2021 s’est achevée, 2022 débute. Le temps passe, la pandémie demeure. Sans doute vampirise-t-elle ce qui aurait pu être l’actualité du moment, les vœux, les souhaits, les projets d’avenir.
S’il est encore temps de souhaiter à chacune, chacun des destinataires de ce blog, la meilleure année 2022 possible, il est, en même temps, opportun de défier la morosité en proposant débats et réflexions, en formulant des souhaits en forme de pistes de réflexion d’avenir.
Au premier chef, à ceux qui doutent, on souhaitera l’acceptation de l’idée que l’interdépendance du monde a aussi été l’occasion d’une mondialisation des talents en faveur d’une mise au point de parades contre un forme nouvelle de virus…
Plus particulièrement, dans le cadre de ce blog et de son intérêt pour l’université, on souhaitera …
que soit pris au mot le président de la République qui, en présentant son Plan France 2030, a souligné ce qu’il a nommé de « vraies faiblesses » du pays en expliquant que « ces dernières décennies, nous avons sous-investi en éducation, formation, en enseignement supérieur et en recherche… »,
qu’alors l’éternelle question des moyens soit objectivée et traitée sous l’angle de l’efficacité, et donc rapportée à des modalités simples, transparentes, partagées, ainsi et par exemple en s’adossant au ratio moyen « ressources par étudiant » de l’OCDE,
que l’hypocrisie du système soit dénoncée au profit d’une reconsidération de l’actuel impossible grand écart du système français, tiraillé entre d’un côté l’astreinte à accueillir les plus grands nombres et, de l’autre, la volonté affichée de viser les plus hauts niveaux de la science,
qu’en même temps, la question de la professionnalisation et donc de l’accès à l’emploi, soit posée tout au long des études universitaires, en lien avec les modalités de la formation tout au long de la vie, comme à l’échelle des rythmes des études
De telles clarifications, coordonnées en une base transparente, permettraient alors à chaque université d’établir les moyens dont elle dispose réellement et donc d’afficher des capacités d’accueil et une politique cohérente des emplois ; sachant que l’exigence de la garantie d’un niveau de qualité conforme aux standards internationaux, doit naturellement être maintenue.
Voeux pieux ? Peut-être pas … pourvu que le débat sur l’enseignement supérieur ne demeure pas cantonné à l’entre-soi propre à l’univers de ses acteurs et surtout que les établissements d’enseignement supérieur le puissent et le veuillent.
Qu’ils le puissent dépend d’abord de la tutelle plus soucieuse d’évaluations outrageusement formalisées, voire tatillonnes, « pilotées par le haut », et pas assez attachée à la construction d’accès partagés aux données et du développement d’outils opérationnels permettant d’établir pour chaque établissement, un ratio « ressources par étudiant ».
Qu’ils le puissent est ensuite corrélé à la gestion du dispositif nouveau apporté par Parcoursup, dont les effets restent à mesurer, et à l’évolution en cours du second degré, la place qu’y prendra le nouveau baccalauréat, comme les conséquences qu’il aura sur la formation et les connaissances de ceux qui postulent pour l’entrée à l’université, qu’il ne faudrait pas encourager à confondre teinture de culture scientifique et compétences mathématiques.
Qu’ils le puissent est également lié à la nécessaire conscience collective de l’influence de la qualité des formations supérieures sur la société, comme de la recherche sur sa capacité à innover, à comprendre, à maîtriser le réel.
Pour qu’ils le puissent, il faut aussi que les acteurs de l’enseignement supérieur s’attachent forger un projet pour leurs établissements, qu’en d’autres termes, ils aspirent à devenir les acteurs de leur autonomie et non de simples rédacteurs mercenaires d’éphémères appels à projets. Il est temps que, en France aussi, les universités sachent inventer leur effet de marque, objectif trop souvent abandonné aux seules écoles.
Cela passe sans doute par une réévaluation idéologique, un attachement à l’excellence de l’établissement par ceux là mêmes dont le parcours académique a naturellement été guidé par l’excellence individuelle de chacune et chacun. Cela impliquerait que chaque université protège son histoire, fabrique son identité autour de ses acteurs d’aujourd’hui en intégrant ceux d’hier et en attirant ceux qui le deviendront demain. Un tel affichage serait en outre à corréler à une double exigence de formations accompagnées par une volonté de faire réussir les étudiants que l’établissement a accepté d’inscrire,
Au moment où le lieu de débats que devrait être la campagne électorale pour l’élection à la présidence de la République est, plus que par la pandémie, marqué par les petites phrases, la culture de la colère et des ressentiments, les querelles d’ego et les intérêts de partis, ces quelques souhaits bousculent quelques totems. Tous ne céderont pas et, s’ils cédaient, il n’est pas toujours garanti qu’une amélioration structurelle en résulterait… mais qu’au moins la réflexion soit menée et que cesse l’enlisement dans les postures et l’illusion que les moyens viendraient avant les idées ! Quoi qu’il en soit pensé, la mondialisation établit des standards et il est temps que l’université française ne soit plus écartelée entre une arrogante poursuite de l’exception française et une épuisante course à la compétition dans des classements qu’elle s’est condamnée à affronter à armes inégales !
Bonne année à toutes et tous !