Cracking the management code

Archive mensuelles: septembre 2018

Penser les #métiers du futur, c’est se condamner à l’obsolescence programmée !

J’ai rêvé de mon #métier d’enseignant dans le #futur : et je me suis vue cheminant avec des étudiants de tous âges, à l’ombre d’arbres centenaires, échangeant de façon libre et ouverte sur les enjeux et les pratiques d’un des métiers les plus complexes : celui de manager.

Les mêmes questions revenaient : comment donner du sens ? Comment motiver les équipes ? Comment allier bienveillance et exigence ? Pourquoi être manager ? Quelles valeurs partager ? Le rôle du courage et de l’exemplarité … Nous étions pourtant en 2030, 2035, 2050  …. Et certes, nous nous étions tous télétransportés, ils avaient eu en réalité immersive des simulations de décisions en situation extrême, leurs équipes étaient éparpillés aux 4 coins de la galaxie … mais il restait au bout du bout éternelcette chose si précieuse : se voir, se toucher, parler, débattre de sujets s…. Depuis des siècles, le métier d’enseignant est le même dans son essence, il en est de même du métier de manager, seules les modalités évoluent.

Le POURQUOI et le QUOI ancrent, le COMMENT flotte, et c’est comme cela depuis la nuit des temps.

Les limites et les dérives de la prospective spéculative

On s’interroge et c’est méritoire, sur ce que seront les #métiersdufutur ! En faisant l’hypothèse qu’ils n’existent pas encore, ce qui implique pour l’exercice d’avoir recours à un subtil mélange d’expertise et de créativité (ce qui ne va pas forcément ensemble !).

Quand on lit les études ou les articles plus médiatiques sur le sujet, on ne peut que constater que l’imagination pousse souvent à la contorsion sémantique ou à l’anecdotique.

Bien sûr, la prospective est un exercice nécessaire et salutaire car, si les prédictions sont rarement réalisées, l’exercice même stimule la réflexion. Mais finalement, envisager le futur avec les outils et les idées du présent, expose :

  • à une grande limite : la pauvreté des propositions, comme on le constate en revisitant les visions du passé
  • à une grande dérive : celle de jouer les Cassandre et d’en faire un fonds de commerce car la peur du futur est aussi un invariant de l’humanité.

Un cursus qui préparent à des « spécialisations » est un cursus qui soit se remettre en question

Quand on travaille dans le secteur de l’éducation ou de la formation, il est très important de chercher à comprendre ce que seront les compétences attendues car c’est dans le présent qu’on forme les apprenants de tous âges pour les préparer au mieux à leur avenir professionnel.

C’est vite une impasse ou une imposture, dans le sens où on ne peut que préparer les étudiants à une forme d’obsolescence programmée, car, par définition, le futur n’a pas de fin, et ce qui est valable dans les 5 ans (ce qui est un horizon bien court) ne le sera plus pour les 5 années suivantes, alors que la vie professionnelle est de plus en plus longue.

Les spécialisations que proposent tant de formations sont antinomiques avec une employabilité pour la vie. Paradoxalement, quand on prépare trop bien au premier métier, on expose les étudiants à ne pas être évolutifs. En effet, tous les métiers dans une acception étroite sont amenés à disparaître, provoquant le désarroi de ceux qui les exerçaient car ils n’auront pas été formés à autre chose et seront incapables de se réinventer.

Un cursus préparant uniquement à des compétences techniques, hyper pointues, est un cursus coupable, coupable de ne pas ouvrir les esprits, stimuler les intelligences, développer les créativités.

Il expose aussi à d’autres dérives :

  • Le temps n’étant pas illimité, donner la priorité aux savoir-faire ne peut se faire qu’au détriment des savoir, alors qu’ils sont reconnus comme indispensables par toutes les études récentes dans le contexte de la montée en puissance de l’intelligence artificielle.
  • Le second risque est de ne pas installer l’étudiant dans l’apprendre à apprendre en ramenant son horizon au directement utile, directement utilisable, sur la rentabilité à court terme.
  • Le troisième biais est justement de voir l’avenir comme une prise de risque qu’il faut limiter et réduire au minimum au lieu d’y voir de nouveaux horizons ouvrant toujours de nouvelles opportunités.

 

La bonne question est : « Qu’est-ce qu’un métier ? »

Si on y réfléchit bien, les « métiers » ont très peu évolué au cours des siècles, c’est la façon dont ils sont exercés qui changent. Le POURQUOI est le même, le COMMENT change. Ainsi, la communication du savoir est passé de la transmission orale, aux parchemins en nombre réduit, puis à l’imprimerie, à la radio, la télévision, au Web, aux réseaux sociaux … mais reste le métier fondamental de la transmission des connaissances.

Si on se centre sur le monde de l’entreprise : il y a finalement une petite poignée de métiers :

  • Les métiers du chiffre avec la comptabilité, le contrôle de gestion, l’audit, la finance…
  • Les métiers de la relation client : la vente, la communication, le marketing et ses déclinaisons
  • Les métiers de la relation humaine, de l’organisation et de la stratégie
  • Les métiers des flux : informations et logistiques
  • Les métiers de la production de service ou de marchandises.

L’important est de leur donner du sens, ce sens invariant depuis la nuit des temps, et qui manque tant aux collaborateurs en entreprise.

Notre défi : préparer à l’imprévisible, au non planifiable

Notre défi d’éducateurs est non pas de former à ce qui existe ou à ce qui sera très certainement dans quelques mois, au mieux quelques années, mais bien de permettre à nos étudiants d’être prêts à l’imprévisible, avec sérénité. Ils n’ont pas besoin de prédire le futur (« ce qui sera » avec une quasi-certitude si on s’en réfère à la racine latine du mot), mais bien de savoir accueillir l’avenir, « ce qui advient ».

Pour cela, ils n’ont pas besoin de techniques et d’outils, mais bien de connaissances profondes, qui leur permettent de voir la grande image et de saisir le sens de ce qui les entoure.

C’est là, la vocation d’une grande école de management et celle que nous souhaitons développer au service de nos étudiants dès la rentrée 2019 à l’INSEEC BS.

Comment je ne serai pas la directrice d’une « business couille » !

Mercredi matin, j’écoutais comme à mon habitude France Inter. Arrive la chronique de Nicole Ferroni. que l’on range par facilité dans la catégorie des humoristes mais qui, à mon sens, est plus que cela. Elle chahutait Parcoursup, et je souriais, quand, tout à coup, elle interpelle les « business couilles » !!!

Dur à entendre …. Passée la première réaction : « Elle y va fort, c’est de l’humour, on peut rire de tout », la deuxième : « Elle y va fort, c’est de l’humour, mais se trompe parce que …parce que …. », je me pose la question : « Et si il n’y avait pas quelque chose à creuser à partir de cette interpellation un peu sommaire ? »

Suis-je la directrice, ai-je été la directrice d’une « business couille » ? Est-ce que j’ai envie d’assumer cela le cas échéant ?

Un peu de méthode : tout d’abord comment pouvons-nous définir une « business couille » ?

Notre autrice rattache cela au coût de la scolarité :je cite « car t’inscrire dans une business couille t’en coûtera au moins une paire !». Pas faux ! Les  frais de scolarité n’ont pas arrêtés d’être à la hausse ces dernières années, avec toujours la question du ROI … J’entends régulièrement l’interpellation de parents s’étant saignés aux quatre veines pour leur enfant et qui me disent : « tout ça pour ça » en évoquant leur déception quant à l’écart entre ce à quoi ils aspiraient professionnellement pour leur enfant et la réalité du premier emploi à la sortie.

La deuxième idée qui peut venir à l’esprit rejoint ce que nous renvoient beaucoup d’étudiants en business school : le sentiment d’un manque d’exigence terrible : on leur vend de la marque, du réseau (les fameux alumni), des associations, des stages, des séjours à l’étranger, mais beaucoup ont soif de connaissances, vénèrent les professeurs exigeants, attendent une transmission de savoir, qu’ils vont de plus en plus chercher ailleurs en parallèle.

Un troisième pilier de la « couillitude » pourrait être la conception même du business : est-ce que derrière les grands mots d’éthique, de responsabilité, de responsabilité sociale, les enseignement et la conception même de ceux et celles qui les transmettent ne rejoignent pas plutôt une forme de pragmatisme où la fin justifie les moyens, où la performance reste malgré tout reine et financière (« se faire des couilles en or ») ? Où il faut savoir saisir la bonne affaire pour faire du bon business ?

Une autre piste (je continue mes élucubrations) pourrait être aussi une forme de déception sur les offres de cursus elles-mêmes : qu’y a-t-il véritablement derrière les concepts d’ »expérience étudiant », de « classe inversée », de « réalité immersive », de « distantiel » … ?

A l’heure où je pilote avec un collège d’experts et toutes les équipes de l’INSEEC BS un nouveau projet pour cette école, je me pose toute sorte de questions sur comment proposer aux étudiants, à leur famille, aux entreprises (ou toute autre organisation), aux équipes enseignantes et administratives un vrai projet de formation, qui tienne ses promesses ? Qui garantisse non seulement un premier métier mais un deuxième et un troisième métier ? Qui permette à chacun-e de savoir ce qu’il ou elle veut vraiment ? Qui forme des esprits libres et autonomes, capables de penser, d’argumenter, d’agir par eux-mêmes ?

J’ai l’immense opportunité de pouvoir « tout changer » grâce à l’appui du groupe INSEEC U. et la ferme volonté de sa directionr de refaire de l’INSEEC BS une école qui va de l’avant.

Grâce à cet écosystème incroyable, pluridisciplinaire, international, véritablement agile, grâce au génie inventif de toutes les parties prenantes engagées dans ce projet, je suis convaincue que la proposition que nous forgeons va véritablement répondre à des attentes, des interpellations, des questions qui sont formulées depuis des années, sans de véritables réponses.

Le projet de l’INSEEC BS ne veut pas « faire du neuf avec du vieux », ni se contenter de rustines pour cacher les trous. Il se veut radicalement différent. C’est la chance d’être un outsider !

Le 28 Septembre, je proposerai, entourée de ceux et celles qui travaillent à ce changement, les grandes lignes de ce qui composera cette école renouvelée à partir de la rentrée 2019.

C’est une école qui sera à la hauteur !

Non, décidément, je ne veux pas être la directrice d’une « business couille », et encore moins embarquer les équipes et les étudiants dans une telle galère.

Je vois cette école comme un navire, et mon envie n’est pas de faire du cabotage le long des côtes, mais bien de prendre la pleine mer, même contre vents et marées !