Invité lors de la 5ème Conférence internationale organisée par RAPENA (Institut russe de l’économie nationale et de l’administration publique) avec le soutien de l’IAUPL – Association Internationale des professeurs d’Université et des professeurs associés de l’UNESCO, sur la question de « L’espace scientifique et éducatif Europe & Russie », le 31 octobre dernier, je partage avec vous les grandes lignes de mon intervention : L’ « internationalisation des business schools ». Un sujet qui m’est cher et que j’évoque régulièrement dans ce blog ou dans mes Notes de géopolitique. Aujourd’hui, une b-school ambitieuse se doit être d’internationale d’autant qu’elle évolue dans un marché mondial ultra compétitif. Une b-school qui n’est pas internationale n’a aucun avenir.
Qu’est-ce que l’on entend par internationalisation ?
L’internationalisation d’une b-school se reflète dans 3 domaines clé de son fonctionnement :
1/ L’internationalisation de son activité
Part significative de l’activité (ou du budget ou du CA) réalisée avec l’étranger
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- Recrutement d’étudiants étrangers
- Campus à l’étranger
- Exec Education avec des entreprises étrangères
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2/ L’internationalisation de la salle de classe (professeurs et étudiants de différentes nationalités se côtoient)
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- Permettre de travailler et d’échanger entre cultures différentes
- Accepter l’altérité, défendre et accueillir différents points de vue
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3/ L’internationalisation des contenus
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- Part significative voire prépondérante de contenu « international » dans la formation
- Mobilité étudiante
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Pourquoi cette nécessité ?
Elle répond à 6 demandes ou exigences émanant de nos parties prenantes et marchés.
1/ La demande des entreprises
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- Pour des diplômés capables de comprendre et d’évoluer à l’international
- Une demande également pour des profils qualifiés provenant de certains pays
- Le développement international des entreprises les amène dans des pays dans lesquels la main d’œuvre n’est pas forcément qualifiée et où s’avèrent des lacunes dans le management (par exemple en Afrique)
2/ La demande des étudiants
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- Massification de l’enseignement supérieur due à la démographie et à un besoin d’élévation sociale
- Pour un pays, importance d’avoir des étudiants qualifiés pour pouvoir innover
3/ Demande non satisfaite dans certains pays
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- Par exemple en Afrique ou en Asie
4/ Concurrence internationale
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- Le terrain de jeu des b-schools est mondial
- Avec internet, les étudiants peuvent trouver facilement des écoles à l’étranger
- Ils sont très mobiles et le coût du transport n’est plus un handicap
- Par ailleurs, nos concurrents étrangers n’hésitent plus à venir s’installer dans d’autres pays…
- Le Brexit va peut-être accentuer cet effet
- Les écoles se battent pour avoir les meilleurs talents
5/ Logique de développement
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- C’est le cas des écoles de management française
- Afin de trouver des relais de croissance à l’étranger
6/ Accréditations et rankings
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- Pour être visibles, il faut être accrédité et classé
- L’International est l’un des critères prédominants
Pour quels modèles ?
1/ Le Campus global
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- Un seul campus à partir duquel on attire des professeurs et des étudiants du monde entier
- Modèle d’Harvard
2/ Le Multi-campus
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- Insead (Fontainebleau, Singapour, Abu Dhabi)
- Mais c’est aussi notre cas à Grenoble avec différents campus dans le monde. Ils offrent plus de proximité avec nos marchés
- Pour nous, les villes doivent correspondre à notre ADN : technologie, innovation, start-up et géopolitique
3/ Stratégies d’alliances
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- Différentes motivations
- L’université franco-russe, par exemple
- On peut aussi citer l’alliance internationale Future of Management Education (FOME) dans le domaine du on-line qui regroupe l’Edhec, Imperial College BS (UK) ESMT (Allemagne), BI Norvegian (Norvège) et SMU (Singapour)
- Beaucoup d’annonces mais, par expérience, peu de réussites car plus une affaire de relations personnelles que de projets stratégiques
- On peut néanmoins citer comme réussite CEMS
- L’Union européenne a lancé un projet d’universités européennes auxquelles ont répondu un grand nombre d’universités des pays membres
- A voir !
4/ Groupes
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- Constitution de groupes privés, généralement multimarques
- On peut citer le groupe Galiléo qui ambitionne d’être le premier groupe privé d’enseignement supérieur mondial
- Là aussi à suivre… en sachant que Laureate Education qui ambitionnait aussi d’être le plus grand groupe a connu pas mal de déboires et a dû se retirer du marché européen
En conclusion, un peu de prospective !
1/ L’importance de la marque
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- Sans une marque forte, impossible d’envisager d’être visible et crédible à l’international
2/ Attention aux nouveaux entrants
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- L’arrivée de nouveaux acteurs liés aux edtechs peuvent devenir internationaux très vite et dont les frais de scolarité sont largement inférieurs aux nôtres
- Je pense à Future Learn ou à Coursera
3/ Basculements géopolitiques
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- Autre risque celui du basculement géopolitique des b-schools vers l’Asie
- Je suis impressionné par la montée en puissance des écoles de management chinoises (et un peu les indiennes) dans les classements internationaux
- Demain, il faudra étudier en Chine et, en plus, le projet titanesque des routes de la soie nécessitera pour les écoles d’avoir une autre approche internationale
La compétition ne fait que commencer !
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Grenoble École de Management, une école très internationale :
- 40% des 8000 étudiants sont étrangers représentant 140 nationalités
- Les ¾ de nos 50 programmes sont enseignés en anglais sur 9 campus – Grenoble – Paris – Berlin – Singapour – Casablanca – Moscou – Tbilissi – Colombie et Turquie
- Nous ne recrutons quasiment que des professeurs étrangers
- Nous disposons d’un réseau de 125 partenaires dans 32 pays