De la créativité à l'innovation

Quand les profs attrapent le virus… du partiel confiné !

Quid de la continuité des évaluations en période de confinement ! La situation actuelle, pandémie du coronavirus oblige, qui sépare physiquement les enseignants de leurs élèves, chacun chez eux, pose le problème des cours, mais pas uniquement. La nécessité d’organiser des examens en plus de ces cours à distance plongent en effet bon nombre d’enseignants dans l’embarras. Comment faire pour assurer aussi la continuité des évaluations ? Il est en effet plus difficile de concevoir des devoirs et examens à distance que d’enseigner en ligne. Tout dépend bien sûr de la nature de ces examens, contrôles de connaissances, mobilisation de connaissances, devoirs individuels ou en équipes, mises en situation… A chaque typologie suffit sa peine !Suite à un post récent sur ce blog, dans lequel je présentais ma première expérience de « devoir renversé non surveillé et confiné en équipes » avec mes étudiants de licence de biologie, j’ai été contacté par une collègue, Karine CAYROU, intervenante et formatrice en marketing et communication digitale à l’ISCPA de Toulouse. Devant préparer une épreuve de partiel pour ses étudiants confinés, elle a eu envie de s’inspirer de ce que j’expérimentais en classe renversée. Nous avons échangé sur son projet et elle a construit un protocole de partiel que je trouve vraiment intéressant (et inspirant, à mon tour), dont elle a accepté de nous parler. Merci à elle pour ce retour d’expériences et pour les réactions de ses étudiants en fin d’épreuve avec la méthode efficace du 10/20, elle-aussi inspirée de la classe renversée !

Ci-joint son témoignage : Je m’appelle Karine CAYROU et je suis formatrice en marketing et communication à l’Iscpa Toulouse et tout a commencé par un challenge lancé sur Twitter. Jean-Charles Cailliez y présentait son devoir surveillé non surveillé à distance. J’ai commenté en faisant part de mon envie de tester et Céline GRIFFOULIERE, la directrice de l’école, m’a pris au mot en me proposant de réaliser le partiel de nos premières années en Bachelor Communication avec cette méthode. J’ai alors planché sur des sujets, pensé des groupes de 3 étudiants et les conseils de Jean-Charles Cailliez, que j’ai contacté, m’ont permis d’apporter les modifications nécessaires à l’exercice : lui avait fait un devoir en contrôle continu, de mon côté, ce serait un partiel, il devait donc être moins long. Lui avait 48 étudiants,… 18 de mon côté. Je devais limiter le nombre de questions ou le temps à consacrer par groupe. Aussi, j’ai décidé de ne poser que 4 questions par groupe. L’objectif de l’épreuve que j’ai imaginée est que mes étudiants jouent l’entraide dans leur groupe avant de me poser des questions. Dès que cela était fait, dès lors qu’ils me posaient une question, je devenais un membre à part entière du groupe et je répondais à leur question de la façon la plus précise possible. Évidemment, cette question n’était pas LA question posée mais une sous-sous-partie…S’inspirer, mais ne pas copier ! Dans sa méthode, Jean-Charles avait une question attribuée à chaque groupe, un peu comme dans les exercices où on leur fait faire des exposés. Encore une fois, il était en mode contrôle continu. En mode partiel, on doit évaluer des compétences individuelles. Jean-Charles m’a proposé 2 pistes : une question sur une thématique par groupe avec 3 angles différents d’attaque ou un sujet commun à l’ensemble de la promotion, mais avec 3 questions différentes sur ce sujet. Pour les 2 pistes, la méthode est la même : à charge pour le groupe de se répartir les questions selon leur affinité pour la question, leurs compétences… J’ai donc construit 6 sujets différents à partir d’exemle d’entreprises qui ont changé ou fait évoluer leur offre et leur stratégie marketing à cause de la pandémie du coronavirus. J’ai prévenu les étudiants, puis leur ai expliqué le concept du partiel 4 jours avant celui-ci. Le jour du partiel à 10h, je leur ai envoyé les sujets et la constitution des groupes. Il était convenu que je me connecterai avec eux 30 minutes après le début de l’épreuve pour répondre à leurs questions et ceci pendant 1h30 via « Teams », puis ils auraient jusqu’au soir à 18h pour me remettre via « Moodle » leur copie, une par groupe avec le nom de chaque étudiant par question afin de pouvoir attribuer des notes individuelles. Par exemple, pour chaque sujet, il y avait une question sur le marketing stratégique (réalisation d’un SWOT avec une conclusion) et deux questions sur le marketing opérationnel (politique produit, stratégie de gamme, innovation, cycle de vie, besoin et comportement de la cible, territoire de marque d’un côté et politique prix, distribution et communication de l’autre).

Qu’en pensent les étudiants ? Il suffisait tout simplement de leur demander en utilisant la méthode du 10/20 de la classe renversée, celle qui les oblige à donner obligatoirement un avis positif (20/20) et un avis négatif (0/20), quel que soit leur sentiment général sur l’épreuve. Au final, ce sont des retours ultra-positifs qui surgissent où l’on voit que l’on a réellement fait travailler l’esprit de groupe et d’entraide. Pour les points négatifs, à part quelques remarques d’un point de vue organisationnelle (il auraient préféré démarrer 1 heure plus tard et faire 1 heure le matin, 1 heure l’après-midi par exemple), on notera des éléments très intéressants : le stress d’une forme d’évaluation totalement inconnue, l’organisation de l’épreuve, la confiance et l’entraide avec les membres du groupe. Finalement ce partiel leur a fait travailler leur compréhension marketing d’une entreprise en évolution, mais également leur place dans un groupe, la confiance dans le travail et la prise en compte des remarques des autres… Bref une bien belle expérience !

Ce que les étudiants ont apprécié : sujet intéressant, retrouver un esprit de travail de groupe comme en classe, le fait de pouvoir poser des questions à l’intervenant, entraide au sein du groupe, les consignes étaient précises et compréhensibles, les documents mis à disposition très utiles, se mettre d’accord sur les parties où l’on était le plus à l’aise pour répondre, ce qui nous a permis d’être plus performant, être en groupe nous pousse à faire le travail plus sérieusement, traiter une seule question permet de mieux prendre notre temps et plus se concentrer sur ce qui est demandé, apprendre à trier des informations par nous-même, système de note individuelle dans le travail de groupe bien pensé, quota de 4 questions max/ groupe intéressant, méthode d’évaluation enrichissante car différente de ce que nous avons l’habitude de faire, obligation de bien se coordonner entre les membres du groupe pour vérifier que tout le monde avançait à bon rythme et que personne ne rencontrait de difficultés.

Ce que les étudiants n’ont pas aimé : disponibilité du professeur seulement 30min l’après-midi pour des questions qui viennent après coup, faire confiance aux autres et à soi-même, le fait de devoir s’occuper à la fois de sa partie et de celle des autres est un peu stressant, ne pas connaître son équipe à l’avance ou de ne pas pouvoir la choisir, toutes les questions n’exigeaient pas la même dose de travail, j’aurais plutôt préféré que tout le groupe puisse répondre à toutes les questions et non pas une personne par question, beaucoup plus de document à traiter : plus dur pour se concentrer sur les informations données, organisation au sein même des groupes, période de question à démarrer une heure après réception des sujets.

Merci à Karine pour ce retour d’expérience… qui ne pourra que nous donner l’envie de recommencer !

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