Les business schools françaises sont lancées dans un processus de changement profond qui ne pourra pas épargner leur mode de gouvernance.
Celles qui sont encore dans le giron des CCI sont gouvernées peu ou prou comme il y a 20 ans : dotées d’un conseil d’administration souvent fantoche, parfois simple conseil d’orientation, très rarement véritable centre de décision, elles sont gouvernées par le Président de la CCI et quelques élus influents. Ce qui n’est d’ailleurs pas anormal, dans la mesure où elles demeurent des services gérés de leur Chambre de Commerce. La transparence est rarement la qualité première de ces modes de gouvernance, comme le montrent certains récents projets de fusion, réussis ou avortés.
Celles qui sont « autonomes », c’est-à-dire pilotées par une structure ad-hoc (généralement une association loi 1901), ne sont pas forcément plus indépendantes, notamment celles issues récemment des CCI (comme Euromed ou Rouen), qui voient l’essentiel des prérogatives de gouvernance encore contrôlées par la CCI « maison mère ».
La question de la qualité de la gouvernance devrait devenir un élément clé des évaluations et classements des business schools à l’avenir, tout comme elle l’est pour l’évaluation des entreprises cotées par les agences de notation.
Nous livrons ici quelques pistes de progrès.
Le Conseil d’administration devrait représenter les parties prenantes de l’Ecole (étudiants, salariés, diplômés, entreprises partenaires, collectivités locales) mais aussi une part importante (un quart ?) d’administrateurs indépendants ; les CCI (si elles sont la tutelle d’origine de l’Ecole) devraient bien sûr y tenir un place de choix, mais y rester minoritaires ; le CA devrait se charger du recrutement du DG de l’institution, de la validation des plans et des décisions stratégiques, des décisions d’investissement et du vote des budgets ; les administrateurs devraient recevoir une formation régulière sur les enjeux du secteur, pouvoir entendre le comité de direction (et pas seulement le DG), être en contact avec les campus de l’Ecole et se réunir au moins une fois par trimestre.
Pour l’aider dans sa tâche, le CA devrait s’appuyer sur un Conseil Scientifique indépendant, sur un Comité des Rémunérations et sur un Comité d’Audit. Le Conseil Scientifique indépendant, composé d’enseignants-chercheurs issus d’autres établissements, essentiellement internationaux ou d’experts indépendants, s’impliquerait véritablement dans la politique scientifique et pédagogique en donnant au CA des recommandations très explicites, quant à la politique de recherche et à la pédagogie ; le Comité des Rémunérations, composé d’administrateurs et d’experts indépendants, serait chargé de piloter un des dossiers les plus brulants dans les Ecoles, allégeant ainsi le fardeau que cela représente souvent pour les DG et les Doyens ; le Comité d’Audit, composé de 5 à 6 membres nommés par le CA, serait chargé d’accompagner et de valider les procédures de contrôle interne (en lien avec le Commissaire aux Comptes) et de vérifier les informations financières.
Si la Gouvernance ne fait pas tout, la rendre efficace, transparente et ouverte est sans conteste une condition sine qua non de succès.