Un récent sondage consacré à l’image de l’apprentissage a été réalisé à la demande de la CCI Paris Ile-de-France par le magazine l’Etudiant. Les résultats sont éloquents : 86% des jeunes et de leurs parents ainsi que 95% des entreprises interrogées portent un jugement positif sur ce mode de formation qui n’est plus aujourd’hui réservé aux filières courtes mais qui se développe aussi dans les seconds cycles. Les entreprises interrogées assurent aussi à plus de la moitié d’entre elles accorder plus de valeur à un diplôme obtenu en alternance que par la voie classique.
Il n’empêche que pour que l’apprentissage soit vertueux, il doit être encadré. D’abord, sur place, au sein de l’entreprise. En effet, il ne faut jamais oublier qu’apprendre c’est faire, mais c’est aussi réfléchir sur le « faire ». L’apprenti n’apprend donc jamais « en soi » parce qu’il est plongé dans un milieu de travail. Il revient au tuteur de faire émerger dans le flux du quotidien, des moments où il est possible de s’interroger sur le sens des choses. Or, les tuteurs sont-ils tous des bons pédagogues – éducateurs ? Non, loin de là ! Même s’ils sont tous la plupart du temps de bonne volonté, ils tirent le plus souvent l’apprenti vers les urgences immédiates de l’entreprise, et oublient vite que le jeune est là aussi pour se ralentir et réfléchir, pour mettre le travail au travail. L’entreprise est-elle donc un lieu où l’on apprend ? Cela reste encore à vérifier…
Dans l’enceinte de l’école, il faut aussi se donner du temps pour analyser l’expérience. L’enseignant référent au sein de l’institution de formation occupe un poste clé : il doit coacher l’étudiant, à distance, dans son parcours au sein de l’entreprise, mais aussi, en retour, l’aider à saisir les apports du terrain : Comment prendre de la distance vis-à-vis des situations de travail ? Qu’est-ce qui est propre au fonctionnement de l’entreprise et à l’inverse, ce qui est générique, transposable ? Comment distinguer ce qui relève des connaissances, des savoir-faire et des savoir-être ? De retour à l’école, il faut prendre le temps de faire le tissage entre l’expérience vécue par l’apprenti et les savoirs dispensés par les professeurs. Mais là encore, du chemin reste à faire. Le professeur est-il réellement outillé pour faire ce travail ? L’étudiant(e) sait il remplir régulièrement un journal de bord, comme un carnet de voyage, et sait il y revenir pour modéliser son expérience ? Rien de moins évident !
Résultat, si l’apprentissage est une formidable promesse, il faut veiller à créer les conditions optimales pour l’actualiser.
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