Présentation de G. Miquelard-Garnier (exercice pas facile d’auto-biographie « succincte »)
Qui suis-je ?
J’ai 35 ans. Je suis Maître de Conférences depuis 5 ans exactement, au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) à Paris, dans le domaine de la Science des Matériaux et je travaille plus précisément sur les matériaux plastiques. Le CNAM est un établissement un peu atypique dans le paysage français: fondé pendant la révolution française, il s’agissait un peu du pendant du Collège de France pour les sciences appliquées et ce qu’on appelle communément le « génie ». Il reste extrêmement connu du milieu industriel, notamment parce qu’il fut le seul établissement, pendant longtemps, à délivrer des diplômes reconnus en formation continue (diplôme d’ingénieurs en cours du soir, par exemple). Aujourd’hui, le CNAM a étendu ses activités d’enseignement à la formation initiale également, notamment par apprentissage, mais donc toujours en fort contact avec l’industrie.
Auparavant, j’ai intégré sur concours l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de la ville de Paris (ESPCI) de 2000 à 2004 avec une année de « spécialisation » à l’époque obligatoire à l’école en 2003-2004 (DEA « Matière Condensée » – l’ancêtre du M2- à l’Université Pierre et Marie Curie, UPMC). L’ESPCI est une école d’ingénieurs elle aussi un peu atypique, puisque bon an, mal an, 2/3 des élèves de l’école poursuivent leur cursus par une thèse et puisqu’on trouve sur le site de l’école un nombre non négligeable de laboratoires et de chercheurs internationalement réputés. Pour ma part, venant d’une famille absolument « non-scientifique », ma « vocation » de chercheur est née plutôt tardivement, en 3ème année d’école, pendant un projet de quelques semaines en laboratoire. L’ambiance de travail, la liberté et l’autonomie, ainsi que la stimulation intellectuelle quotidienne que je n’avais jusque-là pas souvent ressentie, m’ont incité à tenter ma chance dans cette voie.
J’ai fait ma thèse au sein du laboratoire SIMM, soutenue en décembre 2007. Le sujet, bien qu’expérimental, était très « fondamental », sans partenariat industriel. J’ai enseigné pendant ma thèse via des monitorats pour l’UPMC et des tutorats à l’ESPCI. En janvier 2008, je suis parti pour un post-doctorat aux Etats-Unis, plus précisément à l’Université du Massachusetts à Amherst dans le « département » (l’équivalent d’un gros laboratoire français en termes de taille) « Polymer Science and Engineering ». En janvier 2010 je suis rentré en France et en mars 2010 j’ai entamé un nouveau post-doctorat, partenariat entre le CNRS et Essilor à l’Université Paris-Sud d’Orsay au laboratoire de physique des solides.
En parallèle, j’ai passé plusieurs concours Maître de Conférences en 2009 (classé 3ème puis 2ème), et en 2010 (2ème, 2ème au CNAM, non auditionné), ainsi que le concours chargé de recherche du CNRS en 2010 (non classé).
Après 3 ans de post-doc, une expérience à l’étranger, et avec ma compagne dans la même situation que moi, je commençais à être lassé de l’instabilité de la situation, d’être le Poulidor des auditions où je me présentais, et du caractère aléatoire ou en tout cas très sévèrement non optimisé du système de recrutement académique français (ceci fera peut-être l’objet d’un article), et je trouvais également que la qualité de ma recherche et le plaisir que j’en retirais baissaient fortement au fur et à mesure que je passais de plus en plus de temps à la recherche d’un poste.
Alors que j’étais en train de réécrire mon CV pour candidater dans les grandes entreprises françaises du secteur dans lesquelles la majorité de mes amis d’école avaient été embauchés « aisément » à la fin de leur thèse, j’ai reçu un coup de téléphone du titulaire de la chaire Matériaux du CNAM, m’annonçant que le candidat classé premier s’était désisté. Après quelques hésitations j’ai pour ma part fini par accepter le poste et « m’installer » en septembre 2010*. Il se trouve que je pense toujours, 5 ans plus tard, avoir fait le bon choix, même si la vie n’est pas toujours rose pour l’enseignant-chercheur français (en général) comme il nous arrivera d’en discuter ici.
Pourquoi ce blog ?
Dans mes activités annexes, j’ai avec un ami fondé en 2012 un « cercle de réflexions », l’Alambic, dont le but était de produire, entre autres, un état des lieux, le plus objectif, sourcé et documenté possible, de l’enseignement supérieur et la recherche en France. Et si possible d’apporter, dans la mesure de nos faibles moyens, des pistes d’amélioration dans les cas où nous nous en sentions capable. Nous avons publié des tribunes dans divers médias, organisé des journées de réflexion, mais aussi mis en place 24h d’un cycle de conférences pour l’IEP Paris.
Pour diverses raisons, les activités du cercle de réflexion se sont considérablement ralenties en 2015. Cette activité m’a néanmoins permis de pousser plus loin des réflexions sur l’évolution du système français de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de mieux les structurer pour les diffuser. Certaines ont eu, semble-t-il, un petit écho. Mon parcours m’a amené à évoluer au sein d’un bon nombre des différentes facettes de ce « petit monde » dans lequel j’évoluais (les grandes écoles, l’Université française et américaine, la formation continue, la recherche fondamentale et la recherche plus appliquée…), et comprendre sa grande complexité (malgré sa petite taille) était déjà l’une de mes préoccupations il y a plus de 10 ans. Je souhaite donc poursuivre ce travail dans le cadre de ce blog, en espérant qu’il sera lu et commenté, et, qui sait, que certains articles feront réagir la communauté.
Dans les prochains articles, j’évoquerai par exemple la mutation du système de financement de la recherche française et ses conséquences. Paul pourra sans doute rebondir sur le sujet en exposant ce qu’il se passe au Canada et aux Etats-Unis. Plus tard, j’en profiterai sans doute pour revenir sur l’évolution des moyens de l’ANR (l’Agence Nationale de la Recherche, créée en 2005 pour financer les projets des chercheurs français) ces dernières années. Je souhaiterai aussi écrire sur les carrières de chercheurs ou d’enseignants-chercheurs dans le domaine académique, sur le devenir des doctorants, et bien d’autres choses, qui pourront aussi varier en fonction de l’actualité et éventuellement être écrites à 4 mains avec Paul…Il est d’usage de signaler que les propos tenus dans ce blog n’engagent que moi…
* Depuis 2012, l’équipe du CNAM a été intégrée au laboratoire PIMM, situé à l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers, où je suis donc basé le plus souvent. Pour plus d’informations sur ces activités, qui ne feront que rarement l’objet de mention dans ce blog, il est possible de consulter ma page web.