Il est impossible de construire un questionnaire à choix multiple (QCM) si on ne connaît pas son cours. Même les professeurs les plus expérimentés sont obligés de lire avec précision le contenu de leur cours pour être capables de rédiger un QCM et d’y proposer tout un choix de bonnes et mauvaises réponses. C’est ce que l’on fait dans les cursus contenant des concours (comme la première année commune des études de santé) et pour lesquels il n’est pas nécessaire de corriger les copies. Un simple tableau avec des cases cochées ou pas y suffit.
Aussi, la question s’est posée de l’utilisation d’un QCM, non plus pour interroger des étudiants, mais pour les obliger à connaître leur cours. Il suffisait alors de leur demander de construire eux-mêmes ces QCM. Voilà qui a été testé dans la cadre du cours de Génétique moléculaire en DIY. Les étudiants ont été invités à écrire deux QCM avec 5 choix de réponses (un QCM par chapitre qu’ils construisent eux-mêmes). Au moins l’une des réponses proposées devait être bonne. Le barème était le suivant : 5 points pour une réponse 100% exacte, 2 points pour une réponse incomplète et 0 point lorsque l’une des réponses fausses avaient été choisies.
C’est le prof qui devient alors l’élève à évaluer, se retrouvant seul et sans documents devant 12 QCM. Une fois le temps imparti écoulé, il rend sa copie aux étudiants qui le notent. Résultat : il obtient (j’obtiens) 13,6 sur 20 ! Pas trop mal…
En fin d’épreuve, on demande aux étudiants ce qu’ils ont pensé de l’exercice. Ce QCM inversé leur a-t-il permis d’avancer dans la compréhension de leur cours ? Voici leurs remarques sous la formes de points positifs et négatifs.
POINTS POSITIFS ET SATISFACTIONS. Cet exercice nous fait réfléchir sur le genre de questions qui pourrait tomber à l’examen (x4) – cela nous permet de voir si on a bien compris le chapitre (x7) – le prof se met en situation de DS et peut voir que certaines questions sont mal formulées ou peuvent avoir plusieurs sens – cet exercice permet de « développer la synergie des hyperfaces interactives », c’est-à-dire de comprendre les points de vue prof-élèves – cela permet de réviser un peu le cours (x4) – on revoit le chapitre, on se pose d’autres questions, on réfléchit pour être capable de poser une question à choix multiple – c’est en corrigeant que l’on se rend compte si l’on a bien posé la question – cela permet de relire le chapitre (x3) – c’est un exercice qui est faisable en 10 minutes – l’exercice permet de vérifier que l’on a bien compris le chapitre, car le fait de poser une question à choix multiple implique automatiquement que nous avons les réponses et que nous les avons comprises (x2) – le temps était vraiment bien (15 minutes) car les questions étaient posées sur des sujets que nous connaissions (x2) – l’exercice permet de se rendre compte des erreurs à éviter – on peut piéger le prof, tester ses connaissances tout comme les nôtres – on peut constater ou faire constater au professeur la difficulté de certaines questions qu’il est susceptible de nous poser – l’exercice permet de réfléchir à la bonne formulation des questions (x2) – l’exercice nous oblige à bien réfléchir à la question que l’on doit formuler et à ne pas en poser une au hasard – cela nous permet d’avoir une meilleur maitrise du sujet, de mieux connaître le chapitre – cela permet de repérer les points importants su chapitre – inventer des réponses fausses permet de mieux connaître le cours et de retenir les réponses vraies (x3) – exercice dynamique et amusant à faire – on a appris quelque chose au prof – cela permet de voir les problèmes que l’on a dans l’élaboration d’un chapitre – chaque groupe d’étudiants peut produire des questions – cela permet de faire un point (bilan) sur la production d’un chapitre – c’est intéressant de créer un QCM car on peut y mettre des pièges et cela permet de réfléchir aux points importants du chapitre – l’exercice permet de relier entre eux différents éléments du cours – il est intéressant de relier ses connaissances pour distinguer le vrai du faux – il faut revoir son cours pour être capable de poser des questions pertinentes –
POINTS NEGATIFS ET PISTES D’AMELIORATION. Il n’est pas facile de faire un QCM sur un chapitre que l’on n’a pas terminé (x5) ou maîtrisé – ne faire qu’une seule question pour un QCM est insuffisant (x2) – cet exercice n’apporte pas de réponses à nos questions – seul le format « vraie-fausse » permet de traiter tout le chapitre dans ces questions – l’exercice ne fait pas avancer la construction du chapitre – on manque parfois d’inspiration pour trouver des réponses à proposer dans ces QCM – le barème choisi pousse quand même à avoir une mauvaise note (x4) – le barème devrait donner un point par bonne réponse trouvée – pas assez de temps (x2) – il faudrait faire des QCM inversé sur d’autres chapitres – nous tournons vite autour des mêmes questions car nous en avons déjà fait beaucoup – on ne connait pas les QCM produits par les autres groupes (on ne peut donc pas les partager avec eux) (x2) – comme les QCM contiennent le réponses à nos propres questions, on n’apprend rien (x3) – on devrait donner nos QCM aux autres groupes pour qu’ils y répondent (x3) – le fait de créer de fausses réponses pourraient nous porter à faire des confusions – il faudrait faire une mise en commun des QCM et une correction générale –
Bonjour,
Je renforce l’intérêt de ce type d’activité riche d’apprentissage. Il y a qques années j’avais fait construire un Trivial Pursuit sur la biologie cellulaire à des étudiants en soins infirmiers de première année. Ils devaient poser les questions et les réponses bien-sûr. Le Trivial pursuit a été mis à disposition de l’ensemble des étudiants pour révisions à la bibliothèque.
Les créateurs ont beaucoup aimé l’activité et beaucoup appris! Certainement bien plus que si j’avais moi-même testé leurs connaissances.
Bonjour,
Content de voir que d’autres ont également songé à renverser les rôles; Je pratique depuis deux ans avec mes 260 étudiants e master 2 en médecine vétérinaire ce type d’approche (une question de compréhension et une question de connaissance relative à l’un ou l’autre objectif des divers chapitres de mon cours de theriogenologie (35 heures). Très constructif.
Je viens de tester moi aussi avec des élèves de 5e en géographie (je suis toujours étonnée que des idées germent de façon synchrone, sans que les initiateurs soient en relation), ils ont aimé, mais certains ont trouvé difficile… mais moins que moi au moment de les évaluer 😉
L’article : une lecture que
:: je qualifie de ‘rafraichissante’ : tant il me semble que cette modernité accessible, et somme toute naturelle, tarde bien (trop) à imprégner nos pratiques ;
:: je trouve utile : par l’aperçu pragmatique et vivant qu’elle nous donne à voir (et presque partager) de l’expérience
Les 2 commentaires intéressants et réconfortants : des collègues dans l’action pédagogique,
félicitations et merci pour ces mutualisations
c.R.
Je vais essayer dès la rentrée prochaine avec mes étudiants en droit pénal, en pédagogie active. Merci pour l’idée !
Je pratique également ce genre d’activité. J’essaye depuis quelques mois une autre activité assez proche qui consiste à faire passer un tests avec QCM puis dans un second temps, je demande aux étudiants de rédiger la rétro-action (feedback), c’est à dire d’écrire un commentaire pour chacune des propositions faites dans le QCM. Cela leur demande de réfléchir sur l’ensemble des réponses et de fournir des arguments pour valider ou invalider cette proposition.
bonjour je suis intéressée par cette démarche mais comment vous « noter » les étudiants — notre système éducatif exige la notation…ou est ce que ce travail ne donne pas lieu à une évaluation ?
merci bcp