De la créativité à l'innovation

Du smurtz à Paris ! Des profs de lycées créatifs pour une rentrée sous le signe de l’innovation pédagogique

Peut-on organiser une rentrée scolaire sous le signe de l’innovation pédagogique ? Peut-on proposer à des professeurs de lycée la veille de leur premier cours d’imaginer, non seulement de pouvoir enseigner différemment, mais aussi d’inventer ensemble de nouvelles matières, qui plus est qui n’existent pas ? Insensé, non ?

Et pourtant, le défi a été relevé le 1er septembre 2015 par les lycées Paul Claudel et Hulst de Paris (7ème arrondissement) lors d’un atelier co-élaboratif qui a réuni plus de 150 personnes, animé par Jean-Charles CAILLIEZ (Directeur du Laboratoire d’Innovation Pédagogique de l’Université Catholique de Lille).

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Le défi qui a été proposé aux participants a été celui d’inventer ensemble de nouvelles matières transdisciplinaires, baptisées pour l’occasion cours de « smurtz », ce qui ne veut rien dire, mais dont on peut faire ce que l’on veut.

Pour cela, une méthode de travail en intelligence collective a été menée avec 8 équipes d’enseignants pour un temps de travail de 2 heures. Pas assez long pour produire de véritables cours, mais suffisant pour se rendre compte de la puissance créative des professeurs de lycées quand on les stimule à créer ensemble en les invitant à décloisonner !  La méthode proposée a été celle des cartes mentales dans laquelle on a demandé à chaque équipe de commencer par dessiner une carte centrée sur le mot « smurtz », nom provisoire du nouveau module, et d’inscrire autour des matières que chacun d’entre eux enseigne normalement au lycée. Le premier niveau d’arborescence de la carte ne comportait ainsi que des noms de disciplines, puis chaque participant a eu la liberté de brancher sur ces noms tous les mots lui venant à l’esprit, qu’ils aient ou non un lien avec l’enseignement.

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Les cartes mentales se sont donc enrichies. On a ensuite demandé à chaque équipe d’échanger entre elles leurs cartes et de continuer le travail sur celle de l’équipe voisine. Des rotations successives ont permis l’enrichissement des cartes par tout le monde. Chaque équipe a ensuite récupéré sa carte de départ complétée par les autres. Elle a dû y choisir 4 items : deux termes évoquant une matière académique et deux autres n’ayant rien à voir, c’est-à-dire surprenant par leur originalité. La consigne était que le choix de ces termes devait être unanime et donc négocié entre tous. Ensuite, il a été donné 45 minutes à chaque équipe pour proposer un nouveau cours, celui de « smurtz », tenant compte de ces termes et des contraintes suivantes : être transdisciplinaire, contenir une méthode de pédagogie inversée et une évaluation sans note sur vingt. En fin d’exercice, une présentation sous forme de pitch de 120 secondes a été accordée à chaque équipe pour présenter le fruit de ses réflexions.

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La production des équipes d’enseignants a ainsi donné un cours de chorégraphie sur le thème des années 80, par la méthode « Véronique et Davina », évalué par la mesure des pulsations cardiaques et à l’applaudimètre, un protocole expérimental en sciences technologiques évalué par les élèves eux-mêmes avec des smileys et en fonction des résultats obtenus, un voyage en Europe pour découvrir et étudier les cultures de différents pays et qui permet aux élèves de produire des spécialités culinaires dont l’évaluation se fait au goût, un « serious game » sur la crise de Berlin en 1948 sous la forme d’un jeu de société, une lecture analytique avec approche sensorielle et sensuelle qui permet d’aborder des textes d’auteurs de manière vraiment différente, une activité de découverte avec programmation langage sous la forme d’un jeu où un monstre se déplace de façon aléatoire sur un carré pour aller jusqu’à une poubelle et dans lequel il faut déterminer la probabilité que cela se produise au bout de 4 pas, l’interprétation d’un sketch écrit et mis en scène par les élèves eux-mêmes et dans une langue étrangère et qui sera évalué de manière collective lors d’une programmation artistique à laquelle assisteront les parents et enfin, un speed-dating en langues étrangères sous forme de classe renversée entre les élèves des deux lycées et dont le but sera de reconnaître un personnage célèbre de la langue étudiée.

Au final, une production particulièrement créative et ponctuée d’idées géniales dont certaines pourraient même être expérimentées dans des matières académiques. A voir maintenant comment transformer ce premier essai de créativité collective pour en faire de l’innovation pédagogique, sachant que cette journée de rentrée a montré qu’à l’impossible, nul n’était tenu !

Notes de Jean-Charles Cailliez, le 15 février 2016

Commentaire (1)

  1. Soret Dorothee

    Joie d’être dans ces belles équipes. Merci et bravo Jean Charles pour ce mode maille coopératif très ouvert aux autres. Ds

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