Les derniers résultats de l’ANR (environ 1000 projets financés en 2014, dont seulement 800 sur l’appel à projets générique, 667 projets sélectionnés pour l’instant en 2015 [1]), et les gels des ouvertures de poste pratiquées par bon nombre d’Universités sont alarmants. On ne peut en consultant ces chiffres s’empêcher de se demander quelles politiques de recrutement et de financement on envisage pour la recherche académique française. Et plus prosaïquement, qui fera la recherche en France dans les prochaines années si l’on continue dans cette voie .
Historiquement, le système français était plutôt fondé sur des crédits dits récurrents (attribués directement aux organismes et aux laboratoires, et répartis ensuite à peu près uniformément entre chercheurs). Le fonctionnement typique d’un laboratoire était (et est parfois encore) un assemblage de petites équipes « pyramidales » de permanents (un chercheur senior, deux ou trois chercheurs junior) avec un recrutement plutôt jeune, et donc relativement peu d’étudiants ou de chercheurs « précaires » (ATER, post-doctorants…). Si l’on préfère, le fonctionnement se faisait avec un ratio permanents/non permanents élevé. Dans ce système, le chercheur junior est celui qui est en charge de faire la recherche au quotidien, d’obtenir les résultats et d’encadrer de près un petit nombre d’étudiants et de chercheurs non permanents, avant de, plus expérimenté, migrer vers des activités de mentorat scientifique de l’équipe (rôle du chercheur senior).
Ce fonctionnement était à l’opposé de ce qui se fait ailleurs, notamment dans le monde anglo-saxon ou en Allemagne. La recherche est dans ces pays financée exclusivement ou très majoritairement sur projet, c’est à dire par « appels d’offres » (ou « appels à projet »). Les chercheurs, principalement à titre individuel, plus rarement sous un format collaboratif, décrivent leurs idées sous formes de projets à des agences gouvernementales ou des industriels en y incluant un budget prévisionnel. Une sélection est ensuite effectuée par des panels d’experts et l’argent réparti en fonction de leurs choix. Dans ce système, il y a par comparaison peu de permanents et beaucoup de non-permanents recrutés sur les budgets issus des appels à projets pour la durée de ceux-ci. C’est un fonctionnement plus « individuel » (chaque chercheur, junior ou senior, gère son propre groupe de doctorants et post-doctorants, en fonction de son budget). Le chercheur est, dans ce système et dès son recrutement (aux USA, la tenure-track[2]), un chef de groupe/chef de projets, dont le rôle est de trouver les financements, de les répartir, de recruter, et de définir les grandes orientations intellectuelles. La recherche proprement dite est alors très majoritairement effectuée par les non-permanents, le chercheur permanent, même jeune, ayant une large part de « management » à assurer.
Il n’est pas ici question de débattre des avantages et inconvénients des deux systèmes (le premier peut favoriser le mandarinat et un système de « rente scientifique » quand le second amène une tendance à l’effet Matthieu[3] et mise beaucoup pour le recrutement des précaires sur un fort attrait des pays asiatiques qui n’est peut-être pas éternel, notamment pour des universités moins célèbres qu’Harvard, Oxford ou le MIT).
Toutefois, il faut constater que, depuis une quinzaine d’années au moins, et encore plus depuis la mise en place de l’ANR en 2005 et les réformes initiées par V. Pécresse et poursuivies jusqu’à aujourd’hui, le système français est en mutation.
Les recrutements sont devenus plus tardifs, autour de 33 ans en moyenne[4] pour un maître de conférences ou un chargé de recherches, soit typiquement 4 à 6 années après l’obtention de la thèse (pour les sciences dites dures où la durée de la thèse est de 3 ans).
Figure 1 : il y a 15 ans, plus de 70% des nouveaux recrutés Maître de Conférences l’étaient moins de 2 ans après l’obtention de leur thèse. Aujourd’hui, cela ne représente plus qu’un cas sur 2.
Les financements récurrents ont été largement diminués au profit des financements par projet. Les appels à projets, principalement par le biais de l’ANR ou européens, ont développé les recrutements de post-doctorants. Les initiatives pour promouvoir l’excellence individuelle des chercheurs se sont multipliées (la prime d’excellence scientifique pérennisée même si rebaptisée, les financements jeunes chercheurs nationaux ou européens sur un modèle de tenure-track ou servant à financer un groupe de recherche indépendant).
Or, plus récemment, la RGPP conduit, malgré l’autonomie des universités, à un effondrement alarmant des recrutements de chercheurs et enseignants-chercheurs permanents à l’Université et dans les EPST. En moins de 5 ans, le CNRS est passé de 400 chercheurs recrutés par an à 300 (soit d’environ 350 à 280 jeunes chercheurs). En 2015, 1310 postes de maîtres de conférences (« nouveaux entrants » dans le système) ont été ouverts au concours contre 1450 en 2014 et alors qu’il y en avait encore plus de 2000 il y a 5 ans. Il convient de préciser que tous, pour diverses raisons, ne sont d’ailleurs pas pourvus (environ 10%) et que d’autres, 10% environ également, le sont en mutation, donc par des gens déjà en poste : ainsi en 2014, pour 1400 postes proposés, il n’y a eu « que » 1130 recrutés.
Figure 2 : évolution du nombre de postes ouverts au concours (attention ici il ne s’agit que de la session synchronisée, cf figure 3)
Figure 3 : différences postes autorisés (par le Ministère) et postes publiés par les Universités[5] (source pour les deux figures : http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/statistiques/13/5/bilan_recrutement_2014_v2_405135.pdf)
Cette situation a conduit le conseil scientifique du CNRS à s’alarmer l’an dernier, et ne s’améliorera pas du fait des énormes difficultés financières d’un bon nombre d’établissements, dont le symbole fut Versailles Saint-Quentin[6].
En parallèle, le budget de l’ANR alloué aux projets est passé de plus de 600M€ en 2010 à à peine plus de 400 en 2014, le nombre de projets financés de 1300 en 2010 à 1050 en 2014 dont un quart hors de l’appel à projets générique. Le taux de réussite à l’appel générique est historiquement passé sous la barre des 10% en 2014 et ne sera guère plus élevé en 2015 (s’il l’est c’est simplement parce que le nombre de projets déposé a fortement chuté, peut-être un premier signe de la démotivation grandissante de la communauté).
A cela s’ajoutent les effets liés à la loi Sauvadet de 2012. Cette loi, qui favorise le passage en CDI des personnels contractuels après 6 ans passés dans la fonction publique, a jeté un froid dans certains laboratoires et certaines disciplines scientifiques (notamment celles qui recrutaient à 37 ans…). Les budgets ne permettant que rarement ces « cdisations » non planifiées, les ressources humaines des organismes sont aujourd’hui très craintives et rendent difficile l’embauche d’un post-doctorant dès sa 4ème voire 3ème année. La baisse du budget de l’ANR, dont il a été dit qu’elle était un simple retour de balancier vers plus de financements récurrents, a d’ailleurs probablement principalement servi à financer ces titularisations non anticipées dans la mesure où l’argent ne semble pas arrivé jusqu’aux laboratoires. En lien avec cette loi Sauvadet et cette résorption de la « précarité » dans l’enseignement supérieur et la recherche, on peut également souligner que les règles de l’ANR concernant l’embauche de contractuels ont été modifiées récemment: il faut aujourd’hui sur un projet 3 permanents à temps plein pour recruter un non-permanent à temps plein. Le post-doctorat en France, historiquement peu répandu pour les raisons explicitées ci-dessus, et qui s’était développé du fait de l’arrivée de l’ANR, va donc certainement sensiblement diminuer dans les années à venir[7].
Le nombre d’inscription en doctorat commence également à chuter, même si la STRANES a récemment annoncé (avec quels moyens et dans quel but? – voir note [8]) comme objectif chiffré de délivrer 20000 doctorats par an en 2025 (contre 12000 aujourd’hui). On doit également noter la répartition tout sauf uniforme des doctorants dans les laboratoires, et se demander quelle sera l’évolution puisque là aussi, toutes les possibilités de financement s’amenuisent. [8]
Nous nous trouvons donc aujourd’hui au milieu du gué, et l’on se demande si nous y sommes arrivés de façon réfléchie ou simplement par suite de tiraillements successifs et aléatoires dans les directions opposées que sont ces deux systèmes: des financements récurrents qui ont quasiment disparu mais en parallèle des financements sur projets qui s’effondrent. Des permanents qui ont de moins en moins de temps à consacrer à la pratique de la recherche pour en passer de plus en plus à la gestion (de projets, de groupes) pour les plus talentueux ou chanceux, et à la lutte pour l’obtention des crédits nécessaires à leur activité pour les autres. Et de moins en moins de jeunes chercheurs non-permanents dans les laboratoires et de plus en plus de difficultés à les financer ou plus simplement à les attirer (puisqu’on ne peut honnêtement plus rien leur promettre et que les salaires proposés ne sont toujours pas compétitifs).
La question se pose alors simplement : qui, en dehors de quelques derniers doctorants passionnés qui pourront encore être financés, fera demain de la recherche dans les laboratoires publics en France ?
Nota: Ce billet est une reprise largement augmentée, modifiée et actualisée d’une tribune parue dans le Monde en 2014, mais qui me semble hélas toujours plus d’actualité.
[1] Voir http://www.agence-nationale-recherche.fr/financer-votre-projet/appel-a-projet-generique-actualites/, http://www.agence-nationale-recherche.fr/suivi-bilan/plan-d-action-2014/resultats/ et http://www.agence-nationale-recherche.fr/fileadmin/documents/2014/ra/WebReader.html
[2] Grossièrement, un « contrat à durée déterminée » donnant lieu à une évaluation, au bout de 5 ou 6 ans, conduisant -ou non- à une titularisation en tant que personnel de l’Université, dont Paul expliquera prochainement les mécanismes en détail.
[3] Selon un article de Science, 6% des chercheurs américains monopolisent 28% des financements.
[4] Il faut noter que cet âge moyen, relativement constant depuis une dizaine d’années, est dû à une large disparité entre disciplines littéraires (où les néo-recrutés ont de 36 ou 37 ans) et disciplines scientifiques (où les néo-recrutés ont en moyenne moins de 31 ans, si l’on exclut la biologie). Il est cependant intéressant de noter que cet écart à la moyenne se réduit (les littéraires sont recrutés plus jeunes, les scientifiques plus vieux), probablement en lien avec des raisons explicitées plus bas dans l’article.
[5] Le Ministère communique essentiellement sur les postes « autorisés ». Une grande partie des établissements d’enseignement supérieur étant en difficultés financières, ces postes autorisés par le Ministère ne sont pas ouverts par les Universités en difficulté, notamment pour des raisons liées au GVT (glissement vieillesse technicité, terme utilisé pour expliquer que la carrière d’un enseignant-chercheur, comme de tout fonctionnaire, est constituées d’échelons que l’on peut gravir à l’ancienneté : ainsi, dans un cas sans embauche et sans départ, le budget augmente néanmoins chaque année).
[6] Quant à celles en bonne santé, l’Etat leur a prélevé une partie de leur fonds de roulement.
[7] Plusieurs années de post-docs étant aujourd’hui nécessaires dans l’optique d’un recrutement, on reparlera sans doute dans quelques années de fuite des cerveaux. Et l’ANR financera de nouveaux des programmes « retour post-doc »…
[8] Il faut compter environ 100k€ pour 3 ans de salaire en thèse sans accompagnement, même si toutes disciplines confondues, environ 20% des thèses se font encore sans aucun revenu pour les doctorants. A cela s’ajoutent les difficultés d’insertion toujours récurrentes des docteurs en France, qui est tout sauf une incitation pour les meilleurs éléments à envisager le doctorat comme un choix de carrière judicieux et contribue à expliquer les baisses récentes d’inscription…
Analyse pertinente et très réaliste. Il y a toutefois d’autres spécificités du système français. Par exemple:
En Suisse (qui fonctionne comme l’Allemagne sur projets avec une majorité de non-permanents), ainsi que dans d’autre pays, les professeurs ont en général à leur disposition un ou deux postes d’assistants-doctorants (équivalents à des moniteurs ou ATER), qu’ils recrutent librement ou collectivement. Chaque professeur ou équipe a ainsi la garantie d’avoir en permanence un ou deux doctorants, ce qui permet également d’assurer la pérennité d’un ou deux axes de recherche sans avoir à chercher des financements. Tout en assurant le soutien aux enseignements. En France au contraire, un professeur ou directeur de recherche peut se retrouver plusieurs années sans doctorant s’il n’obtient pas de financement … avec les conséquences que cela peut avoir sur la continuité de la recherche.
Autre particularité: les étudiants salariés des hautes écoles, un système inégalitaire qui, en tant que Suisse (et démocrate convaincu) m’a toujours choqué. Et si l’on supprimait ce statut et qu’on réaffectait les sommes au financement de thèses ?
Bonjour,
Merci pour votre commentaire et ces compléments d’information sur la Suisse que j’ignorais (ou plutôt, j’ignorais qu’ils étaient généraux). Concernant les quelques écoles avec des étudiants salariés, j’ignore quelle somme cela représente. Cela concerne quasi uniquement l’ENS, je pense (l’X dépendant du Ministère de la Défense si je ne m’abuse).
L’ENS c’est en gros 2500 étudiants si je ne m’abuse, à 1300€ net/mois, soit en brut à la grosse louche 20k€/an. Une somme de 50M€? C’est vrai que vu les financements actuels, ça n’est pas (plus) négligeable…
Une bonne partie des étudiants payés par l’ENS n’est elle pas en fait en thèse ? Il faudrait alors en gros diviser les 50M€ par 2.
Bonjour,
Oui c’est possible, j’ai vraiment fait ce calcul sans trop y réfléchir 🙂
La comparaison avec les systèmes d’ESR des autres pays francophones (Suisse, Belgique, Québec…) est très pertinente, car ceux-ci sont globalement plus inspirés du modèle anglo-saxon que du nôtre, c-a-d que les « groupes » sont organisés principalement autour d’un seul « full professor ». En Belgique les « services » ressemblent quand même un peu à nos UMR françaises, mais il y a très peu de chercheurs permanents (FNRS, équivalent du CNRS) et certains collègues restent dans des positions plus ou moins stables de « chargés de cours ou de travaux assistants » pendant toute leur carrière. La Suisse est particulière car le « Fond National Suisse » est doté de moyens très conséquents, et l’ETH de Zürich est par exemple le seul organisme hors USA/UK à figurer dans le top du classement « Times Higher Education ». Concernant les grandes écoles (GE) françaises, je ne dirais pas comme le collègue d’origine suisse (origine partagée par le président actuel du CNRS…) qu’elles sont « antidémicratiques » mais plutôt « méritocratiques »: ce qui me choque c’est que c’est le Ministère de la Recherche qui organise un traitement différent entre les GE et les universités: par exemple à Paris intra-muros, les GE ont leur contractualisation (tous les 4 ans ou les 5 ans dorénavant) qui sont sont déphasées d’une demi-période par rapport aux universités parisiennes: je me souviens que lorsque j’exerçais dans une université parisienne, je m’étais fait taxer de « FFI de la dernière heure » par un collègue de la Montagne Ste Geneviève parce que je lui demandais quelques subsides trop tardivement par rapport au projet qu’il avait défendu lui-même au Ministère (au nom de tout un tas de labo: c’est une vieille technique d’universitaires français, quand on négocie au Ministère on est 500, mais dès qu’on touche les sous ont n’est plus que 10, c’est exactement l’inverse que dans les vers du Sid de Corneille…)
Cher Guillaume,
beaucoup de vérités factuelles dans votre billet, mais aussi beaucoup de lieux communs… allez, je vous aide à être plus trash: le problème dans l’ESR français est le même que chez les pompiers… beaucoup trop de capitaines, de colonels et de généraux et pas assez de sapeurs! Par exemple dans les universités qui se sont regroupées en IdEx, combien de vice-président(e)s sont apparu(e)s, quelles économies d’échelle ont été faites? La plupart des « cadres » aux manettes (donc les CVs qui sont pléthores sur le site Educpros sont aussi indigents en recherche, et parfois aussi en enseignement véritable face aux étudiants…) alors qu’ils touchent des salaires et des primes aux plafonds de la fonction publique. Si on compare au système US, on se rend compte que là-bas un directeur d’un département n’exerce cette position que pendant quelques années, avant de revenir au même statut que ses collègues (et sans perdre contact avec la recherche, au contraire de bon nombre de nos huiles universitaires françaises). Je suis tout à fait d’accord avec vous: on est au milieu du gué, avec un système mi-libéral (appel d’offres à tout va, prime à l’excellence…), mi-colbertiste (forte centralisation). La génération Y a été sacrifiée (nombre de postes divisés par un facteur >2 par rapport à la fin des années 90′). Je n’ai pas beaucoup de propositions pour essayer d’améliorer ça, si ce n’est que chacun fasse sérieusement son boulot, c’est-à-dire assurer les missions de recherche/enseignement/diffusion/valorisation avec le plus de sérieux et d’intégrité scientifique qu’il/elle le peut, en s’éloignant des querelles politique et de chapelles. Bref, donner l’exemple et bosser le plus possible pour son organisation (labo, école ou université) afin que les jeunes que nous formons trouvent un travail, que ce soit dans le privé ou, pour un petit nombre, dans la recherche académique. Et quant aux huiles qui sont à la tête des institutions locales ou nationales: leur rôle est de ramener des crédits pour leurs collègues qui sont restés proches de la paillasse ou de l’amphithéâtre, un point c’est tout!
Bonjour,
Des lieux communs, sans doute, mais dont tout le monde ne me semble pas forcément toujours bien conscient dans les labos ou dans mon entourage. Ou alors, c’est du niveau du ressenti, et ici j’essaye de poser quelques chiffres, qui, s’ils sont publics, ne sont pas toujours faciles à trouver, et synthétiser…
Bref, il faut bien commencer quelque part et on en dira plus plus tard 🙂
Ensuite, oui, il y a aussi en plus une superposition de structures qui peuvent parfois un peu faire ressembler l’ESR à une armée mexicaine, c’est probablement une bonne idée de billet de blog pour plus tard…
oui Guillaume, votre article est un excellent commencement pour poser le décor… désolé pour la provocation, c’est plus facile pour moi qui écris sous pseudonyme! J’ai juste la chance d’être passé quelques années avant vous (très exactement 119-111…) par les mêmes stades et des réflexions très analogues, qui me font penser aujourd’hui que l’état actuel hybride entre le système anglo-saxon (qui n’est pas une panacée loin de là) et français (qui soufrait certes de lourdeurs, mais permet aussi des économies et une grande efficacité en terme du ratio du nombre et de la qualité des publications / moyens mis en oeuvre, grâce à la mutualisation des appareillages au niveau des laboratoires) est de moins en moins tenable… Comme je vous avais écrit en aparté, je suis revenu de l’approche purement syndicale qui consiste à défendre le passé idéalisé des « crédits récurrents » dans les les labos (qui n’a jamais vraiment existé et signifiait aussi beaucoup de mandarinat et de centralisme des moyens), mais je ne suis pas non plus pour l’excellence à tout crin qui profitent surtout aux « expéri-menteurs » et autres « terro-riciens » – heureusement pas tous les lauréats de l’ERC! Une émulation positive avec un partage des moyens entre tous ceux qui se donnent a peine de travailler, bref l’excellence partagée du type de celle des ballets du Bolchoï plutôt qu’une armée mexicaine… la recherche c’est comme la haute couture… c’est futile mais juste indispensable, et il faut des années à former les scientifiques, ce que ne comprennent pas nos « élites » politiques (d’où la très bonne citation de Frédéric Joliot qu’on peut lire actuellement sur le site web du SNCS).
Pas de problèmes avec la « provocation », il faut savoir dire les choses aussi 🙂
Je suis à peu près aussi persuadé que vous que notre système hybride a surtout pris un peu le pire de chaque système et qu’il devient de plus en plus difficile d’y naviguer… j’ai aussi un peu le même problème avec les organisations syndicales ou associations, qui me semblent souvent défendre des positions intenables et même pas forcément souhaitables, même s’il est nécessaire d’avoir des voix qui portent et que ce petit blog n’est probablement pas une solution non plus… Bref, on réfléchit à comment faire, ce n’est pas facile.
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