Quelle sera la part des nouvelles technologies dans la construction de la marque des établissements de l’ESR et du diplôme ? Pour les business schools du futur, nous devrons composer avec ces nouveaux instruments, nous développer dans une logique de coopétition entre établissements, en alliant différents business modèles dans différents écosystèmes.
La semaine du 3 février a sûrement été celle de l’école du futur en termes d’activités et de réflexions : ThinkEDU, Learning Technologies et puis la soirée Digischool. J’ai déjà évoqué ThinkEDU la semaine dernière dans ce blog, j’aimerais revenir sur les deux derniers événements. Je confirme pour Learning Technologies la montée en gamme du nombre des acteurs et la professionnalisation des approches. Cet événement est devenu un acteur de référence dans le paysage des technos au service de la formation. C’est également apprécié cette allée consacrée aux mini-stands de EdTechs.
Learning technologies : les mots les plus entendus
Je retiens dans la communication et les mots entendus, la répétition de certains comme : « autonomie », « créer vos propres outils » de formation, « simplicité », « engagez vos apprenants », « captivez vos apprenants », « boostez vos formations », etc. La formation s’est banalisée, elle devient indispensable. Ce n’est même plus la question, elle est intégrée dans la vie de tous les jours des collaborateurs et des managers. Il y a cette idée que chacun peut être formateur ou formé. Le tout dans une dimension où le plaisir et le jeu ne sont pas absents bien au contraire. Se former ou former doit devenir un acte agréable : facile et automatique pour les apprenants et, pour les formateurs, une démarche simple où l’aspect ludique se retrouve souvent.
Deuxième élément, le mot-clé qui m’est apparu le plus souvent est immersif. Pas mal de stands ont employé ce mot. On « entre » dans une formation au sens propre du terme, cette immersion est non seulement un approfondissement du parcours de formation mais également un engagement plus fort. Avec cette réalité virtuelle qui va sûrement être accélérée par l’intelligence artificielle, nous entrons dans un nouveau stade dans la formation.
A l’inverse, le mot que j’ai le moins entendu/vu, c’est Mooc avec beaucoup moins d’exposants. S’est-il banalisé ou est-il en voie de disparition ? Par contre, serious game, tient la ligne : toujours cette notion de plaisir en se formant, c’est une grande nouveauté.
La segmentation des activités (produits et solutions) est également devenue très claire.
Et un nouveau terme que j’ai remarqué dans plusieurs plaquettes : « l’ancrage mémoriel », personnalisation du parcours d’apprentissage pour favoriser une mémorisation sur le long terme.
Learning technologies : les plateformes de formation en forte croissance
J’aimerais revenir sur la notion de plateformes de formation et de blocs de compétences. Quand je vois certaines plateformes qui recensent plusieurs milliers de combinaisons possibles, de soft skills, de blocs de compétences ou de modules de formation, j’en reviens à l’idée que pour nous, établissements de l’enseignement supérieur, il va devenir essentiel de travailler avec elles. Nous pourrons agréger des contenus issus de leurs bases de données et de connaissance pour les ajouter à nos formations ou même à celles que nous pourrions imaginer de créer « entre écoles”. L’établissement du futur devra donc gérer, coordonner, travailler, utiliser des modules réalisés sur des plateformes. Avec des questions épineuses qu’il faudra aborder comme le choix des plateformes et pour quels besoins ? Cette notion de plateforme me semble donc essentielle et renforce la nécessité de se projeter dans la coopétition et la collaboration entre établissements plutôt que de vouloir refaire ce qui existe déjà !
L’une des principales, Coursera, a d’ailleurs présenté les parcours business ou diplômant qu’ils font avec différentes grandes marques.
Learning technologies : mes coups de cœur
- Les éditions Dalloz ont détaillé leur coaching en ligne que je trouve très intelligent. Il accompagne les étudiants en droit selon un modèle freemium. Comme c’est également une aide de préparation aux examens — en fonction de la date à laquelle vous vous inscrivez —, votre planning s’adapte au temps disponible qu’il vous reste ! Pour nous également, école de management, nous offrirons à nos étudiants cet abonnement Dalloz pour qu’ils puissent parfaire leur expertise en droit aussi loin qu’ils le souhaitent. J’ai trouvé ce dispositif très astucieux.
- L’usage de l’IA dans le process d’apprentissage, il est clair que nous allons nous servir de l’IA pour créer des formations.
Soirée de présentation des activités de Digischool
L’occasion de rappeler la belle réussite de cette Edtech française. Avec son nouvel actionnaire (Educapital), elle devrait avoir les moyens de se développer notamment sur ses produits phares. On voit bien pour cette société, l’obligation d’être en permanence dans l’innovation, l’accompagnement et le service, pour pouvoir capter et fidéliser, ce qui entraîne une réflexion perpétuelle sur son business model. Le numérique est devenu un outil incontournable pour les jeunes générations. Ce qui m’a interpellé, c’est l’intensité en terme d’impact. Avec par exemple, l’appli code de la route et les chiffres que représentent ces personnes qui viennent chaque jour se former pendant près de 20 minutes. L’équivalent en termes d’auto-écoles « physiques » est impressionnant.
L’engouement pour le questionnement autour de la formation et de l’utilisation de la technologie comme le moyen de la généraliser et de la rendre plus attractive est vraiment devenu une problématique de toutes les entreprises avec là encore, le fait que ces dernières sont peut-être en avance sur nous…
Belles expériences, belles confirmations de ces différents éléments en perpétuelle évolution ! Sans grandes découvertes mais une montée en puissance sur différents publics, qui nous interpellent et nous interrogent quant à l’évolution du business model des écoles. Qui questionne également sur notre création de valeur dans un environnement qui va nous obliger à multiplier les partenariats, les collaborations dans les différents écosystèmes.
La business school du futur sera faite de différents business models dans différents écosystèmes. Et chacun peut être à la fois formateur et formé…