Si je peux faire un constat au moment où je m’apprête à quitter l’Inalco, c’est que je n’ai jamais connu communication plus complexe que dans l’enseignement supérieur mais également aussi riche. Il est impossible d’arriver à épuiser toute la matière. Il n’est possible que d’épuiser nos énergies… mais nous en avons beaucoup.
Il ne s’agit pas ici de se plaindre de l’égoïsme ou de l’inconsistance des uns ou du mépris des autres. La réalité est que l’enseignement supérieur n’a jamais aussi rapidement évolué. Il s’ouvre, dialogue, se questionne sur ses qualités et ses capacités à s’adapter au monde du XXIème siècle, s’intègre et se décomplexe… alors la prochaine fois que vous cherchez un nouvel établissement pour y travailler et vous y engager… cochez les cases !
□ Un établissement en mouvement
Bien sûrs des universités, écoles et instituts sont dans la résistance, la nonchalance, coquilles administratives obnubilées par l’idée de ne pas faire de vagues et de ne rien changer… mais regardez de près, ils sont de plus en plus rares et avec les récentes élections, leur part va encore se réduire.
D’un côté le monde se complexifie et a besoin d’expertise, de formation (plus de FC notamment), des PME ont besoin de R&D sans avoir les moyens de payer à demeure une équipe dédiée. Surtout, des pans entiers de nouvelles économies sont en train de se développer très vite… et ils ont soif. Pendant ce temps, les pouvoirs publics ont tendance à se désengager voire à revenir sur des promesses de crédits comme nous l’avons vu récemment.
D’un autre côté, nous faisons face à une seconde génération plus instruite, plus souple et plus exigeante que celle qui l’a précédée. Dans deux ans, 75 % des employés seront issus de la génération Y, tous les codes en sont renversés… Bref, condamnés à changer, autant anticiper au maximum ou au moins accompagner le mouvement.
□ Un établissement décomplexé
La conséquence logique du précédent point est de bouleverser l’institutionnel et de n’y gaspiller, ni énergie, ni moyens, ni surtout image dépassée et déclassée. L’enseignement supérieur n’est plus un horizon ou un nirvana à atteindre comme une consécration finale… il est devenu un acteur et doit se comporter comme tel, à la fois puissant, sûr de ses forces, et accessible, souple et disponible. Chaque établissement doit découvrir et affirmer sa propre spécificité et se transformer en vraie marque… et y rester fidèle… ce qui suppose un art maîtrisé du compromis et du renoncement au compromis : savoir dire « non » à certains projets, savoir hiérarchiser, savoir privilégier la cohérence, savoir innover, savoir penser différemment… savoir assumer.
□ Un établissement qui interagit avec la société
Pour moi, ces interactions passent évidemment par la formation et la recherche, mais aussi par la diffusion des savoirs, de haute qualité comme plus modestement ludiques. Elles passent par une responsabilité qui dépasse les simples tribunes de bonnes intentions quand il s’agit de combattre l’ignorance, la peur, la haine et le rejet des autres. Elles s’expriment dans un softpower tenace et engagé. Elles doivent co-construire les changements de demain… Ces établissements existent, encore trop peu nombreux, par peur de l’engagement et d’un positionnement trop marqué.
□ Un établissement qui expérimente
Un établissement doit oser sans craindre de se tromper. Agir, tester, évaluer… sans peur et sans reproche. La frilosilité n’est plus permise aujourd’hui, tout vas trop vite et pour tout dire… surtout en dehors de la France. Les exemples ne manquent pas pour rattraper les autres établissements et il faut en même temps trouver de nouveaux chemins et anticiper, proposer des alternatives. Certaines universités sont plus puissantes que leurs partenaires territoriaux, s’investissent-elles suffisamment dans le territoire ? Elles ont une responsabilité économique, sociale et écologique bref une responsabilité sociétale décisive dans de nombreux cas.
□ Un établissement qui se donne les moyens en communication
En corrélation avec tous les précédents items et pour en revenir à ma paroisse : chaque établissement doit se doter d’une vraie direction consacrée à la stratégie, et d’une communication suffisamment puissante pour dépasser les simples prestations de service. Une communication associée aux projets, autonome et intuitive. Une communication guidée par la marque. Une communication profondément éditorialisée. Il n’est plus possible de faire du bricolage. Les décalages entre acteurs du supérieur commencent à devenir criantes.
□ La place du dircom dans la stratégie
C’est la dernière bonne nouvelle, cette évidence est devenu un fait majoritaire ces dernières années, on écoute le dircom, mieux ou lui demande conseil. Il participe désormais aux comités de direction dans plus de la moitié des établissements (même si certains se passent encore de dircom). Questions que j’ai déjà abordées ici : Quand la com construit la stratégie d’établissement ; Communicants : profitez des élections ! ; Et si la com se décomplexait sur sa légitimité. La stratégie se professionnalise.
Bref… je cherche mon prochain défi avec toutes ces cases en tête.
… Bon, après… je peux aussi devenir consultant
Le visuel vient du site recrutons.fr