Accréditations et course à l’image oblige, les business schools françaises se sont lancées dans une course à l’international, sans que toutefois ce vocable soit entendu ou décliné de la même façon ici et là.
Qu’est-ce qu’une école internationale ? On peut considérer que les premiers à avoir donné une réponse furent l’ESC Nantes (ancêtre d’Audencia) et l’EAP (co-génitrice de ESCP-Europe).
Nantes fit sa réputation et son succès auprès des préparationnaires en instituant le séjour obligatoire académique aux Etats-Unis. Mi-colonie de vacances, mi-séjour universitaire, ce programme avait le mérite d’être lisible (tout le monde part), humainement intéressant (les occasions de voir du pays et des cultures différentes étaient moindre dans les années 80 qu’aujourd‘hui), valorisant (les Etats-Unis faisaient bien plus rêver avant G.W.Bush et avant la crise des subprimes) et simple à administrer (un charter, des places en résidence universitaire et quelques vacataires recrutés localement). Je sais, je caricature un peu…
Le modèle EAP était tout autre : campus en propre à l’étranger, année académique complète, obligations identiques pour les étudiants qu’ils soient en France ou à l’étranger, triptyque de 3 pays en 3 ans, recrutement d’étudiants autochtones, etc.
Si ces modèles perdurent (SKEMA vient par exemple d’annoncer la création d’un campus en Caroline du Nord), d’autres formes d’internationalisation ont peu à peu vu le jour. Internationalisation du corps professoral, recrutement massif d’étudiants étrangers, multiplication des accords d’échanges et de doubles diplômes, etc.
Malheureusement dans beaucoup de cas, derrière les effets d’annonce, la réalité est souvent plus difficile. Sur la nature même de l’action : combien de projets d’implantation ne sont en fait que de vrais-faux campus off-shore, où des mètres carrés sont loués auprès d’universités étrangères qui voient là l’occasion d’améliorer leurs recettes spécialisés, sans qu’il y ait de véritable collaboration ?
Combien de chiffres merveilleux sur le pourcentage d’étudiants étrangers masquent en fait de l’importation massive d’étudiants chinois, dont le principal mérite est justement de faire du « window dressing » pour les divers accréditeurs ? Combien de programmes d’échanges ne font l’objet d’aucun véritable contrôle académique, l’année à l’étranger devenant alors plutôt une expérience humaine (fort intéressante et utile au demeurant) qu’une année d’études ?
Faut-il pour autant jeter la pierre aux promoteurs de ces « petites combines du métier » ? Pas forcément. La pression exercée par les accréditations et les enjeux liés obligent souvent les directeurs à trouver, dans l’urgence ou à moindre coût, des manières de remplir certains critères ou certaines questionnaires. Car bien souvent, il est commode pour ceux qui jugent (journalistes, accréditeurs, pouvoirs publics) d’avoir des chiffres, des tableaux et des pourcentages sous les yeux.
Qui a envie de consacrer du temps pour expliquer que la présence de 10 ou 15 % d’étudiants étrangers bien intégrés à une promo est plus productif que d’avoir 25 ou 30% de Chinois parqués dans des sections anglophones dédiées ? Qui veut bien analyser l’efficacité comparée d’un semestre à l’étranger bien encadré, sur un campus à taille humaine, par rapport à une année d’expatriation « self-service » au sein d’une « usine à diplômes » ?
Il est toutefois dommage que parfois, par facilité ou par manque de vision, les dirigeants de business schools ne se posent pas les vraies questions, susceptibles de déboucher sur des initiatives pérennes et efficientes. Ai-je les moyens de m’engager durablement sur plusieurs campus simultanément ? Quel risque fais-je courir à ma marque en signant à la va-vite une foultitude d’accords de co-diplômes dans un tas de contrées exotiques ? Comment pourrais-je utiliser ma politique internationale comme levier de changement interne et profond, au lieu de n’en faire qu’une façon de « répondre » à des critères ?
Ce que l’ESSEC fait de son campus à Singapour ou ce qui est en train de se passer pour l’Ecole Centrale à Pékin montre que dans ces domaines – comme dans d’autres -, la persévérance, la vision stratégique à long terme et l’allocation éclairée de ressources, sont des facteurs de succès.
Le Deputy Dean de la Business School de Tongji, CHEN Song, me disait récemment combien il considérait le modèle français de grandes écoles comme exemplaire et inspirant : à elles d’être à la hauteur de cette image positive qu’elles ont su diffuser à Shanghai ou ailleurs.
Bienvenue parmi les blogueurs du supérieur. Mais on s’attend à un peu plus de rigueur dans la description des faits. Si l’EAP a été un modèle très original (et très couteux), l’ESC Nantes n’a pas inventé une formule (l’échange académique) qui a été initiée par Hec dés le début des années 1970. L’originalité de Nantes a été de choisir la même destination pour tous, les Etats-Unis. Mais la formule était et est toujours celle des échanges avec des institutions partenaires et pas la formule des « charters » que vous décrivez. Ca, c’est la formule de Skema aujourd’hui, qui va jusqu’à faire faire des cours en anglais à ses élèves par ses propres professeurs. La seule chose qui soit américaine, ce sont les bâtiments.
Deux questions.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi l’Essec à Singapour est un modèle de « vision stratégique », alors qu’il ne peut en aucun cas être comparé avec Centrale en Chine, qui est une vraie école.
Pouvez-vous nous dire quelle est la proportion d’étudiants de TSE qui font un semestre académique à l’étranger en licence et en master ?
merci cher sirius pour ce commentaire. vous êtes en droit d’attendre plus de rigueur dans la description des faits (sous entendu : ce post en manque). et vos lecteurs seraient en droit de savoir à qui ils s’adressent qd ils vous répondent (le blogueur anonyme est au blogueur ce que le corbeau est au citoyen). mais je vous réponds tout de même.
ai-je dit que nantes avait inventé les échanges académiques ? non. j’ai écrit : « Nantes fit sa réputation et son succès auprès des préparationnaires en instituant le séjour obligatoire académique aux Etats-Unis », c’est-à-dire une destination, une cohorte, un séjour. cqfd.
et là où vous vous trompez (ah, la fameuse rigueur des faits…) c’est qu’il ne s’agissait pas à l’époque d’échanges, mais bien de places achetées.
pour ce qui est de l’essec, je considère que le campus de singapour traduit une vision stratégique car il s’est agit de concevoir une implantation durable, entièrement pilotée par cergy, devant à terme servir de hub régional pour des formations executive. ce n’est pas, à mon sens, un coup de comm comme d’autres écoles en ont fait dans cette zone. pour ce qui est de centrale pékin, c’est évidemment un très bel exemple, à mettre en avant, mais dans une logique de partenariat public/privé (Chine oblige), avec une bonne dose d’action de l’Etat, donc très différent des campus essec ou insead de singapour.
et pour ce qui est de TSE, je ne vois pas le rapport ! TSE est une école universitaire d’économie publique (et don pas une business school privée), dont les frais de scola sont de 200€ par an, qui ne peut donc pas à ce jour se comparer ; mais sachez qu’en master, 80% des étudiants sont étrangers et que les cours sont délivrés 100% en anglais.
Formidable réponse ! D’abord l’insulte, qui déstabilise l’adversaire, pour qu’il ne voie pas la faiblesse des arguments et l’absence de réponse aux questions. Une vraie technique de combat ! L’ennui est que vous ne semblez pas faire la différence entre un débat sur l’enseignement supérieur et un match de « Kickboxing », où tous les coups sont permis.
Les blogs parlant de l’enseignement supérieur sont tenus généralement par des académiques. Ceux-ci sont professionnellement habitués à la critique, et trouvent normal d’y répondre sur le fond, sans agressivité ni dénégation. Exactement le contraire de votre réponse. Or la réponse aux critiques est un bon test de la qualité d’un blogueur.
Me traitez de « corbeau », c’est à dire celui qui fait anonymement des dénonciations calomnieuses, est à la fois absurde et indigne.
Absurde, car si vous ne vouliez pas de commentateurs anonymes, il suffisait de configurer votre blog pour exiger une inscription nominative. Non seulement vous ne l’avez pas fait, mais vous ne traitez pas de « corbeau » les quelques autres commentateurs, tous anonymes, qui sont intervenus sur votre blog. Autrement dit, cette insulte m’est réservée parce que j’ai osé faire des critiques, pourtant correctes et modérées. Quelle élégance, quelle ouverture d’esprit !
Indigne, car les propos insultants sont inadmissibles. Par respect des autres. Parce que vous vous êtes engagés à suivre la charte des blogs Educpro qui condamne le non-respect des « règles de bienséance élémentaires (attaques ad hominem, insultes, etc.) » Parce que vous faites du tort à TSE en vous exprimant de la sorte.
Notre petit différent sur l’histoire des écoles peut attendre. La seule chose qui est attendue de vous est de présenter vos excuses.
@ sirius : comme vous devez le savoir, les blogs educpros sont modérés par leur propre auteur, ce qui veut dire que les commentaires sont d’abords transmis par mail et que c’est l’auteur qui décide de les mettre en ligne ou pas. les deux vôtres ont été mis en ligne, preuve que je suis bien loin du refus de dialogue dont vous m’accusez. je ne sais pas pourquoi vous adoptez ce ton hyper agressif alors que je pense avoir entendu vos questions et y avoir répondu. je faisais simplement la remarque en préambule que votre propre démarche, agressive dès la 1ère ligne de votre 1er commentaire ( « Bienvenue parmi les blogueurs du supérieur. Mais on s’attend à un peu plus de rigueur dans la description des faits ») me choquait dans la mesure où vous vous « cachiez » derrière un pseudo. et je réitère d’autant plus cette remarque que vous continuez sur le même ton. je vous laisse donc ce terrain là. mais je reste bien entendu disponible pour l’échange sur le fond.