Il est un fait indéniable que les ateliers d’écriture se développent dans les entreprises. Des romans sont même sortis de ce type d’expérience. Je pense, par exemple, à cet objet hybride qu’est Daewoo de François Bon. S’il est devenu si important aujourd’hui de prendre le temps d’écrire en entreprise, c’est que ce type d’activité permet de suspendre l’urgence de l’action. Mais l’exercice ne va pas de soi et mérite d’être accompagné.
Il n’est en effet pas si aisé de passer de la position d’agent à celle d’auteur. Or l’écriture, par le processus d’itération qu’elle suppose, permet d’expérimenter très concrètement une forme d’autonomie. Le passage par l’écriture constitue en effet un redoutable juge de paix. Il n’y a qu’à entendre les discussions qui émergent dans les ateliers d’écriture que nous organisons en entreprise. Ces débats sont souvent inédits, au sens propre de « qui n’ont jamais été énoncés ». Il est enfin possible de sortir du cadre formel dans lequel se disent habituellement les choses.
Le début du récit tient souvent dans la narration d’une anecdote. Mais à force de demandes de précisions et de détails émanant du reste de l’assemblée (une vingtaine de personnes en général), la situation devient plus complexe. C’est là aussi où le chercheur a pleinement un rôle à jouer en favorisant la problématisation. Il s’agit progressivement de passer de l’ordre du « comment » à celui du « pourquoi ».
Or je fais le pari, avec d’autres, que ce type d’exercice a des effets au-delà du strict cadre de l’atelier. Il pose en effet comme essentiel le détour par l’écrit pour prendre le temps de mieux (s’)analyser.
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