Film de l’atelier (réalisation par Laurent GODIN et David FREMY du Medialab. de la FLSH) à télécharger sur :
https://www.youtube.com/watch?v=0L1xP_JbM5g
Qui n’a jamais participé à une conférence ou un séminaire ? De présentation en présentation, les illustrations se succèdent qui permettent de traiter d’un sujet ou de partager sur l’avancée d’un projet. Dans ces moments d’échanges entre un expert et son public, on a pris l’habitude d’utiliser le PowerPoint. La méthode est pratique. Elle a fait ses preuves. Elle permet de dérouler les images et les textes, puis d’échanger avec l’auditoire.
Mais est-on obligé de la suivre aveuglément ? Ne peut-on pas choisir une autre façon d’échanger qui soit plus dynamique, plus interactive ? Pourquoi pas autre méthode qui ne force personne à digérer de très longues minutes de présentations fastidieuses avant de passer aux questions ?
Une idée vraiment originale a été expérimentée, le 20 octobre 2016, lors d’un séminaire à l’Université Catholique de Lille.
A la manière d’une conférence inversée, elle a été imaginée par son Laboratoire d’Innovation Pédagogique, elle a permis à plus de 80 personnes d’échanger de manière active sur l’avancé de leurs projets. Il s’agissait en l’occurrence de la présentation d’Ecosystèmes Innovants : les Atelier de l’Innovation et du Codesign (ADICODE), les Masters du RIZOMM, les Ateliers d’Humanicité, le projet LIVE TREE, Le projet TECHSHOP Lille, la Maison des Chercheurs et l’Anthropolab, le MediaLab, la Design School de l’UCL avec son Laboratoire d’Innovation Pédagogique, son Institut de l’Entrepreneuriat et son Institut International de Prospective sur les Ecosystèmes Innovants.
La méthode qui a été créée est celle de la « conférence dessinée » ! Le principe en est très simple : remplacer le Powerpoint par une série de dessins uniques sur des tableaux à roulettes.
Pendant que les participants à la conférence commencent à s’imprégner du sujet, en équipes de 7 à 8, les experts disposent d’une demi-heure pour dessiner sur un tableau la synthèse du message qu’ils ont à transmettre. Les tableaux sur roulettes vont jouer le rôle du Powerpoint. Ils prennent position dans la salle et attendent leur public. Charge alors aux différentes équipes de se déplacer d’un tableau à l’autre pour le découvrir et interroger ceux qui les ont dessinés. Toutes les 10 minutes, les rotations s’effectuent ce qui est suffisant, à la fois pour découvrir les sujets présentés, mais aussi pour échanger avec leurs auteurs. Le dialogue entre les participants est facilité. Les idées sont échangées dans un climat qui rompt avec l’ambiance habituelle des présentations académiques.
Cette méthode des tableaux dessinés est particulièrement efficace. Elle évite notamment l’endormissement habituel, celui qui nous atteint souvent lorsque les présentations orales dépassent les 15 à 20 minutes. Ici, les participants se déplacent dans la salle de dessin en dessin. Ils se concentrent sur une question au plus près de l’expert et le dialogue n’en est que plus intense.
La conférence dessinée permet de sortir du cadre habituel des amphithéâtres aux pratiques convenues. Elles obligent les experts à être beaucoup plus synthétiques, plus pédagogiques, bref à leur donner envie de parler, mais aussi d’écouter tout un chacun. Elle mobilise l’attention des participants qui n’ont plus le temps de s’ennuyer. Elle transforme tout simplement la transmission d’information en échange de propos, en acquiescements, en controverses. Elle favorise l’expression des avis, plus ou moins contradictoires, ce qui enrichit les débats. C’est une pratique de communication en mode 1.0 qui passe en 2.0. A l’heure de l’expansion des réseaux sociaux, elle est vraiment de son temps. Nul doute qu’un avenir radieux l’attend à l’université comme ailleurs. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui la pratiquent auront du mal à revenir en arrière,… en d’autres termes, une addiction vers plus de communication.
Bonjour
Cette méthode est très intéressante … mais limitée aux instants de formation avec des ressources humaines abondantes (un formateur par tableau à roulettes ?). Comment faire pour l’adapter aux situations de type cours d’amphithéâtre, avec plusieurs centaines d’étudiants ? C’est donc davantage un outil dédié à de la formation continue ou à des structures disposant de moyens permettant de faire fonctionner la formation par petits groupes d’apprenants. Pour les gros effectifs avec peu de moyens humains, on cherche toujours …
Merci pour votre commentaire. Cette méthode peut s’adapter à toutes les situations. Nous allons d’ailleurs l’expérimenter dans le cas d’un seul intervenant pour un public multiple. On va s’inspirer pour cela de la conférence inversée. A l’impossible, nul (créatif) n’est tenu !
Ces méthodes sont bien connues dans le monde de la formation. Elles sont évidemment intéressantes. En revanche, pouvez-vous me rappeler le nombre d’intervenants animant ces sessions ? 7-8 ? Difficile donc de comparer avec une intervention en amphi avec seulement un animateur pour 80. Un problème de ressource humaine non ? Dans un monde radieux, je dis évidemment, « ne revenons pas en arrière »…
Voir mon commentaire ci-dessus. Je pense que ces méthodes interactives peuvent s’adapter à toutes les situations. Il faut juste lutter contre le « yes, but… » et le transformer en « yes, and… ». Je suis d’accord avec vous, ces méthodes sont connues depuis longtemps, mais peu sont ceux qui osent les expérimenter dans leur quotidien. On expérimente déjà les conférences inversées (très interactives)… nul doute que nous les adapterons très prochainement avec le dessin !
Adversaire depuis longtemps du diaporama ou des « slides » (qui signifie aussi glissade en anglais) bourrées de textes lus, je souscris bien sûr à votre initiative, il faudra que je tente…
Essayez également ceci dans une réunion où chacun est venu avec sa présentation :
annoncez tout simplement que pour votre sujet les auditeurs vont devoir vous regarder, interagir avec vous
dites qu’il n’y aura pas de diapositives (on peut presque toujours se passer de support visuel – demandez aux aveugles !)
dites que cela obligera à produire un effort dans votre expression mais aussi dans leur attention.
Ajoutez qu’il serait préférable d’éteindre son portable et de refermer son PC ou Mac portable durant 5 minutes.
Concluez le propos liminaire par : ce que j’ai à vous dire se résume en trois notions – que vous exposez d’entrée, avant de les détailler.
Comme souvent dans la communication, le simple fait de se distinguer des méthodes habituelles contribue à mobiliser davantage l’attention.
Il faut donc se renouveler, s’adapter à l’auditoire et aux objectifs poursuivis, une sorte de bon sens créatif !