Un petit monde

Du taux d’encadrement à l’Université.

Avant de reprendre les réflexions sur le doctorat en France et sa valorisation, je voudrais revenir brièvement sur les effectifs enseignants-chercheurs et étudiants à l’Université, et notamment l’évolution du taux d’encadrement (défini « naïvement » comme le nombre d’étudiants par enseignant-chercheur -titulaire et non titulaire-, sans prendre en compte les vacataires par manque de données fiables au cours du temps*). Il s’agit d’un article ouvert: l’interprétation de certaines données m’apparaît délicate, je sollicite donc l’avis des lecteurs. Soit pour leur avis, soit pour me communiquer d’autres jeux de données complémentaires, qui rendraient l’analyse plus claire.

 

On obtient, concernant le taux d’encadrement, ce graphe (les points sont de couleurs différentes car ils proviennent de jeux de données différents. Le recoupement en 2000 semble indiquer que les deux jeux de données sont comparables):

évolution taux d encadrement 1980-2015

 

 

Donc, si l’on regarde les chiffres uniquement sur les 5 dernières années, du à une stagnation des effectifs enseignants et une augmentation assez forte des effectifs étudiants, on voit que le taux d’encadrement augmente à une cadence qui peut paraître dangereuse (de 1 EC pour 15 étudiant à 1 EC pour 17.5 étudiants, grosso modo).

Mais si l’on regarde sur des échelles de temps plus longues, on voit que la situation en 2010 était un minimum sur les 40 dernières années, et que le taux d’encadrement était en fait supérieur à 1 EC pour 20 étudiants jusqu’à la fin des années 90.

Etant hélas un peu jeune pour avoir connu cette époque, je voudrais donc demander à mes lecteurs plus âgés comment se passait l’enseignement à l’Université dans les années 80 et 90. Était-ce vraiment « mieux avant »?

Et si oui, on voit que le taux d’encadrement (qui devrait continuer à augmenter car au cours des prochaines années le nombre d’étudiants va continuer à beaucoup augmenter alors que le nombre d’enseignants devrait stagner) pris seul est un paramètre limité pour discuter du bon fonctionnement de l’Université. A quel(s) autre(s) faudrait-il l’associer pour avoir une meilleure vision de notre système d’enseignement supérieur?

 

Quant au recrutement des enseignants-chercheurs, il semble, en tout cas d’après des discussions avec collègues, qu’il soit grosso modo « cyclique » depuis 40 ans et corrélé fortement aux départs en retraite (et donc aux recrutements des décennies antérieures).

Le cycle est globalement le suivant: recrutement fort pendant 2 à 5 ans pour pallier des départs massifs en retraite, puis forte chute des recrutements pendant 10-15 ans, puis recrutements forts etc. Donc il y aurait eu des grosses vagues de recrutement à la fin des années 60, au début des années 80, milieu des années 90. Puis, à moindre niveau, au milieu des années 2000, car est venu se rajouter à ce moment la, en plus de ce mouvement cyclique, une politique de diminution des dépenses publiques (et donc des recrutements de fonctionnaires). Il se pourrait donc que le creux actuel dure plus longtemps, ou bien qu’on ait une stabilisation sur un plateau bas.

J’emploie ici le conditionnel puisque je n’ai pas pu trouver de données remontant aussi loin sur le recrutement d’enseignants-chercheurs.

Sur les 20 dernières années, rappelez-vous, cela ressemble à ça:

recrutement MCF

 

La aussi, si vous avez des chiffres à me proposer qui confirment que cette vision des choses est la bonne, je suis preneur.

 

 

* ceci pourrait faire baisser le taux d’encadrement réel des dernières années si l’on suppose que les heures effectuées par les vacataires ont augmenté récemment.

Commentaires (12)

  1. Arnaud Martin

    Bonjour,
    j’ai commencé à enseigner en tant qu’ATER en 1993 en biologie-écologie. A cette époque il y avait des fluctuations importantes du nombre d’étudiants surtout en licence et en Maîtrise (le DEUG répartissait les étudiants sur plusieurs départements). Ce que je retiens surtout c’est l’écart (qui me paraissait énorme) du taux d’encadrement en fonction des disciplines. Les disciplines « jeunes » biologie-écologie, informatique, étaient à la peine (taux d’encadrement faible) tandis que les disciplines qui attiraient moins ou qui étaient en forte concurrence avec le développement des école d’ingénieurs comme la physique, les maths, avaient des taux d’encadrement très confortables. Lors de nos réunions à la faculté (qui couvrait toutes les sciences) je voyais bien que nous ne vivions pas dans les mêmes mondes (le monde de ceux qui rament et le monde de ceux qui cherchent des étudiants….).

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  2. Olivier Ridoux

    Attention au sens de « taux d’encadrement ». Généralement, on divise le nombre d’enseignants par le nombre d’étudiant, et du coup plus le taux est élevé et mieux c’est (« mieux » à analyser évidemment). Ici votre article utilise la convention inverse, et dès le premier commentaire on retombe sur l’autre convention. Meilleure façon de ne jamais se comprendre.

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    1. Guillaume Miquelard-Garnier (Auteur de l'article)

      Hmm, oui, je n’avais pas fait attention.
      Il me semble plus intuitif de comprendre « 17 » (parce qu’on imagine un enseignant dans une salle avec 17 étudiants) que « 0.058 » et c’est donc pour ça que je l’ai présenté sous cette forme. En lisant attentivement, je pense que ça reste compréhensible.

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  3. Pierre Dubois

    Je suis étonné que vous ne citiez aucune source. Je peux le comprendre car vous tâchez de faire faire le travail par d’autres : c’était comment avant ? Ainsi, je n’aime pas une démarche qui se dispense d’un vrai travail
    Professeur des universités en retraite : premiers cours à l’université donnés en 1967.

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    1. Guillaume Miquelard-Garnier (Auteur de l'article)

      Bonjour,

      Personnellement, je n’aime pas trop le ton de votre commentaire. Je ne suis pas en retraite et j’ai donné mes premiers cours en 2005, si ça peut vous intéresser.
      Les sources sont claires et sont données, il suffit de lire le blog. Cet article dans son introduction, précise qu’il « reprend » des choses dont j’ai déjà parlé dans des articles précédents.
      Il faut donc, comme de juste, aller lire ces articles pour y trouver les sources que vous demandez.
      Soit ici:
      http://blog.educpros.fr/guillaume-miquelard-et-paul-francois/2015/11/17/complement-sur-les-effectifs-a-luniversite/
      http://blog.educpros.fr/guillaume-miquelard-et-paul-francois/2015/11/10/evolution-des-effectifs-a-luniversite-personnels-et-etudiants/

      Etant moi-même enseignant-chercheur en science des matériaux, je considère ce blog comme un « loisir » et non comme un « travail », je n’ai donc pas de problème à demander à d’autres gens de s’intéresser à ces questions si l’envie leur en prend, car je n’ai rien à en tirer personnellement si ce n’est un peu de culture et des éléments de réflexion.

      Que vous n’aimiez pas cet article et ne le considériez pas comme un « vrai travail », encore une fois peu me chaut.

      « Cordialement »

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      1. Yannis Karamanos

        Bonjour
        Au lieu de polémiquer inutilement, vous auriez du tout simplement indiqué, dès le début de votre article, le lien que finalement vous citez dans la réponse…
        J’ai eu envie de lire cet article aujourd’hui et je n’avais pas lu les autres avant, comment voulez vous que je devine ce que vous avez écrit précédemment ?
        Nous voulons être strictes avec nos étudiants, soyons strictes avec nous mêmes !
        Maintenant, que cachent ces données, qui représentent des moyennes. A quoi bon parler de 1 EC pour 17.5 étudiants, « en moyenne », si dans certains cas pour certaines disciplines nous en arrivons à 1 pour 100 ? (ou peut-être pire ?). Ne faut-il pas dévoiler les extrêmes ? Sommes-nous capables de les avouer ?
        Très cordialement
        Professeur des Universités, premiers cours en 1987

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        1. Guillaume Miquelard-Garnier (Auteur de l'article)

          Bonjour
          Je vous avoue que je suis sans doute susceptible, mais je n’apprécie guère le ton de ce message non plus, notamment lorsqu’il sous-entend que je fais mal mon travail d’enseignant-chercheur au prétexte que j’ai oublié de mettre un lien sur un article de blog.
          Encore une fois, il y a beaucoup de lecture sur le web, il y aura sûrement des choses meilleures et mieux sourcées qui vous conviendront mieux ailleurs.
          Que cachent ces données, je n’en sais rien, il y a certainement beaucoup mieux à faire mais je répète:
          1. Ce n’est pas mon travail principal
          2. Ce n’est pas un article soumis au peer-review.
          3. Les données sont en ligne et accessibles, si vous trouvez que je les analyse mal n’hésitez pas à faire mieux.
          4. Je raisonne avec des moyennes parce qu’en physique on commence souvent par l’ordre 0 avant l’ordre 2.

          Simple maître de conférences.

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  4. Pierre Dubois

    Continuez à bloguer comme vous le voulez !

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    1. Guillaume Miquelard-Garnier (Auteur de l'article)

      C’est gentil M. Dubois (ou devrais-je dire Professeur Dubois), j’attendais justement votre permission.

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    2. olivetree

      Les commentaires des dénommés Dubois et Karamanos sont totalement à côté de la plaque: comme indiqué en en-tête, ce billet de Guillaume Miquelard est un article ouvert, et son auteur appelle toute personne détentrice de chiffres plus précis à les donner pour faire avancer le débat (ou à donner des références à des documents publiés).
      La génération de Miquelard-Garnier (recruté vers 2005) est celle qui a connu les pires restrictions budgétaires dans l’ESR (sans doute comparable à celle des années Giscard) et qui a du passer plusieurs années de post-doctorat à l’étranger, ce que n’a pas connu la génération des baby-boomers (Dubois), ni même celle de leurs enfants (la mienne) qui a encore pu trouver une relative abondance de postes sous Jospin (dans les années fin 90′ début 2000). Je trouve donc son analyse très pertinente, et si certains ont des sources plus précises pour améliorer la statistique des courbes, qu’ils les lui donnent plutôt que de faire des commentaires sarcastiques sur son blog.

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  5. Xavier Alphaize

    Ces informations donnent de très intéressants points de repères. J’effectue une mission de coopération en ce moment dans une université malgache. Les taux d’encadrement (variables suivant les Instituts et Facultés) sont d’environ un enseignant-chercheur en poste pour 144 étudiants.

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