De la créativité à l'innovation

Confinnover en pédagogie… ce n’est pas toujours évident !

Mes étudiants et moi-même sommes tous confinés ! Cette situation exceptionnelle que chacun d’entre nous, enseignants ou élèves, vivons depuis un mois et qui va durer encore, pandémie du coronavirus oblige, est-elle de nature à nous rendre plus créatifs? Peut-elle nous inciter à innover davantage… j’allais dire à « confinnover » ?

Quelles que soient nos activités professionnelles, cette inattendue « mise sous globe » nous incite à inventer de nouvelles façons de nous organiser, de communiquer et surtout de travailler à distance. La contrainte du confinement, comme toutes les contraintes, se transforme bizarrement en opportunité. Elle nous oblige à faire preuve d’un minimum de créativité pour continuer à interagir à distance, comme nous avions l’habitude de le faire en présentiel, mais cette fois-ci différemment.

Mais cela est-il toujours facile ? La pratique sur le terrain montre que non. Quand on est enseignant, indépendamment du domaine scientifique et du niveau « scolaire » dans lequel on exerce, de la maternelle au doctorat, la situation reste la même. Le télé-travail qui est basé sur l’enseignement à distance est la seule façon de conduire la fameuse « continuité pédagogique ». Pas facile de passer de la classe réelle à la classe virtuelle ! Cela reste plus compliqué pour certains que pour d’autres, non seulement pour des raisons techniques car l’usage du numérique pour travailler est loin d’être une évidence pour tous, mais aussi parce que nous n’avons pas tous le même niveau de motivation à le faire. De plus, l’idée de faire autre chose que de la simple transmission verticale de savoirs reste impensable pour certains enseignants, ce qui ne facilite pas le passage à l’acte… innovant !

La classe renversée à distance, c’est pourtant possible! Côté positif, cette situation exceptionnelle de confinement m’a permis d’innover davantage et de concevoir pour le contrôle continu de mes étudiants un devoir non surveillé en ligne pour étudiants confinés. L’expérience s’est déroulée sans aucun problème. Elle nous a apporté beaucoup de satisfaction, à moi et à la majorité de mes étudiants qui ont produit en équipe d’excellentes copies. En adaptant ce que nous faisions déjà en présentiel, il nous a été possible de faire travailler en équipe et en direct « live » 48 étudiants chacun isolé chez lui, mais en communication avec les autres. Cela a été rendu possible grâce à l’utilisation d’une plateforme numérique que je connaissais déjà, facile à prendre en main, et qui propose des fonctionnalités permettant le travail collaboratif. Mais est-ce toujours le cas ?

Et bien non ! La situation contraire m’est arrivée la même semaine qui m’a obligé à refaire du cours magistral à 100 % ! Situation que je n’avais plus vécue depuis 5 ans au moins. Dans un autre établissement de l’université que le mien qui m’a demandé de faire cours par le biais d’une plateforme numérique aux propriétés d’interactivité nettement inférieures à celles que j’utilise d’habitude et qui plus est, pour compliquer la chose, dans le cadre d’un enseignement à distance avec des étudiants de différents pays, dont certains étaient restés bloqués chez eux (le décalage horaire n’ayant pas facilité les choses), je me suis retrouvé dans l’obligation de dérouler mon PowerPoint (pourtant didactique) pour 3 séances de 4 heures. Retour au cours magistral, comme un retour à la case départ, moi qui avait pris plaisir à renverser ma classe depuis des années. Bien sûr, j’aurais pu m’en sortir mieux et imaginer quand même une nouvelle façon de créer de l’interactivité par cet outil numérique beaucoup plus rigide, mais je n’en ai pas eu le temps. Pris par le rythme infernal de la continuité pédagogique, je me suis laissé allé à la facilité, celle de faire cours normalement, comme j’en avais eu l’habitude pendant plus de 25 ans. Après tout, le cours magistral pour un prof, c’est comme le vélo… même si vous avez arrêté depuis longtemps, ça revient toujours !

Je prépare maintenant mon épreuve d’examen pour les partiels qui doit normalement conduire à une note individuelle dont le poids est supérieur à celui du contrôle continu. Comme mes étudiants seront toujours confinés chez eux et donc connectés à internet durant l’épreuve, je dois faire preuve d’imagination pour qu’ils ne « trichent » pas, voire ne collaborent pas entre eux durant le temps imparti pour répondre à mes questions. C’est une épreuve qui dure normalement 2 heures en salle, aussi aucune raison de changer ce timing, même à distance. Alors comment faire ?

L’idée est la suivante. En utilisant la plateforme qui me sert à leur faire cours en ligne, je vais pouvoir rester en contact direct avec eux durant l’épreuve. Ci-dessous la méthodologie proposée.

La forme de l’épreuve est la suivante = il faudra répondre individuellement à 4 questions qui seront données aux étudiants toutes les 30 minutes. Pour 48 étudiants (E1 à E48), il y aura 24 questions (notées de Q1 à Q24)

Etudiants de E1 à E8 Q1 Q12 Q13 Q24
Etudiants de E9 à E16 Q2 Q11 Q14 Q23
Etudiants de E17 à E24 Q3 Q10 Q15 Q22
Etudiants de E25 à E32 Q4 Q9 Q16 Q21
Etudiants de E33 à E41 Q5 Q8 Q17 Q20
Etudiants de E42 à E48 Q6 Q7 Q18 Q19

Les questions seront transmises aux étudiants par l’enseignant toutes les 30 minutes via « Big Blue Buttom » sur Icampus (plateforme Moodle). Ils n’auront pas le temps de se concerter entre eux pour répondre, sauf à perdre du temps précieux pour la rédaction. Le jeu de la communication n’en vaut pas la chandelle !

  • Question 1 = 30 minutes pour répondre
  • Question 1+2 = 60 minutes
  • Question 1+2+3 = 1h30
  • Question 1+2+3+4 = 2h
  • 5 minutes supplémentaires pour envoyer la copie/mail sous format Word ou PDF

Pour chaque réponse (notée sur 5 points), l’étudiant doit obligatoirement définir 2 termes majeurs de son choix et décrire au moins un schéma annoté :

  • La définition des 2 termes majeurs (2 points)
  • La description des schémas (3 points)

ATTENTION : Les copies seront corrigées « par question » et non « copie d’un étudiant après celle d’un autre » de manière à vérifier que 2 copies différentes ne contiennent pas exactement les mêmes explications, soit du « copier-coller intégral ». Les étudiants qui rendront exactement les mêmes définitions et descriptions de schémas pour une même question seront pénalisés lors de la correction.  

Je vous donne RDV après la tenue de cet examen à distance pour vous en faire le retour ! A suivre…

NB : les illustrations sont de mon collègue et ami Charles HENIN. Nous travaillons à deux la conception de ces dessins originaux pour qu’ils retranscrivent au mieux ce qui est expérimenté dans nos méthodes d’innovation pédagogique.

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