Penser les #métiers du futur, c’est se condamner à l’obsolescence programmée !
J’ai rêvé de mon #métier d’enseignant dans le #futur : et je me suis vue cheminant avec des étudiants de tous âges, à l’ombre d’arbres centenaires, échangeant de façon libre et ouverte sur les enjeux et les pratiques d’un des métiers les plus complexes : celui de manager.
Les mêmes questions revenaient : comment donner du sens ? Comment motiver les équipes ? Comment allier bienveillance et exigence ? Pourquoi être manager ? Quelles valeurs partager ? Le rôle du courage et de l’exemplarité … Nous étions pourtant en 2030, 2035, 2050 …. Et certes, nous nous étions tous télétransportés, ils avaient eu en réalité immersive des simulations de décisions en situation extrême, leurs équipes étaient éparpillés aux 4 coins de la galaxie … mais il restait au bout du bout éternelcette chose si précieuse : se voir, se toucher, parler, débattre de sujets s…. Depuis des siècles, le métier d’enseignant est le même dans son essence, il en est de même du métier de manager, seules les modalités évoluent.
Le POURQUOI et le QUOI ancrent, le COMMENT flotte, et c’est comme cela depuis la nuit des temps.
Les limites et les dérives de la prospective spéculative
On s’interroge et c’est méritoire, sur ce que seront les #métiersdufutur ! En faisant l’hypothèse qu’ils n’existent pas encore, ce qui implique pour l’exercice d’avoir recours à un subtil mélange d’expertise et de créativité (ce qui ne va pas forcément ensemble !).
Quand on lit les études ou les articles plus médiatiques sur le sujet, on ne peut que constater que l’imagination pousse souvent à la contorsion sémantique ou à l’anecdotique.
Bien sûr, la prospective est un exercice nécessaire et salutaire car, si les prédictions sont rarement réalisées, l’exercice même stimule la réflexion. Mais finalement, envisager le futur avec les outils et les idées du présent, expose :
- à une grande limite : la pauvreté des propositions, comme on le constate en revisitant les visions du passé
- à une grande dérive : celle de jouer les Cassandre et d’en faire un fonds de commerce car la peur du futur est aussi un invariant de l’humanité.
Un cursus qui préparent à des « spécialisations » est un cursus qui soit se remettre en question
Quand on travaille dans le secteur de l’éducation ou de la formation, il est très important de chercher à comprendre ce que seront les compétences attendues car c’est dans le présent qu’on forme les apprenants de tous âges pour les préparer au mieux à leur avenir professionnel.
C’est vite une impasse ou une imposture, dans le sens où on ne peut que préparer les étudiants à une forme d’obsolescence programmée, car, par définition, le futur n’a pas de fin, et ce qui est valable dans les 5 ans (ce qui est un horizon bien court) ne le sera plus pour les 5 années suivantes, alors que la vie professionnelle est de plus en plus longue.
Les spécialisations que proposent tant de formations sont antinomiques avec une employabilité pour la vie. Paradoxalement, quand on prépare trop bien au premier métier, on expose les étudiants à ne pas être évolutifs. En effet, tous les métiers dans une acception étroite sont amenés à disparaître, provoquant le désarroi de ceux qui les exerçaient car ils n’auront pas été formés à autre chose et seront incapables de se réinventer.
Un cursus préparant uniquement à des compétences techniques, hyper pointues, est un cursus coupable, coupable de ne pas ouvrir les esprits, stimuler les intelligences, développer les créativités.
Il expose aussi à d’autres dérives :
- Le temps n’étant pas illimité, donner la priorité aux savoir-faire ne peut se faire qu’au détriment des savoir, alors qu’ils sont reconnus comme indispensables par toutes les études récentes dans le contexte de la montée en puissance de l’intelligence artificielle.
- Le second risque est de ne pas installer l’étudiant dans l’apprendre à apprendre en ramenant son horizon au directement utile, directement utilisable, sur la rentabilité à court terme.
- Le troisième biais est justement de voir l’avenir comme une prise de risque qu’il faut limiter et réduire au minimum au lieu d’y voir de nouveaux horizons ouvrant toujours de nouvelles opportunités.
La bonne question est : « Qu’est-ce qu’un métier ? »
Si on y réfléchit bien, les « métiers » ont très peu évolué au cours des siècles, c’est la façon dont ils sont exercés qui changent. Le POURQUOI est le même, le COMMENT change. Ainsi, la communication du savoir est passé de la transmission orale, aux parchemins en nombre réduit, puis à l’imprimerie, à la radio, la télévision, au Web, aux réseaux sociaux … mais reste le métier fondamental de la transmission des connaissances.
Si on se centre sur le monde de l’entreprise : il y a finalement une petite poignée de métiers :
- Les métiers du chiffre avec la comptabilité, le contrôle de gestion, l’audit, la finance…
- Les métiers de la relation client : la vente, la communication, le marketing et ses déclinaisons
- Les métiers de la relation humaine, de l’organisation et de la stratégie
- Les métiers des flux : informations et logistiques
- Les métiers de la production de service ou de marchandises.
L’important est de leur donner du sens, ce sens invariant depuis la nuit des temps, et qui manque tant aux collaborateurs en entreprise.
Notre défi : préparer à l’imprévisible, au non planifiable
Notre défi d’éducateurs est non pas de former à ce qui existe ou à ce qui sera très certainement dans quelques mois, au mieux quelques années, mais bien de permettre à nos étudiants d’être prêts à l’imprévisible, avec sérénité. Ils n’ont pas besoin de prédire le futur (« ce qui sera » avec une quasi-certitude si on s’en réfère à la racine latine du mot), mais bien de savoir accueillir l’avenir, « ce qui advient ».
Pour cela, ils n’ont pas besoin de techniques et d’outils, mais bien de connaissances profondes, qui leur permettent de voir la grande image et de saisir le sens de ce qui les entoure.
C’est là, la vocation d’une grande école de management et celle que nous souhaitons développer au service de nos étudiants dès la rentrée 2019 à l’INSEEC BS.