Un grand sujet de désaccord : où doit être la communication interne ? Selon les différents postes de dircom que j’ai occupés, j’avais la communication interne… ou pas. Son positionnement ne va donc pas de soi, que ce soit un enjeu de débat ou de pouvoir. Plusieurs écoles s’affrontent, la communication interne doit être rattachée à la communication externe (ce que je pense), à la DRH ou directement DGS, reste le cas plus improbable de la lier au cabinet, ce qui la politise inutilement (et dangereusement). Alors… quel choix stratégique ?

La communication interne… c’est de la com !

Je commence par le plus facile, dans « communication interne » il y a « communication », ni « Ressources Humaines », ni « Direction Générale ». Il ne s’agit pas ici de jouer sur les mots mais d’affirmer les choses simplement : la communication est un métier (j’y reviendrai dans d’autres billets). Nier cela laisse, d’emblée, supposer que n’importe qui peut faire de la communication et qu’elle n’aurait donc rien de professionnelle.

Le revers de cette affirmation serait d’imaginer que si ça reste de la communication, ce n’est que de la communication, voire de la manipulation. Mais pour sortir de ce lieu commun communication/manipulation, la vraie question est la valeur humaine.

La communication interne, c’est aussi des Ressources Humaines

Monter de la communication interne à l’écart de la DRH serait une erreur fondamentale. Comment connaître l’état d’esprit voire l’état de santé professionnelle de l’ensemble des collègues ? Au delà du rapport interpersonnel et de l’instinct (ça existe et ça reste utile), je n’ai utilisé que deux méthodes complémentaires  : l’enquête et l’intégration de la DRH au processus. Négliger cet ou ces étapes conduit à une caricature par laquelle il m’est arrivé de passer : monter un magazine interne en incluant simplement des pages RH. Ce qui me conduit à aborder la question des valeurs.

Les valeurs doivent exister en interne comme en externe

Aujourd’hui, au milieu du bruit médiatique et de l’infobésité, il est difficile d’exister sans attirer le regard et fidéliser par ce que l’institution est fondamentalement. La communication corporate commence toujours par les valeurs véritables et/ou affichées. Il est suicidaire de mettre en avant des valeurs si elles ne sont pas intégrées au management et plus encore si elles ne sont pas partagées par les collègues. D’un côté, une pratique managériale contraire aux valeurs finit toujours par se connaître, question largement amplifiée à l’époque des réseaux sociaux. D’un autre, chaque collègue, étant un ambassadeur de l’institution, s’il présente son organisme de manière trop différenciée, le discours officiel serait invalidé.

Un exemple extrême : si vous faites le pari (et l’affichage) de la solidarité et du bien-être de vos salariés, ne pratiquez pas le harcèlement moral, non seulement votre discours serait rapidement contredit, mais la productivité baisserait et votre recrutement deviendrait plus difficile (réputation), enfin, accessoirement, le harcèlement moral est illégal . Au passage, nous venons donc de souligner qu’une bonne communication ne peut être de la manipulation.

Ne séparez pas la com interne de la com externe !

En conclusion, la communication doit être laissée aux professionnels de la communication, particulièrement si une véritable communication corporate est développée. Si la communication est guidée par des valeurs, elles doivent être développées en priorité à l’interne puis portées vers l’externe.

Si je prends l’exemple de mon institution actuelle, l’Université de Poitiers, elle affirme, depuis quelques mois, une valeur fondamentale, celle du partage des savoirs. Elle a ainsi ouvert gratuitement plus de 200 cours au public… comme à son personnel.