Bien sûr, nous communiquons sur les salons, sur la vie étudiante, sur les relations internationales, sur le cadre de vie… mais honnêtement, se limiter à cela et y ajouter quelques communiqués de presse recherche et un catalogue de formations, c’est un peu court. Alors on peut faire mieux avec davantage de moyens, la communication étant un des parents pauvres de l’enseignement supérieur, mais on doit aussi faire beaucoup mieux en misant sur la principale ressource inépuisable (et renouvelable) à notre disposition : les enseignants-chercheurs. J’en ai fait le coeur de ma stratégie depuis deux ans à l’Université de Poitiers. Ni facile, ni même toujours épanouissant mais souvent très enrichissant, il faut les intéresser à la stratégie de l’établissement… en les intéressant à eux-même.
Tour d’horizon
L’avantage : l’expertise
Que peut apporter un enseignant-chercheur à son université, en dehors de sa participation à la vie (plus ou moins) démocratique de celle-ci ?
Il peut aider à monter des projets, convaincre quand l’on se méfie de la com et même valoriser les formations. Cependant je pense surtout à son coeur d’expertise disciplinaire. Nous regorgeons de savoirs à portée de la main, des savoirs agréables par eux-mêmes, utiles pour fournir des visions étayées de faits de société ou d’actualités, indispensables pour la notoriété de l’université… Bref, là, sous nos pieds coule une rivière souterraine, méconnue de la majorité, prête à nourrir l’éditorial de l’établissement… souvent si faible par ailleurs.
Le risque : la dispersion
Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est d’ouvrir grande la porte en faisant un appel au peuple. Si vous vous présentez comme un service prestataire de services… vous serez traités comme tels. Ne vous attendez pas à de la compassion ou même de la compréhension. J’ai vu trop souvent des enseignants chercheurs sauter sur l’occasion pour vous convertir en chargé de communication / attaché de presse consacré voire exclusif… pour le coup, vous serez aussi coupables qu’eux, alors ne leur en voulez pas et concentrez vous sur l’indispensable : la stratégie.
Le bon sens : l’insertion à une stratégie
Nous le savons tous, le principal obstacle demeure le temps. Chaque enseignant-chercheur a un ego (nous aussi), des talents… et parfois de la disponibilité. Pour éviter toute dispersion et surtout être utile à l’université, il faut bâtir en amont une stratégie de communication. Celle-ci aura le bonheur de limiter votre champ d’intervention comme la légitimité de leurs demandes.
Pour faire simple, vous devons compter sur eux en externe, auprès de la presse essentiellement (via des moyens directs et indirects), pour toucher derrière le grand public, mais aussi en interne auprès des collègues comme des étudiants. Le niveau premium implique un grand engagement en devenant média soi-même, c’est encore le plus efficace… et le plus excitant.
Du coup, quelle stratégie ? Je vous laisse le soin de définir la votre, je peux néanmoins vous proposer deux exemples : les experts de l’UQAM (à découvrir ici et là, vous apprécierez au passage la cohérence avec la signature de l’établissement « L’effet UQAM« ) et ceux de l’Université de Poitiers (2011-2013). L’essentiel pour les convaincre est d’intégrer la culture scientifique dans leurs propres intérêts en jouant gagnant sur le duo notoriété personnelle / notoriété de l’établissement et de ne pas perdre de vue à la fois la cible grand public et les cibles « prescripteurs ».
Doit-on convaincre tous les enseignants chercheurs ?
Naturellement, il est idéalement souhaitable de rallier le maximum d’acteurs à la stratégie d’établissement et sa stratégie de communication. Cependant, le bâton de pèlerin est parfaitement inefficace face aux gardiens du temple… Nous observons trop souvent de la part de certains collègues enseignants une forme de snobisme, pas celui de ne pas comprendre la communication mais de refuser de s’y intéresser et d’en être fier car, in fine, la communication… c’est sale… et c’est dommage pour eux, comme pour nous.
Mais au fond, quelle importance ? Dans une université, ils sont plusieurs centaines ou milliers… et nous n’avons besoin que de quelques dizaines de volontaires généreux et géniaux pour réussir un éditorial de qualité qu’il serait difficile de réaliser sans eux. Alors sourions et avançons, ces rencontres sont souvent d’une richesse inouïe… et comme l’université est gagnante.
Le visuel vient d’ici
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