De la créativité à l'innovation

Open Science à Lille avec l’Ecole des Doctorants (ED2) et « Hack Your PhD »

Texte en PDF téléchargeable en cliquant sur : ATED2 Open Science du 15 avril 2014

A l’occasion de son premier Atelier (ATED2) consacré à l’Open Science, l’Ecole des Doctorants (ED2) de l’Université Catholique de Lille avait invité la co-fondatrice de Hack Your PhD, Célya GRUSON-DANIEL, à venir présenter le mouvement de la Science Ouverte ou Open Science.

ATED2

L’ATED2 de cette matinée faisait suite à un Café Open Science (CaféOS) organisé la veille par l’Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Lille à Euratechnologies (organisation et animation par Taïna CLUZEAU et Nadège JOLY), sur le plateau de l’INRIA, (storyfy accessible en cliquant simplement sur : CaféOS, le café Open Science). Deux manifestations consécutives et complémentaires, particulièrement riches en informations et débats (parfois contradictoires),… les deux organisées en mode d’animation collaboratif et que l’on pouvait suivre en direct sur les réseaux sociaux dont Twitter (#CaféOS ; #ED2). Du codesign pour l’Open Science, quoi de plus naturel ?

Une double-première donc pour l’Université Catholique de Lille, ce 15 avril 2014, qui proposait la découverte du mouvement international de l’Open Science et l’utilisation pour la première fois par l’Ecole des Doctorants (ED2) du nouveau Meeting Lab de l’Institut Catholique de Lille.

L’ATED2 a commencé tranquillement par un accueil des participants autour d’un café-croissants avant d’enchaîner de manière plus rythmée sur des exercices d’icebreaking – bissociation – présentations croisées HyPhD & ED2 – World KF (brainstorming créatif) sur les murs – HYPhD aux States : un voyage open science – conclusions, le tout suivi en direct sur Twitter (#ED2) et webcam… bref de quoi en perdre son latin !

ICEBREAKING AVEC 3 HASHTAGS ET UNE RENCONTRE IMPROBABLE. En guise d’échauffement, il a été demandé à chaque participant de se présenter sous la forme de trois hashtags,… « mots dièses » si vous préférez ! Un profil personnel en #, voilà qui est plutôt 2.0 ! Pour Célya, ce fût comme par hasard # openscience # hackyourphd # neuroscience ; pour Jean-Charles : # innovation # doctorat # transdisciplinarité ; pour Grant : #enseignant-formateur # communication interculturelle # chercheur (parfois) ; pour Sophie : # bibliothèque # équipe # papier-numérique ; pour Bénédicte : # recherche de fonds # innovation # relations extérieures ; pour Antoine : #doctorant # responsable # pédagogique ; pour Paul : # coordonnateur de projets # culture littéraire # demande à connaître-comprendre ; pour Juliette : # bibliothèque # accès aux ressources documentaires # open access ; pour Dominique : # nouveaux modèles de mise à disposition de la documentation # moderniser les bibliothèques # nouveaux métiers ; pour Marie-Lise : # collaboration # communication # critical thinking ; pour Catherine : # assemblage  # solutions # création d’activités ; pour Cynthia : #doctorante # biologie # ancienne de la Catho ; pour Christine : #enseignante # co-gérante # agriculture. Tous ces # allant ensuite se coller naturellement au mur…

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Deuxième temps d’échauffement avec l’exercice de la bissociation ou de la rencontre improbable entre deux objets. Il est demandé aux participants de choisir deux objets (matériels ou pas, c’est comme on veut) sans aucun rapport l’un avec l’autre. Cela donna un « bol » et une « vidéo-conférence ». Comment alors inventer en trois à quatre minutes quelque chose d’utile (ou pas) qui puissent unir de manière durable ces deux objets ? Malgré la difficulté apparente, tout le monde se prête au jeu et surgissent alors, issues de nos doubles hémisphères, différentes propositions dont la plus surprenante fût celle d’un bol équipé d’une webcam, incorporée à proximité de l’anse, capable de nous connecter à distance lors de vidéo-conférences ou tables rondes organisées en des lieux différents, ceci de manière à solliciter l’échange à distance avec l’esprit de convivialité du face-à-face. Sorte de Google-bol fumant, beaucoup plus sympa qu’une paire de lunettes,… melting-bol ou colabolation pour étancher sa soif de connaissances ! Une idée à creuser sans aucun doute, et pas si éloignée de cela de l’esprit de l’Open Science !

HYPhD et ED2, DE L’OPEN SCIENCE A LA TRANSDISCIPLINARITE. Arriva ensuite le moment clé de l’ATED2 consacré à la définition de l’Open Science. Cela fût réalisé sous la forme d’un exposé dynamique et particulièrement bien illustré de Célya qui nous a présenté l’histoire de, mouvement qu’elle a créé avec Guillaume DUMAS en 2012. Une présentation qui reprenait les grandes lignes de son TEDx Talk à Paris en 2013 et intitulé PhD or not PhD ? Discover of the Open Science. N’hésitez pas à cliquer sur tous ces liens pour en découvrir le contenu. Un échange avec les participants a ensuite permis de poser les fondamentaux de l’Open Science qui vont bien au-delà de l’Open Access et de l’Open Data. En tout point, un ATED2 aux horizons plus larges que celui vécu la veille à Euratechnologies où les échanges en effet s’étaient beaucoup concentrés sur la question de l’Open Access, une partie seulement des initiatives Open Science.

HACK YOUR PhD AUX STATES, L’OPEN SCIENCE OUTRE-ATLANTIQUE ! Cette séquence fût centrée sur la présentation du projet Hack Your PhD aux States, périple nord-américain de 2 mois dans tous les grands centres de l’open science des USA et du Canada. L’ensemble des interviews et reportages est consultable sur le site de HYPhD.

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Une présentation qui suscita beaucoup de réactions de la part des participants de l’ATED2 tant elle était riche en reportages et interviews, traitant tous les aspects de l’Open Science et par les laboratoires et équipes de recherche les plus avancés en la matière. Merci à HYPhD pour ce retour extrêmement riche en informations, de quoi satisfaire grandement l’ED2 qui avait été l’un des sponsors de l’opération soutenue à 100% par crowdfunding.

S’IL TE PLAIT, DESSINE-MOI L’OPEN SCIENCE… Il a été demandé à chacun en début d’ATED2, avant les présentations, de définir en quelques mots ou phrases ce qu’il entend par Open Science. Cela a donné en vrac : Réappropriation collective des connaissances – éthique du chercheur – Co-projet – community – research – décloisonner les matières – experts/extérieurs – méthodes innovantes – permet de se questionner sur les pratiques de recherche actuelles et leurs évolutions – réseau, partage à distance, communauté de pratique – accès libre à la documentation scientifique, accès à tous aux données de la recherche, démocratie et fin du monopole des éditeurs – ouvrir l’accès aux publications scientifiques par le biais de l’open access = accès ouvert

L’exercice de créativité sur le mur, sorte de Word KF vertical, a ensuite permis aux participants de dessiner collectivement deux représentations de ce que pouvait être l’Open science, une fois faites les présentations de HYPhD et de l’ED2. Il s’est terminé dessiné en « sapin » ou en nuages interconnectés !  

En plus des perceptions de départ, on y ajoûta d’autres considérations venant à l’esprit après les différentes présentations comme par exemple : pédagogie différenciée – open badge – open science par rapport à mon métier = ouvrir – pourquoi pas d’autres ? – open minded – comment le faire ? – méthodes – imposer/inviter – risques d’ersatz – démocratie – transparence – partager les richesses – citoyenneté – lien – libérer l’information – création de richesses – valoriser l’open ? – ECTS ? – une structure pour abriter tout cela ? – open ? – open : à insérer dans la pédagogie globale ?imposer le partage ? – différences culturelles – différences entre les licences et les masters – dynamisme créatif qui l’emportera ? – rentrer dans un réseau/créer son réseau – autre façon de voir 1+1=3 – décloisonner – savoir écouter – quitter les chemins balisés – quid de ceux qui n’y sont pas ? – les hackers parlent aux hackers – éduquer ? – open science = positif modération et « out-reach » – formation + évènements – démocratisation des retombées de la recherche – trop d’opposition entre pédagogie et recherche alors que les deux se nourrissent l’un de l’autre – puissance du réseau collaboratif pour son développement et sa pérennisation – perspectives de recherches collaborativesmouvement open access = système double de publications payantes et d’abonnements des bibliothèques (… les universités payent deux fois !!!) – open access = dépôt des publications scientifiques centralisé, ouvert + valorisation – production.

Parmi les points positifs perçus par l’Open Science, on en trouve quelques essentiels comme :  le fait de favoriser les liens entre les chercheurs et les entreprises – la multiplication des canaux de communication – le fait de pouvoir alterner les rencontres physiques et virtuelles – la transdisciplinarité – le croisement entre les générations – l’innovation pour la recherche (en favorisant notamment l’ouverture d’esprit des scientifiques) – les débats et les discussions (qui permettent de régler des problèmes, de pousser à des réflexions,…) – le développement des réseaux de connaissances – la veille – le partage d’information – l’informel – la créativité – ce qui facilite la transdisciplinarité par l’interactivité – le fait de se laisser interpeler par des regards extérieurs – l’innovation – les financements collaboratifs (crowdfunding).

Parmi les points négatifs ou les vigilances vis-à-vis de l’Open Science, on notera : atteinte à la structuration ? – pas d’avenir en dehors des réseaux sociaux ? – équilibre entre convergence et divergence ? – attractivité = vitrine de l’Open Science ? – productions concrètes ? – rapprocher les mondes ? – protection ? – capacité à mobiliser ? – partage de la valeur et du savoir ?

Une production plutôt efficace en si peu de temps qui nous aide à compléter notre perception de l’open science et qui nous inspire quant à ce que ce mouvement pourrait amener à notre métier. C’est dans ce sens que les deux questions suivantes ont été posées aux participants. Réponses qui suivent.

Que pourriez-vous mettre en application dans votre métier d’aujourd’hui (vos missions) et qui vous soit inspiré par cet ATED2 sur l’open science ?

Certainement le fait que l’atelier ne nous a pas immergés dans un monde nouveau où nous aurions été en quelque sorte des étrangers à assimiler et non à intégrer. Nous nous sommes vraiment sentis à la fois pris par la main et en même temps très libres de nos attitudes et participation. L’alternance d’exposés « classiques » et de méthodes « innovantes » (même si l’emploi des post-its commence à être maintenant un exercice incontournable) a permis de montrer que la cohabitation des deux procédés est possible, et sans doute souhaitable pour assurer l’attention active des participants. La synthèse du voyage aux Etats-Unis par flashs successifs avec à chaque fois, un visage, un nom et une idée principale à commenter, est aussi un excellent procédé à conserver en mémoire.

Ce qui pourrait être mis en application sont les rencontres, les associations recherche/entreprenariat, ce qui pourrait amener à des débats, des réflexions mutuelles. De même, l’open access peut être très utile, notamment pour la recherche d’articles. Cela permettrait également à d’autres personnes, ne faisant pas forcément partie d’une institution de recherche, telles que des personnes de l’entreprenariat, de pouvoir se renseigner sur un sujet de recherche publié. Enfin, l’accès gratuit à des données scientifiques peut également servir d’un point de vue pédagogique, de complément de cours, tant pour les étudiants que pour les enseignants. Par ailleurs, je repense au journal PLOS, où un point problématique me vient en tête. La gratuité des articles publiée se fait en échange d’un paiement lors de la publication par les auteurs. Or, ce sont les équipes de recherche qui paye cette publication et non l’Université de manière directe (je parle évidemment de mon vécu). Je pense que ce paiement pour les petites équipes de recherche pourrait être un facteur limitant de cet open access.

Adapter les notions de l’Open Science à l’Entrepreneuriat et aller ainsi vers «  l’Open Entrepreneuriat »… Promouvoir par exemple l’idée de projet augmenté : comment un projet de création de valeur ou d’activité peut être enrichi par des intervenants sur les réseaux sociaux… Comment une idée de base peut déboucher sur plusieurs projets de création…

En ce qui concerne l’application à notre métier, une petite application immédiate dans mon cours d’anglais a été de faire traduire à mes étudiants en L3 FLST les différents ‘flyers’. Après le stade de la traduction, ils ont discuté de leurs propres projets et des valeurs qui animent ‘Open Science'(certains enthousiastes ont gardé les ‘flyers’. En avez-vous en stock ?

Développer le réseau interne et externe pour capitaliser et développer la veille participative (notamment inciter mes collègues à ouvrir leur veille pour la partager, mettre en place des structures informatiques collaboratives, inciter mes collègues à s’inscrire ou rejoindre des réseaux…). Mieux communiquer sur les ressources documentaires (imprimées et électroniques), notamment sur des réseaux sociaux

Quel(s) point(s) de vigilance vous vient (viennent) à l’esprit quant aux nouvelles pratiques de la recherche (de la pédagogie, de ….) apportées par l’Open Science ?

Deux remarques sur les pratiques pédagogiques : Attention aux ersatz ! On peut assister à des salades de post-its sans intérêt ou à des activités décalées qui sont de vrais enfantillages qui n’apportent rien… Ne pas négliger le risque d’aller trop vite en enchainant les activités créatrices, mais en restant de ce fait très superficiel. Il faut savoir prendre le temps de creuser les choses, de fixer son attention, de soupeser les points de vue, d’apporter de l’attention à chacun des participants.

D’un point de vue vigilance, je pense surtout aux open data, à savoir si les données appartiennent au chercheur, au laboratoire, à l’université? Peut-on publier librement son « cahier de paillasse »? Par ailleurs, se pose la question d’un point de vue éthique. Peut-on publier en open access des résultats de recherche effectuée sur des individus. Il faudrait pour cela porter une grande attention à l’anonymisation de ces données. Quid de la propriété intellectuelle et protection juridique.

Quant aux points de vigilance… Pour que ces nouvelles pratiques puissent être transmises aux étudiants, il faudrait : une reconnaissance institutionnelle, des ECTS pour les nouvelles pédagogies (pédagogie de projet, collaborations en ligne, QCM, MOOCS,…) et une nouvelle structure organisationnelle.

Mieux signaler les publications de recherche, autrement que par les canaux classiques éditoriaux. Passer à un système de dépôt institutionnel qui permet de valoriser en open access les publications scientifiques de l’Université, mais en trouvant un nouveau système de valorisation pour les chercheurs, autre que l’impact factor des revues.

LE STORIFY DE CELYA. Si vous voulez en savoir plus sur l’ATED2, alors parcourez sans hésiter le storify de Célya concocté pour l’occasion ! Voilà qui vous fera vivre à nouveau l’événement et autant de fois que souhaité. Ici aussi, un simple clic suffit !  Bonne navigation…

Note de Jean-Charles Cailliez, 24 avril 2014.

Merci à Célya, Grant, Sophie, Bénédicte, Antoine, Paul, Juliette, Dominique, Marie-Lise, Catherine, Cynthia, Christine, Emilie et Pauline pour leur participation et contribution active à cet événement.

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