Peut-on enseigner sans se poser la question de l’éducation ? Quel sens donner à son métier d’enseignant qui dépasse celui de transmettre ses connaissances ? Peut-on se mettre au service de l’homme et de la société en enseignant ? Comment agir pour que nos modes d’éducation soient davantage liés aux attentes de l’humanité ? Vastes questions auxquelles il n’est pas facile de répondre, mais sur lesquelles on peut néanmoins se pencher.
En découvrant l’ouvrage d’Edgar MORIN, « Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur » (Editions SEUIL, 2000), dont je m’étonne qu’il ait bientôt quinze ans, je me suis laissé guider par quelques inspirations en lien avec ma pratique de l’enseignement. C’est un exercice similaire à celui que j’avais entrepris avec la « cinquième discipline » de Peter SENGE (Edition FIRST, 1991) qui m’avait fait imaginer de nouveaux modes de management dans le monde de la recherche. Chose curieuse ou pas, on constate avec une certaine évidence qu’il existe un grand nombre de croisements entre les sept savoirs et les cinq disciplines. A vous de juger !
UNE EDUCATION AU-DELA DES CERTITUDES. Dans l’ouvrage d’Edgar MORIN, le premier des sept savoirs nécessaire à l’éducation du futur est celui de « prendre conscience des cécités de la connaissance », celles qui nous conduisent aux erreurs et illusions. L’une des missions de l’éducation est de transmettre les connaissances. Cela parait simple et évident, mais se fait malheureusement souvent sans se poser de questions… pas plus au sujet de la nature de cette connaissance que de la connaissance humaine elle-même avec toutes ses limites.
L’éducation doit dépasser l’enseignement en montrant qu’il n’existe pas de connaissances qui puissent être à l’abri de l’erreur et de l’illusion. Beaucoup d’erreurs peuvent nous empêcher d’exercer pleinement notre métier d’enseignant, notre rôle d’éducateur. Il existe les erreurs mentales provoquées par le fantasme et l’imaginaire. Elles nous exposent à nous mentir à nous-mêmes, que ce soit par égocentrisme ou par tendance à reporter la responsabilité des problèmes sur les autres. Il existe les erreurs intellectuelles provoquées par les théories, dont les théories scientifiques, par les doctrines et les idéologies. Il existe les erreurs de la raison qui nous empêchent de faire la distinction entre l’objectif et le subjectif. On ne peut les combattre que par la rationalité. Il existe enfin les aveuglements paradigmatiques qui commandent les discours, pouvant nous pousser jusqu’à l’aveuglement. A ceux-ci s’ajoutent le déterminisme des convictions et des croyances, d’origine culturelle et éducationnelle, qui nous conduisent à la normalisation. Ainsi, le fait de s’installer trop souvent dans la sécurité de nos propres idées nous empêche d’aborder ce qui est nouveau, incertain, voire inattendu.
L’éducation doit pratiquer l’interrogation et enseigner l’incertitude de la connaissance. C’est en étudiant la nature même de la connaissance humaine que l’on peut rester lucide. C’est une nécessité pour éviter le piège de l’erreur ou de l’illusion. On pense ici aux deux premières disciplines de Peter SENGE qui sont la « maîtrise personnelle » et la « lutte contre les modèles mentaux ». L’enseignant doit apprendre à bien se connaître, à bien appréhender la nature de sa connaissance et à ne pas se laisser dominer par ses aprioris culturels et éducationnels. Dans la pratique de son enseignement, il doit expliquer comment ont été découvertes les connaissances qu’il transmet et préciser à chaque occasion qu’elles ne sont jamais certaines et inamovibles.
UNE EDUCATION AVEC UNE VISION SYSTEMIQUE ET PERTINENTE. Le deuxième savoir concerne les « principes d’une connaissance pertinente ». Il faut promouvoir une connaissance qui nous permette de saisir les problèmes dans leur globalité et de manière fondamentale. C’est le sens de la « pensée systémique » qui est la cinquième discipline de Peter SENGE. Le problème de la connaissance, telle qu’elle est transmise dans nos modes éducatifs, est qu’elle est bien souvent fragmentée. Elle est pratiquée en disciplines et l’on devient incapable de retrouver les liens qui unissent le tout et ses parties. Cela nous empêche de saisir les objets dans leur globalité et dans leur contexte… c’est à dire de manière systémique.
L’éducation doit enseigner les méthodes qui permettent de relier les parties d’un même ensemble. Nous devons apprendre à situer les informations que l’on reçoit ou que l’on transmet dans leur contexte. Pour qu’une connaissance devienne pertinente, l’éducation doit rendre évident à la fois le contexte, le global, le multidimensionnel et le complexe. Une connaissance doit être contextualisée. Elle en doit pas être juste appréhendée par ses informations et données. C’est une condition essentielle à l’efficacité du fonctionnement cognitif. De même, les relations entre le tout et ses parties doivent être étudiées. C’est le global qui dépasse le contexte, car il permet de réorganiser l’ensemble de la connaissance. Le multidimensionnel est un point commun retrouvé dans toute unité complexe. Il doit aussi être reconnu par la connaissance pertinente car il empêche de séparer les différentes parties d’un tout. Enfin, cette connaissance pertinente doit affronter le complexe, c’est-à-dire ce qui tisse de manière durable, en les rendant inséparables, les différents éléments d’un tout. La complexité est le lien entre l’unité et la multiplicité.
La spécialisation des disciplines, notamment à l’université, a permis le progrès en favorisant l’accumulation de connaissances. Mais dans le même temps, elle a paradoxalement engendré une régression de la connaissance pertinente. L’hyperspécialisation empêche de voir le global. Parmi les obstacles issus de nos modes d’éduction, on notera par exemple la disjonction entre les sciences et technologies et les lettres et sciences humaines, entre les sciences dites « dures » et les autres dites « molles ». Les disciplines se referment sur elles-mêmes et se séparent les unes des autres. Même la philosophie, dont la nature est de réfléchir sur tout problème humain n’est pas à l’abri de ce phénomène. L’apprenant, formé par les disciplines, en arrive à ne plus savoir contextualiser ses savoirs, ce qui conduit à une baisse de sa perception du global, mais aussi de sa responsabilité et de sa solidarité. Pour traiter un problème, quel qu’il soit, il faut de l’intelligence générale. C’est la seule façon de mobiliser nos connaissances pouvant aider à le résoudre. L’intelligence générale tient compte du contexte, du global, de la multidisciplinarité et du complexe. L’éducation doit stimuler le plein emploi de ce mode d’intelligence en promouvant le libre exercice de la curiosité, une faculté souvent plus fréquente chez les enfants, voire les adolescents, comparés aux adultes. Les enseignants devraient dans leurs pratiques quotidiennes imaginer des mises en situation qui stimulent la curiosité de leurs apprenants, sans doute en les incitant davantage à chercher par eux-mêmes certaines connaissances ou résolutions de problèmes.
UNE EDUCATION QUI TIENNE COMPTE DE LA NATURE HUMAINE. Le troisième savoir consiste à « enseigner la condition humaine ». L’être humain est d’une nature complexe. On peut le décliner sur le plan physique, biologique, psychique, psychologique, culturel, affectif, social, historique,… mais il ne fait partie d’aucune discipline enseignée à l’école ou à l’université. En effet, les cours de « nature humaine » n’existent pas. La condition humaine, non plus n’est pas enseignée, alors qu’on pourrait imaginer de l’aborder dans des disciplines multiples comme les sciences de la nature, les sciences humaines et sociales, la littérature et la philosophie. Cela viendra-t-il ? Dans combien de temps ? Sous quelles formes ?
L’éducation doit tenir compte de notre enracinement et de notre nature humaine, c’est-à-dire de notre double appartenance au « cosmos » et à la « sphère vivante ». Nous avons tout à la fois une condition cosmique par les particules qui nous constituent, une condition physico-chimique qui organise avec intelligence nos organismes, une condition terrestre qui délimite notre biosphère dans notre écosystème et enfin, une condition humaine issue de l’hominisation. C’est bizarrement cette dernière qui nous éloigne progressivement des trois premières ! En effet, le fait de considérer rationnellement et scientifiquement l’univers finit par nous en séparer.
L’humain se distingue par son cerveau, mais surtout par sa culture. Celle-ci n’existe que parce que nous avons un cerveau qui nous permet de percevoir, de savoir, d’apprendre et d’agir. L’esprit humain nait de la relation entre le cerveau et la culture. Ces relations se font sous la forme d’une triade en boucle. On retrouve d’ailleurs les mêmes liens entre individu, société et espèce. Dans ces triades, chacun des termes est à la fois le moyen et la fin. L’éducation doit veiller en particulier à ce que l’idée d’unité (cérébrale, mentale, psychique, affective, intellectuelle,…) de l’espèce humaine n’efface pas celle de sa diversité (psychologique, culturelle, sociales, sociétales,…) et inversement.
Il faut faire la différence entre « la » culture, maintien de l’identité humaine, qui n’existe que par « les » cultures, maintien des identités sociales. L’éducation doit donc à la fois tenir compte de la diversité culturelle et de la pluralité des individus. L’être humain est à la fois singulier et pluriel. Comme il possède deux hémisphères cérébraux aux organisations opposées, il peut en même temps être rationnel et délirant, travailleur et joueur, empirique et imaginaire, économe et dilapidateur, prosaïque et poétique,… raisonnable et déraisonnable. L’une des vocations de l’éducation doit être l’étude de la complexité humaine qui permet de prendre connaissance et donc conscience de la condition humaine. Les enseignants doivent imaginer de nouveaux modes d’apprentissage et d’expérimentation qui tiennent compte à la fois de la diversité culturelle de leurs apprenants, véritable richesse, mais aussi du fait qu’ils peuvent utiliser ensemble et de manière complémentaire leurs deux hémisphères.
UNE EDUCATION DANS UNE IDENTITE TERRIENNE. Le quatrième savoir consiste à « enseigner l’identité terrienne ». Il peut paraître moins évident que les trois précédents. En effet, est-ce que l’enseignement tient compte du fait que tous les hommes soient des terriens et que leur destin est étroitement lié à celui de leur planète ? En matière d’éducation, on parle souvent d’identité, nationale, culturelle, religieuse ou autre…, mais jamais planétaire ! Celle-ci devrait pourtant être un véritable objet de l’éducation. On pourrait par exemple imaginer de faire du « protectionnisme planétaire » ! Pour y parvenir, il faudrait commencer par enseigner comment les différents continents se sont séparés alors qu’ils étaient liés à l’origine. Cela permettrait certainement de mieux partager aujourd’hui, dans une communauté de destin, la gestion des crises… et en particulier celle de la crise planétaire qui marque le début du XXIème siècle.
L’homme est entré dans la mondialisation. Une nouvelle exigence pour lui est, comme il est dit dans le deuxième savoir, de penser la globalité, la relation entre le tout et ses parties, la multi-dimensionnalité et la complexité. On touche encore ici à la pensée systémique de Peter SENGE. Le monde devient plus en plus un tout dont chaque élément en fait de plus en plus partie. Cela se vérifie pour les nations, les peuples, mais aussi pour les individus. Paradoxalement, la mondialisation qui est de nature unificatrice conduit aussi à l’inverse,… à la balkanisation ! Ce sont les antagonismes qui provoquent de nouvelles scissions entre les nations, les riches et les pauvres, les religions, le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest,… Les progrès apportés par la connaissance au cours du siècle dernier ont permis d’avancer positivement dans beaucoup de domaines, de l’industrie à la santé en passant par les transports et la distribution de biens. Ils ont aussi été « sources de mort », notamment par les deux guerres mondiales et leur lot de barbaries. Aujourd’hui, la postmodernité ou simplement la modernité (pour encore beaucoup de pays) a toujours foi dans le progrès. Elle se met à imaginer des alternatives comportementales comme l’écologie face à l’industrialisation, la qualité face à la quantité, l’émerveillement et la passion face au purement utilitaire, la frugalité et la tempérance face à la consommation excessive, l’émancipation face à la tyrannie, la pacification face à la violence. De manière générale, ces transformations se veulent globales et au service de l’être humain. De cela aussi, l’éducation doit prendre compte pour le présent et le futur. On pense en particulier au développement des technologies de la communication et des réseaux, de l’intelligence artificielle, aux nouvelles technologies (dont les biotechnologies des nouveaux matériaux), aux énergies renouvelables (essentiellement non fossiles), aux nouvelles méthodes de management,… jusqu’aux nouvelles façons d’interagir et de produire ensemble par innovation et créativité.
Dans cette nouvelle façon d’apprendre à vivre sur la planète Terre, il nous faut aussi changer de comportement pour apprendre à davantage partager, communiquer et construire ensemble. Pour cela, nous devrons être conscients de notre unité dans notre diversité (conscience anthropologique), de notre lien avec la biosphère (conscience écologique), de notre responsabilité vis-à-vis des générations futures (conscience civique) et de ce qui permet le dialogue, donc la compréhension mutuelle (conscience dialogique). L’ensemble de ces compréhensions est indispensable pour nous aider à imaginer, puis à mettre en œuvre, une éducation qui tienne compte davantage de notre identité planétaire. La réflexion sur la « Troisième Révolution Industrielle » est très certainement une occasion à ne pas manquer en ce début de XXIème siècle pour nos systèmes éducatifs car il en va de notre responsabilité sociale et sociétale, celle que nous devons assumer pour la pérennité de nos générations futures.
UNE EDUCATION POUR ETRE CAPABLE D’AFFRONTER L’INCONNU. Le cinquième savoir nous permet « d’affronter les incertitudes », de « s’attendre à l’inattendu ». Les certitudes sont des états de tranquillité qui peuvent nous être néfastes. Elles sont très souvent amenées par les sciences (par la connaissance) et par leur enseignement. Alors pourquoi n’enseigne-t-on donc pas à l’école, puis à l’université, les incertitudes, celles qui semblent pourtant si évidentes de la physique à la biologie en passant par l’histoire et les sciences politiques ? Peut-on imaginer dans certains domaines scientifiques, des enseignants qui amènent davantage aux questionnements qu’ils ne proposent de réponses ? Faire un cours ou une conférence sur le « je ne sais pas ! » serait sans doute bénéfique tant aux « sachants » qu’aux « apprenants » ! C’est très certainement une piste à creuser en innovation pédagogique.
Le futur est incertain, mais on peut l’anticiper. Il ne se construit pas de façon frontale, mais par déviations. Celles-ci proviennent d’innovations, qu’il s’agisse de créations locales, d’événements externes, voire même d’accidents. Toute évolution est le fruit d’une déviance qui transforme un système tout en le réorganisant. On parle de « morphogénèses créatrices » pouvant mener jusqu’à de réelles « métamorphoses ». Un bienfait de l’enseignement, dans sa quête d’éducation, serait de pointer ce qui est inattendu ou incertain. L’éducation devrait nécessairement reconnaître les incertitudes qui sont liées à la connaissance, car c’est dans les certitudes, souvent d’origines doctrinaires ou dogmatiques, que l’on trouve les pires illusions. Etre conscient que l’acte cognitif est imprégné d’incertitudes nous permet d’accéder à une connaissance pertinente. Cela nous oblige à vérifier sans cesse ce que nous apprenons ou enseignons. Comme il est magnifiquement dit dans l’ouvrage d’Edgar MORIN, « la connaissance est une navigation dans un océan d’incertitudes à travers des archipels de certitudes ». Etre attentif à cela et mettre en pratique l’étude des incertitudes nous permettraient sans doute de donner un second souffle à l’aventure humaine en nous incitant à nous préparer à l’incertain pour être en mesure de l’affronter. La responsabilité des enseignants serait donc d’aborder cela.
UNE EDUCATION QUI AMENE A LA COMPREHENSION MUTUELLE. Le sixième savoir consiste à « enseigner la compréhension ». Est-ce toujours fait ? La compréhension est à la fois le moyen et la finalité du transfert de la connaissance, mais aussi de la communication. Est-ce que les enseignants éduquent à la compréhension ? Y pensent-ils ? En ont-ils l’envie, voire les moyens ? Les réponses sont sans doute encore négatives aujourd’hui. Pour changer cela, il faudrait une véritable réforme des mentalités. C’est sur ce point que se joue très certainement l’un des enjeux majeurs de l’éducation.
Il n’y a jamais eu autant de moyen de communication dans le monde et pourtant l’incompréhension entre les humains est un phénomène croissant. Communiquer n’est donc pas comprendre ! Enseigner la compréhension entre les humains devrait être considéré comme la mission « spirituelle » de l’éducation. La compréhension intellectuelle (de nature objective) passe par l’intelligibilité (apportée par des informations bien transmises et comprises) et par l’explication qui considère comme objet ce qu’il faut connaître en lui appliquant les moyens de la connaissance. La compréhension humaine, quant à elle, est différente car elle est intersubjective. Elle nécessite empathie, identification et projection. Les obstacles à la compréhension sont nombreux. Certains d’entre eux sont l’égocentrisme, l’ethnocentrisme, le sociocentrisme ou l’esprit réducteur qui nous empêchent de considérer à sa juste valeur ce qui nous est étranger. En fait, l’incompréhension de soi (entretenue par l’égoïsme) est l’un des obstacles majeurs à l’incompréhension d’autrui. On peut faire le lien ici avec la « maîtrise personnelle » de Peter SENGE dont la pratique ne peut que nous être bénéfique. Enfin, les idées préconçues, nourries par l’ethnocentrisme et le sociocentrisme, participent aussi à cette incompréhension en la faisant dériver au pire vers la xénophobie et le racisme. Ceci nous ramène à la deuxième des disciplines de Peter SENGE qui est la « remise en question des modèles mentaux » et dont l’ignorance amplifie ces déviances.
Les cultures doivent devenir « apprenantes », c’est-à-dire s’enrichir au contact les unes des autres et ne pas chercher à les dominer. Pour cela, elles doivent communiquer entre elles pour mieux se comprendre. Ce qui favorise la compréhension est « le bien penser ». Cela permet de comprendre le complexe et notamment les conditions du comportement humain, l’introspection (auto-examen qui permet de nous décentrer) et la conscience de la complexité humaine (la compréhension d’autrui) qui passe par l’ouverture à l’autre et l’intériorisation de la tolérance (supporter l’expression d’idées qui nous semblent à priori mauvaises). Les relations humaines sont un axe vital pour le devenir de l’humanité. Elles nécessitent une compréhension mutuelle entre tous les individus quelles que soient leurs identités, nationalités, ethnies, religions, cultures, origines,… L’incompréhension doit donc aussi être étudiée dans ses mécanismes les plus complexes, ce qui permet une véritable réflexion sur les origines des racismes, xénophobies et autres mépris, de manière à mieux les combattre. Mieux se comprendre et progresser, le faire ainsi en marchant ensemble et en apprenant les uns des autres, est l’axe même de la quatrième discipline de Peter SENGE qui est « l’apprentissage en équipe ».
UNE EDUCATION DAVANTAGE HUMAINE ET ETHIQUE. Le septième et dernier savoir concerne « l’éthique du genre humain ». L’éducation doit tenir compte des liens qui existent entre les individus, l’espèce humaine et la société, soit la triple réalité qui constitue la condition humaine. L’enseignement doit amener à une éthique qui considère la condition humaine,… une anthropo-éthique. Je ne sais pas si ce septième savoir, un peu à l’image de la cinquième discipline de Peter SENGE, peut à la fois être le dernier et englober les six autres, mais cela me convient bien. A chaque enseignant de se poser la question, s’il se sent avant tout éducateur.
L’éthique appelle au contrôle mutuel de la société par l’individu et de l’individu par la société, c’est-à-dire à la démocratie et à la solidarité dans notre communauté (citoyenneté) planétaire. L’éducation doit comprendre cela et nécessairement l’enseigner. La démocratie défend la diversité des intérêts, amis aussi celle des idées. Elle permet l’expression des minorités au même titre que celle des majorités. Pour cela, elle a besoin de conflits d’idées et d’opinions dans le respect des règles qu’elle a établies. Elle exige à la fois le consensus, la diversité et la conflictualité en se nourrissant de l’autonomie d’esprit et de la liberté d’expression des individus. L’éducation a un rôle majeur à jouer. Dans presque tous les domaines, le fossé se creuse entre les experts hyperspécialisés (à la connaissance fragmentée) et le commun de citoyens (plutôt ignorant par rapport à ces connaissances). Il en est de même pour l’accès aux technologies, notamment celles qui permettent de combler ou de parfaire ses connaissances. Cela peut conduire au dépérissement de la démocratie. Il faut donc lutter contre cela en régénérant le civisme, et notamment par l’éducation. L’école, puis l’université, doivent jouer le rôle de « laboratoires de vie démocratique » en devenant des lieux d’apprentissage du débat argumenté, de la discussion et de la prise de conscience des enjeux sociétaux. Ils doivent aussi être des lieux d’écoute et de respect de toutes les voix, dont les minoritaires.
Voici qui termine un texte dont les quelques pages ont voulu dépasser une simple fiche de lecture pour transposer à mon métier d’enseignant… j’allais écrire d’éducateur… les préceptes d’un « viatique minimal pour nous aider à regarder l’avenir en face ».
Article très intéressant. Merci.
Votre analyse est une aide capitale pour moi,qui cherchait une explication simplifiée des 7 savoirs en éducation,une fois de plus merci