Apprendre est une aventure de vie, de celles qui n’ont pas d’échéance, qui ne recherchent pas de résultats. C’est une quête sans fin qui relève d’un besoin vital : on parle bien de « la soif d’apprendre » ! À travers l’apprentissage, c’est une découverte de soi qui se dessine.
L’EM Strasbourg et la société Acretion ont fait une alliance apprenante pour créer une web application inédite : My Talent Quest. Proposée gratuitement à l’ensemble des candidats 2015 aux Business Schools françaises, elle permet aux utilisateurs de prendre conscience de leurs talents et axes de progrès, mais aussi d’identifier les situations d’apprentissage auxquelles ils sont confrontés pendant les oraux.
Quelques exemples :
– la préparation de déplacements : permet de gérer l’ensemble des entretiens visés et développe des savoir-faire d’organisation
– la participation aux activités proposées par l’école, les rencontres avec les autres candidats : une compétence relationnelle qu’on peut travailler, de façon plutôt affective (se faire aimer) ou plutôt rationnelle (obtenir des autres les bonnes informations)
– le choix du logement : chez l’habitant ou préférer une chambre d’hôtel est aussi révélateur de sa personnalité, comme la façon dont on voyage : seul ? en groupe ?
Par ailleurs, My Talent Quest doit permettre de partager des difficultés, ne pas voir les autres candidats comme des concurrents mais comme des coopérants.
Des romans d’apprentissage aux jeux videos : toujours la même quête de soi !
L’un des objectifs de l’application : aider chacun à se positionner lors des fameux entretiens oraux ! Plus je me connais, plus je maîtrise mes compétences et mes apprentissages, plus je suis à l’aise pour en parler, les décrire, les valoriser, ce qui est directement attendu par un jury d’entretien.
Nous inscrivons My Talent Quest dans une longue lignée de supports au service de la quête de soi. Il y a d’abord eu les romans d’apprentissage. Ces récits mettent en scène des personnes qui se découvrent au fur et à mesure d’aventures plus ou moins épiques. On peut citer L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert, Les souffrances du jeune Werther de Goethe, David Copperfield de Dickens. Les jeux vidéos ou films ont des fonctions similaires, de Zelda à un film récent comme Edge of tomorrow, avec Tom Cruise dans le rôle principal. Ce dernier présente l’intérêt de montrer combien on peut capitaliser sur les erreurs du passé, à condition qu’elles ne tuent pas ! Tous ces outils ont en commun qu’ils proposent, chacun à leur façon, de se regarder faire pour grandir. On effectue un « pas de côté », juste un léger décentrement pour se regarder et peut être faire autrement la prochaine fois.
Le projet pédagogique de l’EM Strasbourg : voir l’apprentissage comme une expérience
Comme je l’ai analysé dans le post intitulé « Faire de la Business School une plateforme de conversion des étudiants« , nous sommes conditionnés et nous continuons à conditionner nos élèves et étudiants à suivre une formation « causale ». Une éducation faite de buts à atteindre, de rationalité dans l’optimisation des ressources, de défis à surmonter, de souffrance, de comparaisons et de compétition.
Or, toutes les cultures convergent vers les mêmes conclusions et les mêmes injonctions : le but est le chemin, pas la destination. C’est-à-dire que la réussite n’est jamais une fin en soi : ce qui est important, c’est la façon dont on a avancé et ce qu’on en a retiré.
Il n’est pas pour autant question de sortir du jeu, et de remettre en cause tous les codes tant de l’enseignement supérieur que de l’évolution professionnelle, car ce serait alors marginaliser les étudiants qui nous font confiance. Il n’est pas question non plus de vouloir donner des leçons de morale ou de revendiquer une forme d’étalonnage de l’exemplarité. NON ! Trois fois NON !
Notre vision est fondée sur la théorie du « pas de côté », en décalant légèrement le regard, il est possible de faire bouger notablement et durablement les lignes des modèles d’apprentissage dans l’enseignement supérieur. Un véritable défi que nous souhaitons relever à l’EM Strasbourg.
Notre proposition pédagogique s’appuie sur trois principes :
1/ Inscrire l’apprentissage dans une « expérience ».
Il s’agit de la même évolution qu’a connue le monde de la consommation. Un consommateur n’est plus seulement quelqu’un qui désire et achète mais bien quelqu’un qui consomme de l’expérience. Qu’il fasse ses courses sur internet, qu’il flâne chez Nature et Découvertes, qu’il fasse son plein à Carrefour ou cherche à avoir le meilleur rabais pendant une période de soldes…
L’élève, l’étudiant, l’apprenant, quels que soient son âge et la formation qu’il entreprend, s’inscrit dans une « expérience d’apprentissage ». Ce qui ne veut pas dire que tout est forcément luxe , calme et volupté, mais bien qu’il en tirera non seulement des apprentissages, mais aussi des émotions, des satisfactions et des ressentiments, bien au-delà des notes et du diplômes. C’est ce mélange d’émotions et de rationalité qui crée son expérience de formation, et construit son attachement d’alumni à son école.
2/ Faire vivre une expérience d’apprentissage « sans couture »
Avec les MOOCs, les cours en ligne ou encore les plateformes de données et d’auto formation, le savoir se stocke. La grande différence avec les bibliothèques d’autrefois, c’est que ce savoir est accessible partout et à tout moment, selon le fameux principe ATAWAD (AnyTime, AnyWay, AnyDevice). Cela signifie aussi que, de plus en plus, l’étudiant peut tester une formation avant de s’y inscrire, ce qui est complètement inédit dans l’histoire de la formation. La pédagogie est maintenant un service d’expérience et non plus un service de croyance.
L’étudiant demande une parfaite fluidité entre ce qu’il apprend avec le professeur en cours, l’auto-formation qu’il assure en ligne et son évaluation de stage par son tuteur en entreprise. Cette question pose bien sûr celle du blended learning, qui alterne présentiel (salle de cours) et distanciel (e-learning) mais avec l’exigence nouvelle d’avoir un « service sans couture », c’est à dire une expérience d’apprentissage qui fasse sans cesse des liens entre le distanciel et le présentiel, et qui aide à connecter les outils, les moments et les méthodes pour vivre un apprentissage intégratif.
3/ Développer une compétence de « réflexivité »
L’étudiant devient alors un être apprenant, un « homo percipiens ». C’est quelqu’un qui apprend à apprendre, apprend à relier, apprend à désapprendre, comme je l’ai déjà écrit. Tout le monde connaît par moments ce sentiment de maîtriser un apprentissage : un débat en cours, une expérience de chimie, un projet de groupe, un rendez-vous avec un professeur… peuvent être autant de « moments de vérité », où l’on « réalise » qu’on a compris, et appris, même s’il n’y a pas de note ou de diplôme au rendez-vous.
Cette posture réflexive est simple sur le papier, elle est abondamment recommandée et théorisée par de multiples experts en pédagogie, mais elle est aussi extrêmement difficile à intégrer. Ce que permettent les outils pédagogiques fondés sur les technologies web, c’est de personnaliser et de multiplier ces moments, tout en respectant le rythme et les modalités d’apprentissage de chacun.
4/ Inscrire son apprentissage personnel dans une communauté d’apprenants
Ce projet ne va pas de soi dans la culture française, où la formation est fondée sur l’individualisme forcené, avec une mise en compétition des personnes et l’idée que la réussite est une aventure personnelle. Les notions de collaboration et d’apprentissage collaboratif en sont encore aux balbutiements dans notre système éducatif. Or, l’entreprise, inscrite dans un contexte global, attend de plus en plus de ses collaborateurs qu’ils sachent travailler de façon synergique, ce qui est déjà acquis dans d’autres cultures. D’où l’intérêt d’une pédagogie qui privilégie les travaux de groupes, les projets communs, et qui sache inciter chacun à oublier le « chacun pour soi ». L’utilisation des réseaux sociaux par exemple, ainsi qu’un community management tourné vers les apprenants, participent de l’avancée de ces pratiques.
Devenir un apprenant, pas seulement un diplômé
À l’EM Strasbourg, nous voulons amener nos étudiants à relever ce défi !
– en créant et déployant la plateforme 3V pour former tous nos étudiants au management responsable en état respectueux des valeurs d’éthique, de développement durable et de diversité
– en confrontant en cours les étudiants avec des études de cas et des situations dilemmes
– en leur demandant de prendre du recul avec leurs périodes à l’étranger et en entreprise
– en proposant le parcours associatif qui rend apprenants des projets menés dans le cadre d’associations étudiantes
– en développant les « on site training days » qui stimulent un apprentissage en entreprise sous la forme d’études de cas et d’échanges avec les managers de l’entreprise accueillante
– en organisant des forums, des débats, des challenges lors des journées des trois valeurs de l’école
– en multipliant les occasions d’apprendre avec les conférences organisées dans l’école avec des partenaires extérieurs, académiques ou entreprises
C’est cette même vision des choses qui nous amène à réformer notre politique de langues, en mobilisant plus de temps et de moyens pour l’apprentissage de la langue du pays où s’effectue l’année à l’étranger, en lieu et place de la « seconde langue du lycée ». C’est aussi tout le parcours proposé par un service dédié Cap Career à l’EM Strasbourg, qui permet à chaque étudiant de mieux se connaitre, d’élaborer son projet personnel puis son projet professionnel, avec un outil qui le suit toute sa scolarité, le « passeport manager ». Ce sont enfin tous les cours fondés sur l’expertise de recherche des enseignants chercheurs, cours de méthodologie, cours de lecture de travaux de recherche, business case à l’appui.
Avec My Talent Quest, nous nous nous intéressons à l’étudiant en amont de son intégration.
– Nous voulons que les étudiants recrutés soient en phase avec notre projet d’école et choisissent l’EM Strasbourg en connaissance de cause.
– De façon plus large, nous souhaitons accompagner tous les candidats aux écoles de management dans cette réflexion et cet apprentissage de soi. Pour ce faire, il nous a paru évident de proposer un outil relevant de tous les attendus que je viens d’énoncer, AVANT même l’entrée dans l’école, et nous avons choisi le moment des entretiens.
– Enfin, nous formons le vœu que cette appli My Talent Quest continuera à produire des effets après les entretiens en ayant stimulé l’envie d’apprendre et surtout la capacité à innover dans l’apprentissage.
Plus d’infos :
www.mytalentquest.fr