De la créativité à l'innovation

Que pensent les profs de la classe renversée ? Je t’aime,… moi non plus !

Que pensent les profs de la classe renversée ? Ont-ils envie de se lancer dans l’aventure des pédagogies innovantes ou bien ont-ils peur de s’y risquer ?  Telles sont les questions qui ont été posées à une quarantaine d’universitaires de l’Università di Corsica Pasquale Paoli lors d’un séminaire d’innovation pédagogique organisé par Thierry Antoine SANTONI , Vice-Président en  charge de l’innovation et du numérique, les 1 et 2 décembre 2016 à Corté.

je-taime

Leurs impressions positives et négatives ont été recueillies suite à une conférence de Jean-Charles Cailliez sur son expérience de classe renversée en « Do it Yourself«  et précédant deux jours d’ateliers collaboratifs (co-animés par Delphine CARISSIMO, chargée de mission à l’Institut de l’Entrepreneuriat de l’Université catholique de Lille) consacrés aux méthodes pédagogiques innovantes et aux communautés apprenantes. D’un point de vue méthodologique, il a été demandé à chacun de donner obligatoirement un point positif (ce qui lui donne envie de se lancer dans une pédagogie innovante, classe inversée ou autre méthode) et un point négatif (ce qui le freine, voire ce qui lui fait peur). Ci-dessous leurs réactions :

Impressions positives et inspirations. La méthode des tableaux tournants me semble très didactique et intéressante à mettre en place – la participation active des étudiants dans la construction de leurs savoirs ; la préparation des évaluations – les différentes méthodes envisagées pour inverser la classe : tableaux tournants, QCM intelligents,… – j’ai aimé l’exposé des méthodes interactives (groupes, tableaux) car il y a un échange entre l’enseignant et ses étudiants – les méthodes de classes inversées intéressantes avec des méthodes de travail qui, je pense, améliorent la capacité d’apprentissage des étudiants – la partie que j’ai préférée dans cette intervention, car elle m’a conduite à m’interroger à la fois sur ma façon d’enseigner et ma propre expérience en tant qu’étudiante, est celle qui consiste à faire élaborer le contenu du cours par les étudiants ; en effet, je pense qu’il s’agit d’une façon intéressante de faire « absorber » et comprendre le cours aux étudiants – les tableaux tournants sont l’exemple le plus positif pour moi – la dynamique de la présentation qui donne envie de retourner en cours, d’être étudiant ! Techniques de travail en groupe (tableaux tournants, cartes mentales,…) – Espace libre, ouvert permanent – mettre l’étudiant dans une situation entrepreneuriale avec le travail en équipe avec ses avantages et ses inconvénients – le principe de renverser la source des savoirs me semble passionnant, mais pas essentiellement nouveau si l’on songe à l’enseignement mutuel du XIXème siècle, hélas rejeté en France depuis Guizot en 1930 – au fait, qu’en est-il de l’omelette ? Innovation à équilibrer avec l’enseignement traditionnel – l’image de la canopée, de la biodiversité comme l’innovation, mais avec la nécessité du socle – la partie que j’ai préférée est la méthode de notation et d’évaluation et notamment le fait que les étudiants connaissent les questions susceptibles de tomber à l’examen, avec la bonne correction – le fait de séparer les amis dans les groupes – l’idée que ce qui compte, c’est l’innovation pédagogique, de s’adapter aux étudiants et non pas de copier les pratiques – la co-construction des éléments permettant une appropriation des données ; l’acquisition de connaissances, mais également de compétences , savoir-faire et savoir-être = meilleure préparation et adaptation au monde du travail – l’ouverture de l’espace pédagogique (portes ouvertes pendant le cours) et plus généralement la possibilité d’échanges et de choix concertés ; l’apprenant est responsable car ce sont ses choix – le plus inspirant = les tableaux tournants pour permettre aux étudiants de compléter les écrits/idées des autres, acquérir des infos et compléter leurs lacunes = facile à mettre en place (+ le jeu de rôle également et les devoirs à la maison pour le prof !) – n’avoir aucun tabou sur l’inversion des différents rôles entre l’enseignant et ses étudiants, ce qui à la fois libère la créativité personnelle et collective, mais aussi a certainement un effet important sur le regard porté sur toute institution de la société – le point positif me parait être l’idée de rendre l’étudiant « co-constructeur de ses connaissances » comme vous l’avez dit… le responsabiliser… – I have really appreciated your presentation ; I can say that I am enthusiastic to give a try to these methods ; I like the tourning tables – ma partie préférée fût l’exemple que vous avez donné, c’est-à-dire l’expérience de la classe qui travaille en groupe – la classe renversée, le fait de rendre les étudiants acteurs ; que ce soit dans la construction du cours, la compréhension dans l’évaluation ; le travail collaboratif qui permet à des profils différents d’élèves d’obtenir des résultats – l’idée de s’autoriser à être créatif dans un acte pédagogique en s’adaptant aux contraintes – votre exposé m’a conforté dans l’idée d’intégrer des approches nouvelles au cours de mes enseignements – l’essence même du concept = mettre l’élève au cœur du processus d’apprentissage, en lui apprenant donc l’esprit critique, qui devrait être le but premier de l’école – la mise en lumière du « oui,… MAIS » ; l’ouverture sans limite de l’approche ; le plaisir partagé entre le prof et les élèves – le prof équivalent d’un PDG…, Génial ! – le concept de la classe renversée où l’étudiant est mis au cœur de la méthode d’enseignement en devenant le moteur – la classe renversée donne du sens aux apprentissages et aux savoirs ; elle fait appel à la curiosité et l’imagination et elle est facteur de confiance – essayer la co-construction du sujet d’examen ; un peu de pommade, la conférence est très intéressante – donner des bons points pour l’esprit critique, l’entraide

Impressions négatives et craintes. J’ai du mal à saisir comment le fait de passer beaucoup de temps à la recherche d’infos pour les différents chapitres permet de TOUT traiter du programme ou du moins de la majorité – l’organisation de la répartition des points étudiés par chaque groupe par rapport aux séquencements des cours ; comment les groupes qui n’ont pas travaillé sur des notions intègrent ces savoirs ? – le travail que la mise en place de ces méthodes demande – j’ai moins aimé la partie sur la notation car les critères de notation ne me paraissent pas clairs ; quels sont ces critères ? Sont-ils indiqués aux étudiants lors du premier cours ? Evoluent-ils (oui), mais alors quelle est la réaction des étudiants ? – méthode peut-être lourde à mettre en place individuellement ? – étant enseignante en droit (filière assez formaliste), certains aspects de la classe renversée me semblent difficiles à mettre en œuvre – sceptique néanmoins quant à l’esprit de groupe hétérogène ; difficulté de se projeter sur de petites effectifs qui sont ceux de notre université ; sinon, merci ! Ça donne envie – l’obligation d’être présent à 8h00 (j’ai compris la motivation), cependant le couperet est peut-être décalé avec la réalité des contraintes sociales…. – se mettre à la place de l’étudiant avec des devoirs à faire à la maison… impression de régresser, même si l’idée est excellente – no complain, no explain – je me demande si le modèle entrepreneurial et la suprématie des compétences ne portent pas préjudice à l’émancipation et à la gratuité de la science ? – la perte de posture pour le prof (en apparence) – l’idée que je trouve un peu « démago » est que c’est dans les lycées professionnels ou dans les maternelles qu’on innove le plus et pas dans les classes prépas ; or vous avez aussi dit que quand une méthode marche, il n’y a pas la nécessité d’innover – la méthode que j’ai moins aimée est celle des tableaux tournants qui me semble pouvoir être source de confusion – les remarques par rapport à l’enseignant (la notation du prof par les élèves) – l’idée de ne plus corriger, mais de faire des devoirs à la maison composés et corrigés par les élèves – la problématique de la maîtrise des données non élaborées en commun ; la difficulté d’appropriation du cas – le rapport au monde de l’entreprise ; l’aspect productivité (bien que cohérent) versus le fait d’apprendre pour le plaisir de savoir – la classe trop ouverte ; le risque dispersion sur le web et pas sur les cours (je ne suis pas « enseignante », je donne « juste » 20 heures de cours par an) – comment attribuer des notes sur des critères très hétérogènes par rapport à la maîtrise des compétences attendues ? Quelle en est la cohérence ? – la partie qui m’a fait peur, révolté, énervé… même si à la fac tout le monde n’est pas atteint de « programmite », on a quand même un peu peur de ne pas avoir le temps pour permettre à chacun de co-construire ou ne serait-ce que « construire » des connaissances suffisantes pour avancer dans son cursus… même si les pédagogies actuelles ne le garantissent pas non plus !!! ; Bravo quoi qu’il en soit – I don’t like the video-spot of the university of Lille – en revanche, après votre présentation, on peut avoir peur de rentrer dans une spirale négative ; en effet, l’innovation pour l’innovation n’est peut-être pas la solution – le niveau logistique et organisationnel ; besoin d’un appui par une équipe de recherche – la classe ouverte (portes ouvertes) afin que des observateurs puissent s’y inviter ; peut-être déstabilisant pour les élèves ? – cas de la classe totalement inversée limite car risque de lacunes (communication des savoirs entre groupes) et de perte de « cadre » permettant de structurer l’acquisition progressive des savoirs – je n’ai malheureusement pas de révolte, ni de peur ! Ce système a quelques points faibles, comme tout système, mais rien qui me semble insurmontable – vos étudiants qui semblent « bon public » ; l’aspect euphorique de la méthode (OK pour la théorie,… mais dans la pratique ?) ; le risque de mise en place d’une évaluation indirecte des enseignants par les étudiants (exclusion des enseignants pas FUN) – le pire = la notation finale… le contrôle continu plus approprié à la situation dans une entreprise… ! Il faut garder les pieds sur terre !!! – la méthode doit être adaptée aux formateurs ; comment faire une classe renversée avec des étudiants d’IUT par exemple qui ont un volume de 1700 heures sur 2 ans ? – le fait de se plier aux règles du public (ou autre) pour valider les savoirs des élèves – la vidéo trop longue ; je pense que mettre en place votre méthode demande un gros investissement en temps – la partie qui me fait peur : le support de l’entreprise… ne formate-t-on pas encore plus tôt, plus vite de façon plus efficace, les personnes (les individus) avec leur potentiel de liberté… à un monde (éminemment économique) qui les force à la production ? Merci pour votre présentation

Feed-back par rapport aux méthodes pédagogiques innovantes.

Prise de conscience que l’on peut rendre les apprenants acteurs sous différentes formes ; conserver le caractère ludique et challenging de chaque activité ; on hésite à casser les habitudes, mais la démonstration faite hier montre que l’on peut aller très loin ; finalement, en réfléchissant à la manière dont on pourrait animer son cours, comment on pourrait le rendre plus efficace, cela oblige à se poser les questions fondamentales sur les savoirs qui doivent être transmis ; une question = comment faire « bouger » des enseignants ancrés dans des habitudes, même si elles ne sont pas efficaces ?

Innovation pédagogique : pour moi, comment être plus efficace en terme d’apprentissage ? Ce qui amène à me poser plusieurs questions ? Celle non pas du programme, mais de quels savoirs indispensables, intéressants, nécessaires… que les étudiants devraient s’approprier ? Les savoirs sont pour moi un outil de liberté de penser, de se questionner, de se positionner dans son environnement d’où l’importance de l’esprit critique ; pourquoi la règle de la ponctualité ? Quand les autres règles arrivent et pourquoi ? Les techniques utilisées sont-elles le produit d’une histoire avec le groupe ?

Démarche innovante intéressante pour impliquer plus les étudiants au cours, développer leur autonomie et prendre conscience de leurs compétences du travail en équipe, des responsabilités quant à la qualité et au sérieux de leur travail par rapport à eux, mais aussi aux autres ; j’ai bien aimé aussi la démarche pour les mettre en condition de rendement par rapport aux livrables et dans un contexte d’entreprise, afin qu’ils puissent faire le lien entre leurs connaissances et ce que l’on attend d’eux en termes de challenge ; je n’ai pas trop saisi l’intérêt de l’outil « carte mentale » pour un cours ; je comprends l’utilité de cet outil en entreprise pour la créativité, mais je ne vois pas l’application pour un cours magistral

La journée d’hier a permis de voir une partie de la multiplicité des outils disponibles ou à créer, développer, adapter selon la situation ; la majorité des « Oui, mais… » sont contournables par des adaptations ; les ateliers peuvent, en rendant l’apprenant « acteur » de son enseignement, révéler des aspects personnels intéressants chez chaque élève, mais également les confronter à des situations de débat, de communication, d’expression orale ; le point fort de tous les points vus hier est pour moi le fait d’interagir, de rendre vivant l’enseignement, chose qui n’est pas présente dans un cours magistral où l’élève est spectateur

Enthousiasme = foi ; on n’a pas parlé de l’aspect individuel de l’apprentissage par rapport au travail de groupe ; on n’a pas abordé l’aspect « discipline » : que faire s’il y a trop de bruit par exemple ? Que faire en cas de conflit ? ; on n’a pas abordé l’aspect « affect » dans la transmission des savoirs ou la gestion des ateliers ; ces démarches innovantes devraient se faire de la maternelle à l’université pour apprendre aux élèves l’autonomie dans l’apprentissage ; sinon, le panel d’outils vise à stimuler l’imagination, la créativité, la curiosité, l’autonomie, qualités qui me semblent plus être au cœur des attentes du système éducatif

Ce qui m’a inspiré, c’est le côté très interactif et original de ces méthodes ; je trouve ces méthodes intéressantes car elles conduisent à sortir les étudiants d’une attitude trop scolaire ; la méthode du cours renversé est vraiment intéressante car les étudiants ne sont pas passifs ; plus on est actifs dans la construction du cours, plus on peut retenir facilement et comprendre le cours ; je pense que les avantages de cette méthode se retrouvent dans celle du tableau inversé ; en revanche, je m’interroge sur la notation ; la dernière méthode (le dernier exercice)me semble avoir un intérêt plus réduit

Appréciation du colloque sur la déconstruction d’un cours classique vers la créativité (surtout s’autoriser à être créatif) et sur la notion de responsabiliser l’élève pour un acte pédagogique plus riche ; l’après-midi = choix des méthodes ludiques, mais peut-être partir de situations concrètes vécues par les enseignants ; pas trop compris l’intérêt de la carte heuristique, pour moi, qui est plus une méthode pour hiérarchiser des idées = a eu l’effet inverse !

Ce qui a pu m’intéresser particulièrement était le QCM intelligent ; en effet, cela me semble utile pour faire comprendre certaines notions à des étudiants ; de plus, l’innovation pédagogique, telle qu’elle nous a été présentée permet de créer un lien entre les étudiants

Mettre l’élève au centre du processus éducatif, le responsabiliser, ne pas le laisser en position passive ; c’est une démarche très inspirante qui donne envie de tester de nouvelles manières d’éduquer, d’autant plus que les élèves sont en demande ; cependant, il est sans doute nécessaire d’alterner ces méthodes avec les plus traditionnelles pour ne perdre personne en route, comme vous l’avez d’ailleurs souligné

Les outils présentés hier après-midi étaient intéressants et donnent envie d’être essayés ; néanmoins, j’ai du mal avec la carte mentale ; cet exercice ne m’a pas semblé cadré ou du moins pas assez « hiérarchisé » ; j’ai trouvé intéressant le dessin de la slide au tableau enchaîné au « karaoké » qui peut permettre, personnellement, de voir si on arrive à faire passer correctement le message

L’attention des personnes autour des ateliers ; le challenge entre les groupes ; la bonne ambiance

Point le plus marquant = les outils présentés sont souvent orientés vers l’animation dans la formation de formateurs ou le management, c’est-à-dire dans des dispositifs de court terme ; or, ils sont en fait mobilisés de façon essentielle, au long cours, dans la formation des étudiants pour atteindre des résultats de maîtrise « académique » des savoirs (et bien sûr, contribuant, ce faisant, à construction d’autres compétences de type transversales, qu’il serait intéressant d’expliciter)

Innovation pédagogique : changer de point de vue, sortir du cache, apprendre à innover, chercher des solutions innovantes pour répondre aux défis, savoir créer

Ça m’a permis de mieux appréhender la dimension temporale, temps limité n’empêche pas une amélioration possible avec les différents outils ; briser la glace (intérêt pour moi = transformation à usage pédagogique) ; la question et la présentation des slides/tableaux/temps limité = différentes techniques ; il faut garder attention ; karaoké, slam/dialogue/compléter ; intérêt de la carte mentale (usage classique, brainstorming, faire des plans alors que là, suivre le fil des idées « marathon bout de ficelle » = quel usage ?

Innovation pédagogique = une synergie dans un groupe ; dans un espace donné, créer les conditions de l’apprentissage en s’appuyant sur le vécu, les motivations de chacun et du contenu que l’on souhaite proposer = méthode collaborative, participative ; sortir des méthodes d’apprentissage connues à travers des contenus multimédias et une approche transversale ; mélanger les méthodes et se renouveler constamment

La présentation du matin était très intéressante ; l’après-midi était très long ; exercice pas toujours applicables ; carte mentale plus adaptée à l’entreprise ; notions applicables dans certaines classes et dans certaines matières ; comment faire pour qu’une classe de L1, dont la moitié des étudiants ne savent pas ce qu’ils veulent faire et ont été refusés à toutes les écoles où ils ont postulé ? Exercices applicables si le cours et le sujet sont connus par l’enseignant ; la recherche trop poussée d’une réponse ne pouvant être poussée peut entrainer des dérives, surtout si une note est à la clef, accepter qu’internet ne sait pas tout et qu’une réponse ne peut pas toujours avoir une réponse ; point positif = les étudiants doivent chercher par eux-mêmes et comprendre/apprendre suivant la méthode souhaitée ; meilleur suivi des étudiants si on remplace les heures d’élaboration du cours par du suivi ; travail pas à la maison… oui, mais meilleures notes si on travaille pendant la semaine après le contrôle pour le compléter… et si tous les profs faisaient comme ça ?

I liked the opportunity to see a sample of these techniques and teaching approaches; I am happy to think about the way in which I could apply these teaching-learning methods to my classes     

Notes de Jean-Charles Cailliez, le 8 décembre 2016          

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.