Frédéric Devaux

Stratégie et prospective au sein de l'enseignement supérieur

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Ce que pensent les alternants

Chaque acteur du recrutement est amené à prendre connaissance d’articles, de chroniques, de consultants qui traitent des « jeunes d’aujourd’hui »[1] à travers une grille de lecture générationnelle. Cette dernière, appelée millenials ou génération Z, intégrerait des comportements nouveaux, différents des générations précédentes, en particulier dans sa relation à l’emploi. Si cette perception est aisée à comprendre et à expliquer, c’est un phénomène qu’il faut interroger [2]. Il apparait que l’impact de l’appartenance générationnelle par rapport au monde du travail est surévalué. L’intégration dans le monde du travail dépend d’abord de la conjoncture économique[3], de facteur de conversion, du poids relatif des contextes géographique et sociodémographique. L’approche par génération relève d’un mythe sans substance [4]. Appréhender le recrutement et la fidélisation des alternants dans le supérieur à travers le prisme du Contrat Psychologique d’Adhésion (CPA) semble donc particulièrement pertinent.

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Les jeunes d’aujourd’hui sont des jeunes comme les autres

Pour la 7ème année, l’Association pour l’emploi des cadres publie son nouveau baromètre d’insertion des jeunes diplômés. Niveau d’intégration professionnelle, rémunération, satisfaction, frustration, impact du parcours en apprentissage, le barômètre permet de visualiser un panorama complet des attentes des nouveaux entrants sur le marché du travail.Un discours redondant de certains professionnels estiment que les difficultés d’employabilité des jeunes sont le fait d’un phénomène générationnel. Pour les tenants de cette approche, les valeurs et les attitudes au travail de cette génération sont différentes de manière significative de celles des générations qui les ont précédées.

Les points clefs mis en avant par cette enquête sont les suivants tendent à relativiser cette approche: (suite…)

Accès à l’enseignement supérieur : comment c’est loin !

En cette période de clôture des inscriptions sur Parcoursup, les  directions d’établissements de formations scrutent l’évolution des inscriptions en tant que facteur clé de succès de leur propre pérennisation.

Si l’ensemble des effectifs apparaissent stables[1] (augmentation de 0.9%)[2], avec des perspectives positives à l’horizon 2030 (augmentation de 3.7%)[3] des disparités importantes existent entre filières : baisse de 9.6 % pour les filières STS[4] lors de la rentrée 2022, baisse de 2.6 % en Classe Préparatoire.[5]

Dans les prises de décisions stratégiques, des combinaisons  de facteurs sont prisent en compte pour appréhender de manière positive les attentes des candidats: identité organisationnelle, positionnement de la marque, attractivité d’un programme, valorisation des diplômés, recrutement des enseignants, déroulement de l’expérience étudiante, partenariats entreprises, solution de financement…

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Et maintenant ? comment les jeunes se déploient-ils vers l’avenir ?

Lorsque France Culture et Arte s’associent pour mener une enquête sociologique qui traite, entre autre, de la relation des diplômés à l’éducation nationale, il peut sembler légitime d’appréhender le niveau culturel et sociologique des répondants comme un premier facteur de non représentativité de la population cible. En effet, 89 % des répondants âgés de 25 à 39 ans ont obtenu un diplôme supérieur et 61 % ont un  master et un doctorat. Pour autant, est-il possible d’appréhender cette enquête pour ce qu’elle est ? C’est-à-dire un retour riche d’enseignements auprès d’un panel singulier.

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Et si les étudiants retournaient en cours ? le fantasme du « zèbre pédagogique »

En médecine, un dicton devenu populaire dans les années 50 met en évidence le fait que la solution la plus évidente est souvent la meilleure : « Quand vous entendez un bruit de galop, pensez à des chevaux plutôt qu’à des zèbres ». Au regard du nombre de « nouveautés pédagogiques et organisationnelles » que l’on nous présente dans l’environnement pédagogique,  nous rencontrons des intervenants qui veulent nous faire penser à des licornes avant même le zèbre : « pour faire réussir vos apprenants : utilisez tel logiciel, co brandons le support, l’impératif disruptif pour répondre aux attentes des nouvelles générations, be soft skillers, devenez big data compatible, adoptez l’open source on line… »

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Peut-on enfin détruire la pyramide de Maslow ?

Aisée à schématiser et à comprendre, la pyramide de Maslow permet de présenter les différentes étapes de la motivation humaine.

Dans ce modèle, les besoins humains sont assouvit selon un ordre hiérarchisé et pré déterminé : physiologique, sécurité, appartenance sociale, estime personnelle, accomplissement.

Si la facilité de compréhension de ce schéma a contribué à son succès, ses limites ont très vite été mises en exergue :

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Et si le temps était à l’apaisement entre le privé et le public dans l’enseignement supérieur ?

En 2021-2022, 2,97 millions d’étudiants (y compris apprentis en BTS) se sont inscrits dans l’enseignement supérieur. L’enseignement privé accueille 24,8 % des étudiants, soit 1,7 point de plus qu’en 2020.

En 2013,  il représentait, près de 18 % des effectifs sur 2 430 100 étudiants.

Ces données illustrent que les effectifs dans le secteur privé concentre l’essentiel de la dynamique en volume.[1]

Conscient qu’il s’agit d’une thématique qui peut générer des réactions épidermiques, l’objet de ce billet est de mettre en perspective les articulations et la légitimité de la coexistence de ces deux architectures éducatives.

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L’ESR face à un phénomène de « shrinckflation » ?

Issue de l’environnement agroalimentaire, la « shrinckflation » consiste à masquer des augmentations de prix des produits en réduisant leur poids ou en substituant des composants alimentaires par des substituts moins onéreux.

De la même façon, l’enseignement supérieur français est soumis  à une logique d’économie de marché et se trouve confronté à un mécanisme d’arbitrage.

Les différentes évolutions législatives nationales et européennes illustrent cette tendance : processus de Bologne, création de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) et de l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), redéfinition des modalités de pilotage des universités par la loi LRU (liberté et responsabilité des universités) en 2007, « Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » en 2019. Ces différentes réformes ont pour but d’évaluer l’activité des instituts de recherche et d’enseignement, ceux-ci navigant entre liberté de programme et contrainte budgétaire.

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Succès de la filière STS en apprentissage

A l’heure où la disparition des sections STS apparait de plus en plus admise, les données publiées dans la note flash du SIES de juillet 2022 éclaire de manière singulière la pertinence de l’existence de cette filière.

Cette filière post bac est sanctionnée par un Brevet de Technicien Supérieur qui s’obtient après deux années d’études.

Si la vocation professionnalisantes à court terme de ces formations peut apparaitre dévoyée à l’heure ou plus de la moitié des diplômés en BTS poursuivent leurs études, l’intégration en entreprise semble répondre aux attentes des recruteurs et les perspectives de poursuites d’études en alternance sont un élément d’adhésion pour les jeunes comme pour les établissements qui les accueillent en Bac+3.

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