Visionnez le film de MOSAIC Lille 2016 (26 minutes) en cliquant sur l’image ou sur ce lien : https://youtu.be/eE02Wup0sW4
Apprenez à devenir plus créatifs par intelligence co-élaborative ! Tel était le mot d’ordre de MOSAIC Lille 2016, l’Ecole de Printemps en Management de la Créativité pour sa deuxième édition du 10 au 12 mai 2016. Les trois jours organisés ont réunis près de 60 participants provenant du monde de l’entreprise et de l’université et 25 animateurs du Groupe HEI-ISA-ISEN et des Facultés de l’Université Catholique de Lille. L’événement, construit dans la lignée des écoles de créativité du Hub MOSAIC d’HEC Montréal, a proposé à ses participants de travailler sur une problématique commune et de construire en équipe la maquette d’un projet, le plus innovant possible, afin d’y répondre. Un vrai challenge ! Pour rappel, MOSAIC est un Hub de créativité international (https://mosaic.hec.ca), pôle multidisciplinaire de formation et de recherche de HEC Montréal. Ce réseau vise à animer une communauté d’enseignants-chercheurs, de managers et de praticiens intéressés par les nouvelles formes d’économie et d’innovation issues des processus de créativité. A Montréal et à Barcelone, une école d’été est proposée depuis plusieurs années. Elle en sera à sa huitième édition en 2016. A Strasbourg, une école d’automne existe également depuis 5 ans et des écoles d’hiver à Bangkok et à Grenoble ont vu le jour depuis peu. Celle de Lille, organisée dans les murs de l’Université Catholique de Lille, en est à sa deuxième année.
Trois jours pour apprendre à piloter l’intelligence collective dans ses projets, son métier, ses équipes et son organisation. En s’appuyant sur des méthodes de pédagogie active, les intervenants à MOSAIC Lille 2016 ont alterné en équipe des ateliers de créativité interactifs, traversant les écosystèmes innovants de l’université (ADICODE, Learning Lab., Meeting Lab., RIZOMM, Living Lab.). Ces séances de travail collaboratif ont été ponctuées de temps réflexifs pour permettre une prise de recul et une transposition dans le contexte personnel de travail de chacun et dans la réalité de ses problématiques.
Un casting varié de participants et d’institutions. Une soixantaine de dirigeants, managers, chefs de projet, chefs de produit, managers recherche et développement, enseignants-chercheurs, designers, responsables RH du secteur public ou privé a participé à cette nouvelle édition de MOSAIC Lille. Des institutions et des entreprises aussi variées que la grande distribution, l’industrie de l’habitat, la téléphonie mobile, les services à la personne, la distribution énergétique, le luxe, les services informatiques et numériques, la formation continue, le consulting, l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur, le management, les ressources numériques, la recherche et le développement, la culture,… et même le diocèse ont été représentées pendant ces 3 jours de créativité.
De la créativité au prototypage. Suite au succès de l’année dernière, les organisateurs avaient décidé de redéployer leur démarche de formation et de recherche centrée autour de la créativité, de l’intelligence collective, des pédagogies innovantes, du codesign et de l’innovation ouverte, mais en la focalisant cette fois-ci davantage sur le prototypage, la réalisation de maquettes. L’objectif était de réaliser des « protocepts » en trois dimensions, sorte de mixtes entre prototypes et concepts qui offrent la possibilité de déconstruire le projet au fur et à mesure qu’il est enrichi par de nouvelles idées. Une démarche itérative en 3D !
Chaque équipe avec sa problématique ! Les participants répartis en 8 équipes de 7 à 8 personnes ont eu l’occasion dans un premier temps de proposer leurs propres sujets d’intérêt avant de s’inscrire dans ceux ayant retenu le plus d’adhésions. Il s’agissait de leur permettre de partager un projet d’innovation ou de changement pour l’explorer, le réfléchir et le challenger en équipe grâce à des méthodes d’animation inspirées de l’intelligence collective. Les 7 thématiques (l’une d’entre elles étant doublée sur les 8) choisies pour cette édition 2016 ont été : Comment s’organiser dans l’entreprise pour que la démarche d’innovation soit pérenne et durable ? Imaginer que l’Université Catholique de Lille crée sa « Design School » et son « Learning Center » pour proposer de nouvelles façons d’aborder ses métiers qui sont l’éducation, la recherche et le service à la société. Comment faire évoluer les pratiques pédagogiques au sein du corps professoral et faciliter ainsi le développement de bonnes pratiques dans l’éducation ? Imaginer le « pense-bête » intelligent qui va s’adapter à mon métier et à mes équipes. Comment créer de nouveaux lieux de rencontre de l’innovation de demain où l’on pourrait retrouver des étudiants, des salariés, des retraités, des clients, des fournisseurs… ? Comment adapter le monde de l’entreprise au télétravail et aux innovations co-élaboratives ? Comment utiliser des compétences professionnelles variées pour créer des lieux de réflexion (think tank), d’idéation (laboratoire de créativité) et d’expertise (fablab) pour des entreprises en recherche de solution face aux mutations économiques ? Un choix aussi varié que celui des participants, mais résolument focalisé sur la résolution de problème ou la construction de projet par approche innovante. Une question se posant à tous, celle d’être le plus créatif possible et de pouvoir ensuite transformer ces nouvelles idées en réelles innovations. Un challenge qui passe forcément par l’expérimentation.
Papier, carton, béton. Un programme en 3 jours a été construit pour inviter chaque équipe à traverser les multiples étapes d’un parcours d’innovation. Celles-ci étant : la structuration des équipes, l’imprégnation de la thématique, l’exploitation de la connaissance collective, l’artéfactisation avec la matérialisation et le prototypage, le développement des processus de mise en œuvre et de décision, la réflexivité, la rétroaction et la confrontation avec les usages.
La première journée, dite « papier » a permis l’ébauche d’une maquette légère pouvant à tout moment être détruite, puis reconstruite. Elle a consisté à se cultiver sur le sujet, à faire de la recherche documentaire de manière à exploiter la connaissance collective par des méthodes inspirées de celles de la pédagogie inversée (classe renversée en DIY). Elle a invité les participants à créer et utiliser des artéfacts pour faire avancer leur analyse et réfléchir avec des objets décalés. Cette prémaquette en « papier » a permis de réduire la complexité du problème en le modélisant par conceptualisations et épures. Un brouillon intelligent !
La deuxième journée, dite « carton » a permis de concevoir la maquette, elle-même. Elle a mobilisé l’attention des équipes par des mises en situation de divergence et de convergence, des allers-retours « abstrait-concret » et des scénarisations. Elle a proposé des challenges réciproques et des prises de décision de manière à passer à un maquettage du projet plus avancé, c’est-à-dire à la conception d’un prototype physique (un bâtiment, un lieu, un objet,…) ou de services (une idée matérialisée, un parcours, un concept détaillé,…)
La troisième journée, dite « béton » a permis de consolider la maquette réalisée la veille. Il a été proposé à chaque équipe de vivre de vraies rencontres improbables avec des usagers potentiels, mais bien réels, habituellement impliqués dans le Living Lab. « Humanicité » ou dans les activités de recherche du groupe HaDePas (Handicap, Autonomie et Développement de la Participation Sociale) de l’Université Catholique de Lille. Cette étape de consolidation de la maquette est passée par l’inclusion des expériences de vie de chacun de ces tiers qui découvraient le projet dans son état d’avancement. Elle a permis à chaque équipe de penser à associer de nouvelles parties prenantes absentes au moment de la conceptualisation « papier-carton » et de tenir compte ainsi de la réalité.
Un dessin vaut mieux que mille mots ! Une facilitation graphique a été réalisée tout au long des 3 jours d’ateliers par Paule ANDRE (InnerFrog). Elle a accompagné le travail de chaque équipe afin de représenter l’énergie, l’ambiance et l’atmosphère de travail qui a régné au cours de la semaine. Il s’agissait aussi d’aider ces équipes à visualiser leur projet au fur et à mesure de leur construction. Chaque projet a fait l’objet de 3 dessins (« papier-carton-béton ») qui ont permis de suivre l’évolution de la maquette d’un atelier à l’autre. Une représentation en deux dimensions au service de la 3D !
La conférence inversée ! C’est le format expérimental qui a été imaginé le deuxième jour par l’Institut International de Prospective sur les Ecosystèmes Innovants (IIPEI) de l’Université Catholique de Lille qui a invité les participants de MOSAIC à vivre une conférence plutôt originale. La proposition faite aux participants a été de réfléchir à la question suivante : « Comprendre les écosystèmes innovants. Quelle place pour l’Homme dans cette nouvelle société ? ». Dans la forme, l’idée de la « conférence inversée » était de détourner un amphithéâtre de sa fonction habituelle, celle qui consiste à placer des sachants devant une assemblée pour qu’ils leur dispensent leur savoir en mode descendant. En d’autres termes, on essaye d’abandonner le mode de transmission 1.0 (mode site web) pour passer en 2.0 (mode réseau). Telle a été la motivation qui a conduit l’IIPEI à organiser ainsi cette conférence expérimentale. Pour cela, les organisateurs se sont inspirés des méthodes de pédagogie inversée qui sont pratiquées à la Faculté de Droit (licence inversée) ou à la Faculté de Gestion, Economie et Sciences (FGES) comme celle de la classe renversée (une méthode en « do it yourself »). Pendant la première heure de la conférence, personne n’est au pupitre. Aucun expert n’est invité à prendre la parole. Les micros sont bien là, mais juste posés sur des tables comme abandonnés. Les animateurs de l’évènement accueillent le public et lui expliquent d’entrée qu’il n’y a personne pour entamer la conférence, mais que celle-ci aura bien lieu, un peu plus tard dans la soirée, à partir de… leur propre production. C’est l’approche en DIY. Au public de construire lui-même le contenu de la présentation qu’il souhaite entendre et de préparer ainsi les débats et discussions qui s’en suivront. D’une rangée à l’autre dans l’amphithéâtre, les participants ont été regroupés en équipes autour d’un ordinateur qui leur a permis d’aller chercher directement de l’information sur internet. Les 8 équipes du séminaire MOSAIC se sont ainsi retrouvées disposées les unes à côté des autres. Chacune a disposé de 45 minutes pour produire une seule diapositive en PowerPoint montrant une illustration et/ou une série de phrases, définitions et mots clés pouvant aider à répondre à la question posée. Comment définir un écosystème innovant et imaginer la place de l’Homme dans ce nouveau contexte ? Comme la configuration de l’amphithéâtre ne se prêtait pas au travail en groupe, chaque équipe a décidé d’occuper l’espace à sa manière pour pouvoir discuter en cercle et construire sa présentation. Ces cercles de travail sont sortis d’eux-mêmes des rangées fixées et ont envahi la moquette. On a pu s’assoir par terre ou à l’envers sur les tables, ajouter des chaises en bout de rangée. L’amphithéâtre s’est métamorphosé progressivement, mais sans aucune résistance, en un espace de coworking improvisé. Au bout du temps imparti à la production de ces mini-présentations, on a demandé à chacun de regagner sa place, c’est à dire de s’assoir normalement, comme si de rien n’était. Le mode normal devait reprendre ses droits. Enfin, presque ! Quatre experts ont alors été invités à se rapprocher de l’estrade et des micros leur ont été tendus. Ils ont pu s’exprimer sur le sujet qu’ils étaient censés connaitre, puisqu’invités en tant qu’experts. Il s’agissait de Pierre GIORGINI, Président Recteur de l’Université Catholique de Lille, Laurent SIMON, professeur à HEC Montréal, Michel SALOF COSTE, directeur scientifique de l’IIPEI et de Magali POURRAT, directrice adjointe d’un espace de coworking à Lille (Co-Factory). Les illustrations de chaque équipe ont alors été projetées au hasard sur un grand écran et les experts ont eu 5 à 10 minutes, discussion avec le public incluse, pour réagir et donner leur avis. En quoi ces présentations qu’ils découvraient en direct les avaient ou pas inspirés? Etaient-ils en accord ou non avec les définitions et mots-clés qui s’affichaient à leurs yeux ? Pendant les 45 minutes qui ont suivi, il leur a été possible de rebondir sur une idée, de se questionner en direct, d’abonder ou non, de préciser tel ou tel point de leurs convictions en accord ou pas avec la production de l’assemblée qui les écoutait. Les participants à la conférence, dans l’amphithéâtre, ont pu prendre la parole, préciser le contenu de ce qu’ils avaient produit et interroger les experts comme dans une conférence en mode académique. Le dialogue s’est instauré entre l’estrade et les rangées. Plus rien à voir avec une conférence « non inversée » ! Un projet presque parfait ! La présentation des 8 projets s’est faite en fin de séminaire, le troisième jour, en imitant une émission de télé-réalité consacrée à la cuisine. Chaque équipe a reçu une fiche « catégories » avec pour consigne de la remplir en indiquant l’intitulé du « plat » qu’elle allait présenter devant un jury trié sur le volet. On leur a expliqué la règle de ce pitch un peu particulier, tel qu’elle avait été conçue. Chaque équipe devait présenter son projet de deux manières différentes : une présentation « culinaire » de type « top chef » pendant 3 minutes, suivie d’une présentation du projet (fiche technique) en mode classique pendant 5 minutes. Le jury ne devait poser aucune question, mais analyser les présentations qu’il devrait ensuite classer en fonction de 4 critères majeurs : L’équipe a-t-elle répondu à la question de départ ? La solution proposée est-elle créative ? S’agit-il d’une véritable innovation ? Quel est le niveau de faisabilité en termes d’expérimentation ? Cela faisait donc un maximum de 8 minutes par équipe pour convaincre le jury et le public, mobilisé quant à lui pour le vote « coup de cœur », que son projet était le meilleur ! Pour la présentation « culinaire, il a été demandé à chaque équipe, à partir de la fiche remplie le matin, de dresser une table qui corresponde à leur projet, et de la présenter avec leur « plat ». A leur disposition, de la vaisselle, de la décoration de table etc. Chaque participant avait une toque en papier avec la couleur ou le numéro de son équipe. Chaque équipe possédait une ardoise où était inscrit le nom de son « plat ». A la fin de la présentation, les ardoises avec les intitulés des plats ont été présentées sur le buffet et chaque participant a été invité à voter pour son projet favori. En ce qui concerne la présentation « culinaire », les critères pris en compte ont été l’esthétique de la table, la cohérence entre la thématique culinaire et le projet et la qualité de la présentation orale. Trois prix ont été décernés pour les projets accédant au podium, dans l’ordre : la toque de béton, la toque de carton et la toque de papier.
Un volet recherche en mode « hackathon » pour MOSAIC Lille 2016. Des temps de réflexivité ont permis en fin d’ateliers de se poser un peu et de réfléchir ensemble à la démarche de travail co-élaboratif telle qu’elle était vécue lors de l’événement. Ces échanges ont été menés en lien avec un travail de recherche réalisé la même semaine par un groupe d’une dizaine de chercheurs du groupe HEI-ISA-ISEN et du Laboratoire d’Innovation Pédagogique (LIP) sous la thématique « Codesign et Intelligence Collective ». Ces chercheurs animés par Olivier IRRMANN, directeur de la recherche aux Ateliers de l’Innovation et du Codesign (ADICODE, Groupe HEI ISA ISEN), ont organisé deux journées scientifiques encadrant l’événement, soit les 9 et 13 mai 2016, pour partager des informations en lien avec la recherche du réseau MOSAIC : routines et créativité (Laurent SIMON), espaces de co-création et innovation (Raphael SUIRE), pédagogie de l’innovation et innovation pédagogique (Jean-Charles CAILLIEZ, Olivier IRRMANN, Julian ALVAREZ) et pour organiser des observations du travail en équipe des participants (grilles d’analyse, scenarios possibles, retour sur les protocoles,…). L’objectif étant d’entamer en commun l’écriture d’articles scientifiques décrivant la méthodologie de MOSAIC Lille et la façon dont le travail en équipe avait permis de répondre au problématique posées,… une sorte de hackathon recherche !
L’équipe MOSAIC Lille 2016. Direction de MOSAIC Lille : CAILLIEZ Jean-Charles – DUBOIS DUPLAN Céline ; Conception du programme : GIREAU GENEAUX Annie – IRRMANN Olivier ; Animation des ateliers : DE HAAS Benoît – FLAMENT Axel – FRULEUX Alain – LEFEBVRE DU PREY France – ROUTIER Cédric – SOYEZ Stéphane ; Préparation et animation des événements : CARISSIMO Delphine – DEPLANCKE Francis – DE PUYBUSQUE Paul – DERAM Virginie – PENARD Isabelle – SOBANSKI Thierry ; Facilitation graphique : ANDRE Paule (InnerFrog) ; Communication : LEFRANCQ Marie – VERHAEGHE Fabienne ; Inscriptions et accueil des participants : AUBERT Adélaïde – MORVILLERS Emilie – RAVAU Elise ; Logistique et préparation des salles : CROENE Michèle – DOURLENS Pascal ; Films, montages et photographies : FREMY David – GODIN Laurent – LEROY Guillaume – MESSENCE Nicolas
Merci au Groupe HEI ISA ISEN et aux Facultés de L’Université Catholique de Lille pour l’organisation de MOSAIC Lille, l’Ecole de Printemps en Management de la Créativité qui s’est déroulée dans les espaces spécifiquement aménagés et équipés pour abriter ces approches innovantes : RIZOMM, Learning Lab., Meeting Lab., Medialab., ADICODE Vauban, ADICODE Euratechnologies, Ateliers d’Humanicité,… Merci au Hub de Créativité MOSAIC d’HEC Montréal (Canada) pour leur partenariat dans le cadre de l’organisation des Ecoles en Management de la Créativité (Montréal, Barcelone, Strasbourg, Bangkok, Lille, Grenoble).
Notes de Jean-Charles Cailliez, le 22 mai 2016