Tout le monde ou presque voyait venir la montée constante du FN, peu l’imaginait si forte. Ce vote s’est transformé, plus personne ne peut parler d’un vote contestataire de premier tour. Il faut admettre un vote d’adhésion voire de conviction bien avant de se contenter de vote sanction. Au delà des mots choisis par le FN « vote d’amour » là où ils sèment le rejet avec tant de constance, la question, malheureusement aussi constante nous hante : que faire où nous sommes ?
Un constat sans appel : régression et sécession sans précédent
Rien de neuf me direz-vous mais une ampleur encore récemment inconcevable.
Les savoirs régressent, la lutte contre l’ignorance n’est plus un objectif premier ni sa disparition un horizon. Le progrès des civilisations passait par l’instruction, l’éducation nationale était cette école où la République transmettait ses valeurs. Je crois que nous n’y sommes plus. Des territoires entiers ont été abandonnés et nous renvoient désormais leur vote comme une sécession, un retrait, une fracture mais également comme une nouvelle façon de voir le monde : « le monde me fait peur et je ne veux pas qu’il frappe à ma porte ». Quelle profonde tristesse, nous et les autres, nous sans les autres, et peut-être nous contre les autres, mon identité contre la tienne.
L’enseignement supérieur ne doit pas faire de la politique mais du soft power
Chacun peut évidemment militer politiquement, en commençant par les partis politiques qui ont souvent abandonné les discours humanistes, mais ce n’est pas ici le propos. Quels rôles doivent jouer les universités et les écoles, là où naissent les savoirs, là où ils évoluent et se précisent grâce à la confrontation des idées pensées, argumentées et détaillées ?
Que faire dans un milieu qui nourrit sa recherche des échanges internationaux ?
Que faire dans un milieu qui accueille 271 399 étudiants étrangers (Unesco, 2014) ?
Que faire dans un milieu dont parmi les missions se situent en bonne place : « l’élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel de la nation et des individus« , « la réduction des inégalités sociales ou culturelles » et « l’accès aux formes les plus élevées de la culture » (Article L123-2 du code de l’éducation) ?
Je sais que l’on s’y met, je sais que ça prend du temps, mais que les résistances sont nombreuses, les priorités différentes, les carrières peu concernées par ces objectifs.
Nous restons encore trop enfermés dans nos tours d’ivoire avec nos savoirs savamment cachés sous des mots inaccessibles aux plus nombreux, comme si la science ne pouvait exister que sous un état pur et inaccessible aux profanes.
Je ne sais pas qui a éteint les lumières mais je sais que nous pouvons les rallumer.
Aujourd’hui, plusieurs France cohabitent et s’ignorent royalement comme si chacune n’avait plus besoin de l’autre. Il faut réveiller la curiosité des savoirs, de l’autre et des cultures. Il faut vulgariser, innover, tenter de nouvelles méthodes de diffusion des savoirs. Surtout il faut le faire systématiquement et constamment et non au coup par coup.
Il n’y aura pas de magie, le Front National a de très très trop belles années devant lui, il y aura beaucoup de défaites pour la raison et de victoires pour l’ignorance et la peur mais si nous partons perdants d’avance, nous serons responsables de ces échecs.
J’espère que les nombreuses élections universitaires de 2016 feront place à cet enjeu parmi les thèmes de campagne.
Bonsoir. J’aurais bien des choses à dire sur la situation actuelle de notre enseignement, mais je me contenterai de déplorer que le retrait du PS au second tour des régionales, dans le Nord et en PACA, y laisse, pour six ans, la gauche sans le moindre pouvoir d’opposition, voire de contrôle efficace, en ce qui concerne la situation des lycées, leur sort ne dépendant alors plus que du FN .. et de l’Etat (!).
Bien cordialement.. Michel Helly, de Grenoble
C’est une vraie question… pour le coup très politique. Se retirer pour laisser une chance à la défaite du FN ou accepter la victoire du FN, se maintenir et pouvoir agir dans l’opposition régionale… c’est quand même terrifiant de se retrouver face à ces choix (ce qui en soit, est déjà une victoire du FN quelque soit l’issue de dimanche prochain)
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