Nombre de Mooc existants pourraient renvoyer l’image, certainement trop caricaturale, de n’être que des supports pour des « stars du web »… et donc peu innovants. En tous cas, on est loin de la promesse du « social learning » qui suppose que l’on s’adresse à des communautés d’apprenants qui, dans une logique d’échange symbolique, entrent dans une logique d’apprentissage. Dans cette optique, la figure du pédagogue (et non plus celle du professeur qui professe) doit être discrète ou n’apparaître que pour lancer la polémique, réguler le flux des débats, mais aussi faire des points d’arrêts réguliers de « curation » du flux, comme autant d’« arrêts sur image » alimentés par des apports théoriques. Il importe selon moi de développer ces solutions bottom-up innovantes, c’est-à-dire de laisser la possibilité à ces communauté d’apprenants de s’auto – coformer. En la matière, deux expériences me semblent en ce moment particulièrement intéressantes à signaler.
Plates-formes d’échanges
D’abord, il faut citer la plate-forme Solerni lancée par Orange qui offre à des entreprises, des start-ups, mais aussi au grand public, un cadre pour créer et publier des Moocs. À l’origine de cet outil, il y a Thierry Curiale, directeur marketing, e-education et MOOC au sein du groupe Orange qui croit fermement en l’importance de développer les compétences tout au long de la vie. [ITW sur Educpros à retrouver ici].
Son ambition est de créer des Moocs qui soient des plates-formes d’échanges entre praticiens, des Moocs connectivistes, comme on dit dans notre jargon. Le rôle du pédagogue est alors d’initier des débats et des activités dont les praticiens doivent se saisir, puis de modéliser les discussions pratiques ainsi générées. Le théoricien qui vient ainsi étayer les propos des praticiens doit servir de catalyseur et s’effacer, comme dans une réaction chimique, une fois que la rencontre – ou la transformation – a eu lieu. Il s’agit ainsi de sortir de la logique du stock de connaissances (menacée par une forme d’obsolescence) pour entrer dans un modèle de flux.
Du Mooc au Spoc… ou l’urgence de s’émanciper de ces acronymes
Autre expérience intéressante à citer, celle de la Coorp Academy qui développe des solutions d’apprentissage pour des Moocs d’entreprise. Il s’agit là aussi de fournir un cadre à la constitution d’une communauté de praticiens. On passe ici plutôt du modèle de Mooc à celui de Spoc (Small Private Online Courses). L’objectif n’est plus de réussir à toucher la plus large audience possible mais de fédérer une communauté soit autour d’un métier (responsables financiers, porteurs d’innovation, etc.) ou d’une thématique (manager dans l’incertitude, etc.). C’est une façon de garantir l’investissement des participants… et ainsi d’espérer qu’ils s’engagent sur la durée.
Au-delà des acronymes qui enferment, l’enjeu via ce type de plates-formes – et il en existe beaucoup d’autres ! – est de stimuler, accompagner, animer et évaluer des communautés d’auteurs de leurs apprentissages. Et c’est cette tentative de création d’un écosystème apprenant qui me semble particulièrement intéressante à développer. Ces deux exemples sont aussi la preuve que la révolution des modèles éducatifs provient souvent davantage du secteur privé et de son besoin impérieux d’innovation que des établissements d’enseignement supérieur qui peinent encore trop souvent à imaginer d’autres façons de faire.
2 Responses to Vive les Mooc « bottom-up » !