comment voyez-vous évoluer l’association ?
Pour moi, un des objectifs serait que le GEM Altigliss Challenge devienne un incontournable de toutes les équipes universitaires de ski.