La tutelle ministérielle a sollicité la CPU, et à travers elle les établissements, pour aider à la préparation d’une liste des masters autorisés à opérer une sélection entre la première et la seconde année des formations de master.
Deux initiatives ont été prises en parallèle : « l’Etudiant » a mis en ligne un sondage à propos du « sujet sensible » qu’est la sélection à l’université, « indispensable pour certains, inacceptable pour d’autres », « déclarée illégale par le conseil d’Etat, en l’absence de décret listant les M2 pouvant la pratiquer »… tandis qu’une pétition, également en ligne, demande que « soient prises les dispositions légales et réglementaires permettant de faire de la sélection en master, dès la première année, la règle et non l’exception »…
Pourtant, en apparente (?) opposition à certaines de ces déclarations, y compris à une part au moins des positions prises par la CPU (voir ici la motion adoptée) des assurances ont été données au Parlement par la ministre qui, en réponse aux questions des députés, a en effet promis que « la liste devant répertorier les formations sélectives en M2 serait « très limitative » ce qui donne à penser que le refus officiel de la sélection sera conforté.
Faut-il penser que les décisions sont déjà prises et que les inquiétudes qui sont fortes dans les établissements seront « simplement » ignorées ? Plus encore qu’avant même d’être ouvert, le débat sur les masters est déjà clos ?
Ce n’est plus du débat parlementaire, c’est de l’opéra bouffe !
La représentation nationale qui était réputée en débattre serait sans doute bien avisée de reprendre le texte de la STRANES (notamment pp 81/82) qui expose, non sans à propos, que « le cycle Master doit, lui aussi (lire comme le cycle licence), être revu, puisque la situation actuelle de sélection à l’entrée du M2 est contraire à l’esprit du LMD. Nous (les rédacteurs) préconisons l’organisation du Master en tant que diplôme sur deux ans, avec par conséquent la suppression de la sélection entre le M1 et le M2 ».
Voilà un point qui ne semble guère en accord avec l’idée d’une liste (même limitative) …
Parce que ses rédacteurs ne méconnaissent pas la réalité, le texte se poursuit alors avec cette observation pertinente « Il existe pour autant certaines formations dans lesquelles la pression est très forte et qui ne peuvent accueillir tous les étudiants qui le souhaiteraient. Des pratiques disparates existent avec une sélection à l’entrée du M1 et la survivance d’une sélection en M2 ».
Ah ! Et sur la base de ces observations, que proposer ? Une liste limitative (mais pas très limitative, du moins « pas trop »…) ?
La suite du texte annonce en tous cas que « une concertation et un plan d’action pour résoudre « rapidement » (l’adverbe avec le temps qui a passé a pris du piquant) cette question et ces contradictions sont nécessaires car l’enjeu est de sécuriser les parcours de formation à l’université par un dispositif de régulation au bénéfice de la réussite étudiante dans des formations de qualité. » Diantre ! « sécuriser », « régulariser » …. la belle affaire .. comment ? Sur quels critères ? Va-t-on le dire enfin …
Nous y touchons. Il faut poursuivre … car voici, faute des rois de la Grèce, que s’avancent les principes de la concertation …. de la concertation …
Il ne s’agit pas moins de (1) mettre fin à la sélection en cours du cycle de master (pour les étudiants qui ne changent pas de cursus au sein d’un même établissement) (2) garantir un droit d’entrée en master (pour tout diplômé d’une Licence générale obtenue dans le même champ disciplinaire)
Voilà donc là tout le dispositif … L’opéra-bouffe reprend. « Et ce nom seul me dispense,/ seul me dispense, seul me dispense,/ d’en dire plus long. »
Et en effet, il n’en sera pas dit plus (long) et la seule conclusion qui demeure est que … pour l’accès au master, c’est « open bar » à tous les étages.
Le respect des « deux premiers principes » contraint à mettre en place une (pseudo) régulation dont la seule vertu sera de pouvoir être rangée aux côtés du couteau de Lichtenberg,(Georg, Christoph Lichtenberg, 1742-1799) ce « couteau sans lame auquel il ne manque que le manche ».
STRANES l’avait annoncé, … va-t-on le (laisser) faire ? Va-t-on, une fois encore, renoncer à prendre en compte les réalités et en débattre ?
4 Responses to Le couteau de Lichtenberg