De la créativité à l'innovation

Soutenir sa thèse de manière innovante ? I have a dream !

La soutenance de thèse est un exercice imposé dans la majorité des universités françaises. Son déroulé est presque toujours le même. Elle s’exécute par l’impétrant, c’est à dire le doctorant qui la soutient, devant un jury de pairs composé généralement d’un président, de deux rapporteurs ayant livré leur avis d’experts sur la qualité du travail et d’autres membres éminents dont bien sûr le directeur de thèse. Son déroulé est presque toujours le même. Il commence par un exposé de 35 à 45 minutes, puis se poursuit par une série de commentaires et de questions provenant de chacun des membres du jury. Si tout se passe bien, ce qui est souvent le cas, la délibération qui s’en suit proclame « docteur d’université » celui (ou celle) vers qui tous les regards se sont concentrés durant l’épreuve.

Pendant la soutenance, le doctorant illustre généralement ses propos par un montage visuel qu’il présente sous la forme d’un powerpoint. Celui-ci ayant depuis longtemps remplacé les diapositives rangées minutieusement dans le carrousel d’un projecteur. Malgré cela, l’exercice reste magistral. Il peut ressembler à un cours d’université, ou plus concrètement à une conférence organisée dans le cadre d’un séminaire de recherche. Les questions provenant des membres du jury sont toujours assez techniques. Elles attendent des réponses précises et argumentées. C’est le but recherché. Au fur et mesure de l’échange entre celui ou celle qui est seul(e) et l’ensemble du jury, ces questions peuvent s’ouvrir progressivement sur des perspectives liées à l’évolution future du travail de recherche. Elles restent néanmoins cantonnées au travail de recherche lui-même et aux publications qui pourraient en découler. J’ose à peine dire aux brevets qui pourraient être déposés…

En pensant à tout cela, je me dis que cet événement si important dans la vie du doctorant puisqu’il conclut 3 à 4 années de travail pourrait très bien se passer différemment. Je pense à la forme de l’exercice, mais aussi au périmètre de l’auditoire. Ce dernier en effet est presque toujours composé de membres de l’équipe de recherche à laquelle appartient le doctorant, de chercheurs concernés par la thématique de la thèse et bien sûr de membres de la famille du futur PhD ! Quel dommage (voire quel manque !) que des employeurs potentiels, des citoyens concernés par la thématique ou même d’autres chercheurs de disciplines complètement différentes ne puissent y participer (de manière active, j’entends et pas seulement en simple spectateur).

I have a dream !

Aussi, je me prends à rêver que dans un futur que je ne souhaite pas trop lointain, il puisse être possible … pour des doctorants qui le souhaiteraient bien sûr (aucun intérêt pour les autres) d’organiser des soutenances de thèse plus interactives et vraiment plus efficaces… j’allais dire plus intelligentes ! Mon blog n’existe que depuis quelques jours et je prends déjà quelques risques ! Sans rien enlever au caractère propre de l’exercice académique qui consiste à valider le travail de recherche et à juger des capacités de l’impétrant à répondre à ses pairs, je pense que la soutenance de thèse est une occasion unique pour montrer que le travail effectué pendant le doctorat est une vérirtable expérience professionnelle. Pas seulement une étape de formation dans une démarche de recherche. Il est donc nécessaire de donner au jeune homme ou à la jeune femme qui soutient sa thèse l’occasion de montrer quelles compétences « hors recherche » il ou elle a pu développer pendant cette période d’investissement. Je n’ai pas de propositions précises à apporter aujourd’hui (cela viendra !), mais j’imagine des méthodes d’échanges multi- ou transdisciplinaires avec des méthodologies de présentations beaucoup plus interactives qu’une simple présentation de diapositives, aussi moderne soit le support. Une discussion post-exposé avec les pairs, mais aussi avec des acteurs de la société, de futurs employeurs… voire aussi des représentants de co-financeurs éventuels du travail de thèse, m’apparait intéressante, pour ne pas dire normale. Tout en laissant le mot final au experts du domaine qui jugeront si l’impétrant mérite de rejoindre le club des docteurs, cette transformation de la soutenance de thèse pourrait sans doute favoriser l’insertion des jeunes chercheurs dans des carrières moins académiques, mais très utiles à la société puisque dédiée à la R&D et à l’innovation en entreprises, en institutions ou en collectivités.

Rien ne m’empêche d’y penser (.. d’en rêver) !!! JC2

Commentaires (14)

  1. Fanny

    Quelle différence avec ce qui se passe déjà? En cas de CIFRE, les financeurs sont présents. Et les soutenances sont publiques (à part cas particulier).
    Les soutenances sont un grand moment de stress pour la plupart des doctorants, attention à ne pas en rajouter un peu plus!
    Enfin, n’oubliez pas que tous les jeunes chercheurs qui soutiennent leur thèse ne sont pas des « jeunes hommes ou des jeunes femmes » 😉

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    1. jean-charles-cailliez (Auteur de l'article)

      Merci Fanny pour votre commentaire. Je suis complètement d’accord avec vous au sujet des CIFRE, mais cela ne concerne malheureusement que quelques « centièmes » des thèses nationales annuelles. Leur exemple est donc à suivre dans les autres cas (beaucoup plus fréquents) de soutenance. Au sujet du stress, il ne s’agit pas d’en rajouter car il est sans doute déjà au maximum. Il s’agit plutôt de profiter de la thèse pour faire une connection plus directe avec le marché du travail : trouver un emploi en lien avec la recherche est l’objectif numéro 1 quand on décroche son doctorat. De plus, une soutrenance de thèse telle que je l’évoque (et qui ne serait imposée à personne) pourrait changer le regard des chefs d’entreprise sur la formation doctorale et ils comprendraient alors qu’il s’agit d’une véritable expérience professionnelle. Quant au terme « jeune », il faut juste le prendre au sens le plus large. En effet, la recherche permet aux passionné(e)s de le rester… jeune(e)s !

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      1. Marie

        Pourquoi ne vous ai-je pas lu ou rencontré plus tôt ?
        La recherche me p a s s i o n n e et j’ai cherché à faire de ma soutenance de thèse un « moment de création » en utilisant les outils audiovisuels dont nous disposons. J’ai créé un clip/film d’introduction pour caractériser mon terrain, j’ai mené un Recherche/action et me suis heurté au septicisme des universitaires théoriciens. Bref, j’apparai comme une « originale » mais me préoccupe peu d’appartenir à des clans ayant pignon sur pouvoir…Et c’est dur !
        J’ai pourtant effectué un travail colossal pour mon plus grand enrichissement mais ce cap de soutenance, je ne l’ai pas encore franchi, ce qui me laisse un gôut d »inachevé…Mais je n’ai pas dit mon dernier mot…car en recherche le dernier constitue souvent le peéalablet le prélude pour la génération à venir…
        Au plaisir d’un futur et fructueux échange
        MarieDL

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        1. jean-charles-cailliez (Auteur de l'article)

          Merci Marie pour votre message. Vous pouvez me contacter très facilement par mail ou téléphone à ce sujet. Cordialement, JC2

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  2. Diacre

    Soutenir sa thèse de manière innovante c’est également la faire partager sur le web. L’Atelier National de Reproduction des Thèses reproduit, sous différents supports (imprimés, microfichés et électroniques) les thèses soutenues en France dans toutes les disciplines. Plus de 200 000 titres disponibles : Thèses à découvrir ici

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    1. jean-charles-cailliez (Auteur de l'article)

      Merci Diacre pour ce lien intéressant. Une bonne idée pour faire connaître son travail de thèse. JC2

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    2. Julien Diaz

      Vendre 75€ des thèses qui pourraient être disponibles gratuitement sur http://www.theses.fr, je ne vois pas trop l’innovation

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  3. Tixier

    Cela existe déjà, à peu de choses près, depuis plus de quinze ans, voyez donc
    http://www.intelliagence.fr/page/cms/ViewSection.aspx?SectionId=65

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    1. jean-charles-cailliez (Auteur de l'article)

      Merci Tixier, effectivement le Nouveau Chapitre de la Thèse (NCT) est une très belle initiative, mais encore aujourd’hui utilisée à la marge. Il faut l’encourager ! Je profite de votre post pour souligner ici le travail remarquable que fait l’ABG (Intelliagence) en la matière et ceci depuis très longtemps. Cordialement, JC2

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  4. mutuelle sante france

    l’innovation dans ce domaine me parait limité car une thèse est encadré par un ensemble de règles sur la forme tant que sur le fond.

    Jeanne

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    1. jean-charles-cailliez (Auteur de l'article)

      Merci Jeanne, je suis d’accord avec vous en ce sens que la thèse est un exercice encadré. Ceci-dit, l’innovation est d’autant plus nécessaire dans les endroits où on l’attend le moins. Et puis, l’université est à mon avis un environnement propice à la créativité… sinon, c’est à desespérer !

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  5. Adnane

    Une thèse est souvent (toujours ?) l’occasion de problèmes relationnels, de difficultés à maîtriser la pression, de doutes etc. Tous les thésards disent avoir voulu arrêter à un moment ou un autre. Ces problèmes et ces expériences sont aussi formateurs pour le futur docteur que le reste. Peut-être peut-on penser à y consacrer partie de la soutenance ou carrément une 2ème soutenance en présence de nouveaux doctorants. Cela pourrait les éclairer et mieux les préparer à leur propre parcours. Tant qu’on rêve.

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  6. marie

    Bonjour tout le monde
    je vais soutenir ma thèse de doctorat en littérature dans un mois et je ne sais pas encore ce que je dois faire. Je ne sais pas su je dois lire le discours de ma soutenance ou préparer un power point. Je vous signale que je travaille sur la notion du personnage dans la littérature et que je n’ai ni dessein ni tableau. Donc un travail qui est complètement oral. Merci beaucoup

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  7. popcorn vidéo dessinée

    Bonjour, commence-on à voir apparaitre de la vidéo lors de soutenances de thèses ? C’est le média le plus engageant à l’heure actuelle et que ce soit un template Powerpoint conçu comme une vidéo ou alors une vidéo scribing (une main qui apporte l’information au feutre ou via des transistions, sur fond de tableau blanc), le Monde du marketing est d’accord dans son ensemble : c’est le meilleur moyen de faire passer des informations. Est-ce un mdéia « pas assez sérieux » ? Ou n’est-il pas encore envisagé par méconnaissance ? Bonne journée, Richard.

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