Mais au fait, c’est quoi un leader ? C’est avant tout quelqu’un qui a le souci des autres, au sens de prendre soin, d’être à l’écoute. Quelqu’un qui développe l’empathie comme compétence. Or être dans une situation d’empathie ne peut pas se résumer au seul fait d’être à l’écoute de l’autre. Si l’on s’en réfère à l’étymologique du mot, il s’agit d’être em- « dans » la « pathie », souffrance de l’autre ; en d’autres termes, de comprendre ce qu’il éprouve. Ce qui ne signifie pas pour autant d’être en simple résonnance, c’est-à-dire de se contenter d’être le reflet des attitudes et des mimiques de l’autre, ou de se conformer aux désirs projectifs que les autres portent sur soi, en endossant le rôle du manager fraternel, paternel ou maternel.
On pourrait dire que la personne empathique « prête » son intelligence émotionnelle à l’autre pour qu’il puisse se dire, tout en gardant des moments de repli en soi pour éviter d’être dans la fusion. Ce qui suppose donc que le manager connaisse à la fois très bien ses subordonné(e)s, mais surtout se connaisse bien lui-même. Il faut faire de la place en soi pour être empathique. C’est une question d’hygiène personnelle.
Mais, bien sûr, ce travail sur soi et avec les autres requière un certain apprentissage et un véritable entraînement. Or dans les organisations, cette valeur humaine et sociale me semble encore bien trop négligée. Pour beaucoup de structures, les analyses de pratiques individuelles et collectives restent de la « psycho papouille », voire une perte de temps face à l’urgence des objectifs opérationnels. Ce qui, à moyen et long terme, ne peut être qu’un mauvais calcul. Encore une fois (j’insiste !), il est urgent de prendre du temps… pour espérer pouvoir en gagner après !