Le Canada connaît l’alternance: après plus de 10 ans de gouvernement Harper, les libéraux canadiens reprennent le pouvoir via Justin Trudeau, fils de Trudeau (premier ministre légendaire qui a donné son nom à l’aéroport de Montreal). Une victoire qui a suscité de nombreuses réactions dans le milieu de la recherche scientifique.
Car les relations entre Harper et ce petit monde qui nous est cher étaient parfois houleuses. L‘agence Science Presse (et l’émission « Je Vote pour La Science ») permettent de remonter l’historique des « contentieux » entre scientifiques canadiens et le précédent gouvernement. Le symbole fort, évoqué par le tweet ci-dessus, en est peut-être ce contrôle apparent de la parole des scientifiques de l’environnement et du climat, ayant suscité moult réactions internationales. On a même parlé de plus en plus de « guerre contre la science ».
La science a timidement percé dans la campagne avant le vote de lundi dernier. L’institut professionel de la fonction publique du Canada (comptant dans ses rangs les scientifiques fédéraux) est d’abord sorti de sa neutralité pour appeler à faire battre Harper, il y a eu l’affaire « Harperman » , le débat a traversé la frontière au sud jusque dans les pages du New York Times, et finalement, l’AAAS (qui édite le journal Science) a elle aussi pris position dans un editorial pour, je cite, « réparer les dégats subis par l’entreprise scientifique [canadienne] », soulignant notamment la baisse des budgets de près d’un demi milliard de dollars, la disparation de postes ou encore certaines bizarreries structurelles comme le fait que le « conseil » du CSRNG (un peu l’équivalent de l’ANR) ne comporte aucun biologiste, chimiste, physicien ou mathématicien.
Et maintenant ? Trudeau a promis d’investir dans des dépenses de structures pour moderniser le Canada, parle-t-on ici aussi de recherche ? Les perspectives sur les enjeux climatiques et environementaux seront-elles différentes ? L’avenir nous le dira, et la communauté semble prudemment optimiste.