Le blog de Jean-François FIORINA

Ce que l’année 2020 m’a appris

Bilan de l'année 2020

Une année compliquée, inédite et néanmoins riche d’enseignements. D’abord parce que la crise sanitaire nous a obligé à agir immédiatement. La mise en place du travail et de l’enseignement à distance s’est bien sûr accélérée à un point que nous n’aurions jamais imaginé possible avant cet épisode. Tout n’est pas parfait et il y a bien sûr des frictions mais les événements ont joué le rôle de catalyseur, d’accélérateur de la réflexion et d’action créant de facto des études de cas en temps réel ! Sans faire d’autosatisfaction, nous devons maintenant capitaliser sur les expériences positives, celles qui ont apporté du bien-être, du sens, de la responsabilité, de l’efficacité, de la valeur. Le pire serait un retour en arrière comme si rien ne s’était passé…

D’abord cette année nous a obligé à repenser complètement le travail, son organisation et son sens. Que ce soit d’ailleurs pour celles et ceux qui peuvent ou ont dû télé travailler ou pour les autres dont l’activité ne pouvait se dématérialiser. Je pense ici à tous les services « vitaux » qui se mobilisent pour nous, la médecine, la distribution, l’industrie, l’agriculture, le nettoyage, la sécurité, la liste est longue… qu’ils soient ici remerciés.

Télé travailler, c’est possible

Pour les télétravailleurs, nous avons vu que cela était possible malgré l’impérieuse urgence à s’adaptater. Il a fallu imaginer, maintenir le lien social, assurer le suivi, tenter l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. J’ai moi-même fait confiance à mes équipes pour gérer sans ajouter du stress et de l’anxiété par plus de mesures de contrôle. Nous avons réussi à apporter beaucoup de valeur ajoutée. Ce sont des réussites exemplaires que nous devons souligner, à la fois dans les transitions pédagogiques, de gestion, de communication de l’établissement en interne et vis-à-vis de ses parties prenantes. Cette accélération du mode télétravail entraine de nouveaux accords dans les entreprises et les branches. Ils redéfinissent les contours et les sens du travail, c’est un réel progrès même si tu tout n’est pas encore parfait. Cette accélération a placé le management dit intermédiaire dans une situation à la fois valorisante et déstabilisante pour trouver les bons équilibres. C’est un champ de recherche très important.

Télé travailler, c’est (pour certains) impossible

Cette époque inédite a souligné de multiples réalités. Certaines que nous ne voyions pas ont été révélées tout particulièrement pour les métiers « exclus » du télétravail. Ces professionnels de la relation, du médical, du social, du nettoyage, de la distribution, de la production industrielle ou agricole… ont montré l’importance de la place de chacun dans le fonctionnement de la société. Cette crise nous fait poser des questions sur le lien et le sens du vivre ensemble. La loi PACTE et ses ouvertures vers l’entreprise à mission, le rôle sociétal des entreprises ouvrent des chemins pour valoriser tous les acteurs. Nos étudiants sont très sensibles à la démarche que les entreprises vont adopter en ce sens. Ce qui nous rappelle également que nos missions dépassent leur strict champ d’application économique, éducatif ou fonctionnel. Elles s’intègrent dans une réalité sociale et environnementale exigeante.

Se former en ligne, c’est possible

Grenoble Ecole de Management a décidé de basculer très tôt son enseignement en ligne, dès le premier confinement. Nous avons privilégié la stabilité en réponse à l’instabilité globale, plutôt que d’effectuer d’incessants allers-retours dommageables pour tous. Au-delà de notre périmètre d’intervention, ce passage massif au télé enseignement a eu deux conséquences positives :

    • Le retour en grâce de l’enseignant (plus particulièrement dans les cycles primaire et secondaire)

Quand les parents sont devenus des profs par la force des choses, je crois qu’ils ont pris la mesure de l’investissement et du travail que cela demandait ! Fi des critiques un peu faciles et stéréotypées, enseigner, c’est un vrai métier ! Cette crise a redonné ses lettres de noblesse à la profession, à l’image de sa mobilisation et de sa présence auprès des enfants et étudiants.

    • La capacité de se former en ligne de manière qualitative

Enseigner en ligne, c’est possible à force d’innovations pédagogiques et de programmes que nous aurions mis des années à lancer en temps normal. Nous sommes en train après le distanciel complet, de passer aux « Hyflex rooms » qui mixe distanciel et présentiel pour une pédagogie hybride. Nous installons 32 unités sur nos campus en France. Je citerai également la plateforme Virbela qui nous a permis d’organiser en ligne des événements virtuels comme des rentrées, un dispositif très apprécié.

Pour les étudiants, ce n’est certes pas facile, d’une vie sociale largement réduite aux stages ou alternance à distance, il a fallu s’adapter. De cet épisode, ils ont appris et acquis de nouvelles compétences comme l’animation de réunions, la gestion de conflits, l’organisation, bref ce qui fait le quotidien d’un manager.

Je ne pouvais conclure sans parler géopolitique ! Cette clé de compréhension du monde et de la mondialisation éclaire aussi notre réflexion sur les questions de la relocalisation des productions industrielles et agricoles, de la recherche ; des flux ; de la répartition de la valeur ajoutée. Elle nous renvoie à la place que la Chine a prise dans cette crise et de l’importance de l’intégrer dans ces nouvelles réalités.

Notre vision du monde et de notre avenir reposent sur notre capacité à nous adapter et à mobiliser les intelligences pour agir et faire de la recherche utile pour le bien commun. L’espoir né des recherches médicale et pharmaceutique mises en commun a accéléré les processus que ce soient pour les vaccins ou les ARN qui présagent des avancées majeures. La technologie a joué son rôle et offre des potentiels incroyables pour peu qu’elle intègre les questions éthiques, sociales et environnementales. Nous en sommes tous convaincus et nous sommes maintenant à l’heure des choix. Les business schools sont en première ligne pour relever ces défis ! Nous agissons en ce sens à Grenoble, et je suis fière que nous soyons reconnus avec nos chercheurs comme la Business School for Business and for Society.

En vue de cette prochaine année 2021, nous avons tous besoin de récupérer et de nous préparer à relever de nouveaux défis. Je vous souhaite de bonnes fêtes et vous retrouverai avec le même plaisir au mois de janvier !

Pour rappel une sélection de mes posts les plus lus au cours de cette année inédite :

 

Coronavirus, le virus qui fait aussi tousser l’enseignement supérieur

Lettre ouverte à mes étudiants

Télétravail, dossier clé des B-schools ?

J41 – 16 000 heures de cours assurées, des équipes et des étudiants mobilisés : Merci et bravo !

J37 – Covid-19 : quelles conséquences pour les Business schools ?

 

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