Est-ce qu'un coup de com peut changer les rapports Ministère/Universités

Visuel vu ici

Une petite provocation m’est venue en pleine discussion budgétaire. En effet, comme dans de nombreuses universités, les élus jonglent avec la meilleure volonté du monde avec des millions manquant pour boucler correctement leur budget et les dures décisions à prendre en conséquence. La raison, des moyens en inadéquation avec les besoins de l’autonomie. Je ne rentre pas dans les détails politiques mais je me suis posé une question : quel coup de com° peut attirer l’attention des médias… et responsabiliser l’état ?

Fiction

Brief – Contexte

Avec la LRU, les universités sont davantage responsabilisées dans leur gestion, Ils gèrent particulièrement leur masse salariale, tous statuts confondus (fonction publique d’état, CDI et CDD).

Problème, leur dotation est insuffisante pour tenir ce rôle à budget constant. Louis Vogel, président de la CPU indique (sur son blog) : « Entre le gel de crédits par le précédent gouvernement, les besoins liés aux progressions de carrière des personnels et les impasses sur le budget du ministère de l’Enseignement supérieur, ce sont de 250 à 300 millions d’euros qui manquent à l’appel« .

Ainsi, même si le principe de la LRU doit obliger les universités à mieux maîtriser leurs dépenses, harmoniser (et donner sens) à leur catalogue de formations et évidemment chercher de nouveaux revenus, la responsabilité de l’Etat reste sans appel, affirmation reconnue par la ministre actuelle… qui n’annonce que des réajustements (et des assises).

Brief – cibles

La cible finale est l’état, pour l’atteindre les cibles directes sont les médias et l’opinion publique

Brief – objectifs

L’enjeu est de faire d’une difficulté (déficits, mises sous tutelles et sacrifices), une opportunité (coup de com°).

Plutôt que d’accepter le sale boulot exigé par l’état et ainsi de geler des postes de fonctionnaires, supprimer des CDD et réduire les faméliques budgets des services, il est choisi de mettre l’état face à ses responsabilités.

Ne pas hésiter à être offensif, il faut à la fois interpeller les médias et faire peur au ministère, il n’est malheureusement plus à prouver que, en France, le rapport de force est plus productif (ou bloquant, c’est selon les sujets) que la négociation.

Danger : passer pour des irresponsables archaïques incapables de gérer un budget.
Danger 2 : faire passer les universités pour des établissements sans moyens et donc sans réussite.

Brief moyens

Quasiment rien, faiblesse budgétaire oblige, il y a peu d’argent disponible et évidemment il serait justement mal venu d’en dépenser, question de responsabilité. Soyez inventifs !

Brief délais

Agir avant la mise sous tutelle ou la suppression de nombreux postes et services.

Je passe sur l’univers de marque et l’environnement concurrentiel qui doivent être maîtrisés par tout le monde ici

Propa 1 (il n’y a pas de propa 2 à moins que vous n’en proposiez une)

Il faut d’abord des volontaires et pourquoi pas aller dans le personnal branding en prenant le président de la CPU ou quelques présidents courageux. On fabrique un chèque énorme de type gagnant du loto ou de Koh Lanta.

Dessus :

– Le montant : X centaines de millions ou milliards d’euros (selon le nombre de participants)
– L’émetteur : Les universités sobres, professionnelles et responsables
– L’ordre : L’état qui décentralise ses déficits

Le message : on vous rend l’argent pour payer les fonctionnaires d’état puisqu’il n’y en a pas assez. Vous ne jouez pas le jeu de l’autonomie, soyez responsables. L’enjeu étant évidemment de retourner l’idée de l’irresponsabilité depuis les universités vers l’état (faire d’une difficulté une opportunité).

Il faut évidemment étayer cela de deux messages à décliner

1. Nous savons faire (professionnalisation, fondations, réussite en insertion, recherche…), Donnez nous les moyens de continuer

2. Les responsables, c’est nous, les irresponsables, c’est l’état qui ne met pas en adéquation posture politique et moyens.

Reste le lieu et les moyens : Pas le ministère, ni l’assemblée nationale mais allons-y vraiment : devant l’Elysée, un mercredi, à la sortie du conseil des ministres : on concentre les journalistes et les politiques au plus haut niveau !

Il va bien sûr de soi que ce cas est parfaitement fictif et qu’aucune action de ce genre n’a été envisagée par une université.

Nouvel édit 15-11-12 :

Je viens de voir le communiqué de 14 présidents d’universités pour demander au ministère de gérer à nouveau la masse salariale… comme quoi le sujet n’était pas idiot, c’est moins joli et/ou impactant qu’une action de com devant l’Elysée mais le contenu est là, le courage aussi.

2nd édit 16-11-12 :

Stéphane Gatignon, le maire de Sevran a cessé sa grève de la faim suite au déblocage de fonds supplémentaires pour sa ville : félicitations à lui, mais pour le sujet qui nous importe, cela prouve bien que le conflit l’emporte sur la négociation en France.

5 thoughts on “Est-ce qu'un coup de com peut changer les rapports Ministère/Universités

  1. Le CP à 14 c’est moins fastidieux que la grève de la faim qui fonctionne encore…..

  2. Tout à fait d’accord sur la nécessité de mettre en place une stratégie de communication en ces périodes difficiles plutôt qu’un simple coup de com’ dont les effets sont limités soit qu’on agit seul (dans ce cas il y a peu de chance de se tailler la part du lion…) soit qu’on se retrouve trop nombreux sur le coup (la part du gâteau devenant alors bien maigre…). Quoi qu’il en soit, et au-delà de l’État dont on ne peut faire le seul et ultime responsable de tous nos maux, il y a deux cibles importantes à travailler, quelle que soit l’issue de nos décisions :
    – la communauté universitaire, qu’il faut associer, convaincre et accompagner dans les efforts et les changements à mener avec, et parfois contre, elle.
    – les familles (futurs usagers) pour leur donner un signal positif sur nos capacités et nos projets malgré les difficultés financières dont les médias se font l’écho.
    Dans un cas, éviter le blocage et dans l’autre la désaffection… nous vivons une époque formidable.

  3. Cela nous renvoie à la double nécessité de la communication interne et externe et évidemment à la cohérence entre les deux.

    D’ailleurs, cela pose parfois question, la com interne n’étant pas uniquement associée au besoin d’associer, convaincre et accompagner, absolument nécessaires… Elle aussi dirigée vers les électeurs. Cela rend complexe la cohésion avec la com externe qui peut développer des nécessités contradictoires.

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