De la créativité à l'innovation

Et si nos deux pouces nous invitaient à changer le monde ?

Avant d’enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, au moins faut-il le connaître. Qui se présente, aujourd’hui, à l’école, au collège, au lycée, à l’université ? Telles sont les premières lignes, en guise de préface, du livre de Michel SERRES « Petite Poucette », paru aux Editions Le Pommier. Mais qui est cette héroïne, nouvel humain du XXIème siècle, à laquelle l’auteur fait allusion ? Quelle est donc cette créature qui utilise nuit et jour ses deux petits pouces en complément de son cerveau ? Pour le savoir, il vous suffira juste de passer une heure à lire les 82 pages de son ouvrage remarquable dont le sous-titre est :« Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer : une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… »

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Tout le monde commence à s’en rendre compte, nous sommes dans les premières années d’une révolution technologique,… la troisième, celle qui a suivi l’invention de l’écriture, puis de l’imprimerie. Comme dans le cas des deux premières, cela a une influence considérable sur nos modes de penser et d’agir. Cela nous oblige à réinventer notre manière de vivre et de nous organiser en société. Il faut donc comprendre ce phénomène et en tenir compte au quotidien pour ne pas se retrouver finalement dépassé par son temps !

Dans le monde de l’enseignement et par conséquent celui de la recherche, cela implique de réfléchir sérieusement sur nos modes de fonctionnement. En particulier, il devient nécessaire de transmettre différemment le savoir en favorisant davantage l’interactivité et la collaboration entre les parties prenantes (enseignants et apprenants). C’est ainsi que les méthodes de travail collaboratif doivent se faire une place au milieu de celles beaucoup plus académiques. Au niveau de la recherche, il en est de même pour la promotion de la transdisciplinarité et l’ouverture au savoir (open science)… étapes indispensables au développement de la créativité et de l’innovation au service de tous.

Michel Serres décrit dans le premier chapitre de son ouvrage la « jeunesse » qui utilise de manière croissante les outils informatiques et qui surfe d’un site ou d’un réseau social à l’autre, pour tout type d’activités : recherche d’informations, déplacement, communication, jeux, simple partage de moments ou d’émotions,… Du virtuel au réel, ces « petites poucettes » traversent les mondes sans aucune forme de transition.

Dans le deuxième chapitre, l’auteur aborde l’école et de manière plus générale le contexte de l’éducation. Comment transmettre aujourd’hui les connaissances alors qu’elles sont toutes accessibles sur la Toile ? Puisqu’une tête bien faite est préférable à une tête bien remplie, comment faire aujourd’hui pour éduquer de manière efficace et pertinente une jeunesse qui ne peut plus rester assise pendant des heures à écouter sagement un professeur égrener de manière magistrale les chapitres de son cours. L’innovation pédagogique n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui… que ce soit à l’école, au lycée ou à l’université !

Enfin, dans le dernier chapitre, ce sont les conséquences sociétales de toutes ces mutations qui sont abordées. Nous devons revoir notre façon de travailler, de nous déplacer, de consommer,… et surtout de manager et de nous organiser en entreprises et en société. Face aux organisations complètement hiérarchiques et pyramidales, devront émerger de nouvelles propositions nous invitant à plus de transversalité, d’échange, de discussion et de partage : open innovation, open science, management de la créativité, approche par les usages, living labs,…

Voilà qui transformera de manière irrémédiable notre monde d’aujourd’hui… bientôt peuplé de milliards de « petites poucettes » !

Commentaires (2)

  1. Jean Rohmer

    Il y a des avis bien différents au sujet ce livre.
    Voir par exemple l’économiste Michel Volle:
    http://michelvolle.blogspot.fr/2013/08/michel-serres-petite-poucette-le.html

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  2. jean-charles-cailliez (Auteur de l'article)

    Merci Jean pour cette référence de qualité qui permet de lancer le débat, tout au moins de nuancer l’engouement suscité par l’ouvrage de Michel Serres. Il est en effet très enrichissant de confronter les avis différents… et cela n’empêche pas de garder en toute liberté sa préférence.

    Répondre

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