La Cour des comptes vient de publier « Un premier bilan de l’accès à l’enseignement supérieur dans la cadre de la loi Orientation et réussite des étudiants » (Février 2020) à destination comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale. Parcoursup et la loi ORE ayant fait l’objet de lourds désaccords dans la communauté, ce rapport sonne comme un arbitrage « Fin du game » de presque deux ans de débats.
Attention : ce billet ne vise pas à rendre intégralement compte des informations du rapport de la Cour, mais seule à mettre en perspective les promesses et éléments de langage du ministère avec la réalité constatée par la Cour. Ainsi, la plupart des critiques rapportées ici s’accompagnent de modérations et de propositions d’améliorations dans le rapport. De plus, certaines critiques, parfois très dures, notamment sur le système d’information, ne sont pas rapportées ici.
L’affaire n’est pas mince, il s’agit de la réforme du « -3/+3 », c’est-à-dire des études de 80% des françaises et français ayant entre 15 et 21 ans. La loi ORE/Parcoursup et la réforme du Lycée/Bac2021 (E3C) sont une seule et même réforme, comme l’indiquait Mme Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur en audition au Sénat :
Jean-Michel Blanquer et moi avons bien évidemment débattu de l’articulation de Parcoursup avec la réforme du baccalauréat. La décision a été prise de commencer par l’accès à l’enseignement supérieur, notamment parce qu’on ne pouvait pas continuer à tirer au sort pendant trois ans, mais, in fine, l’articulation devra être complète. Si l’on réussit le pari de la construction d’un lycée adossé à cette orientation vers le supérieur, on ne posera même plus la question de la hiérarchisation des vœux.
La réussite de Parcousup est donc critique pour la réussite de toute la réforme du système d’éducation national. Le principe de la loi ORE est présenté ainsi par la Cour, rapportant la position du ministère :
La loi ORE établit ainsi une perspective cohérente et unifiée dans le continuum « -3/+3 », c’est-à-dire de la classe de seconde à la 3ème année de licence, en posant le principe qu’une meilleure orientation suivie d’une affectation prenant davantage en compte le profil de l’élève permettra d’améliorer sa réussite dans l’enseignement supérieur.
Dans la suite, toutes les citations sont extraites du rapport de la Cour des comptes, sauf une qui est explicitement indiquée.
Aide à l’orientation
« Il n’y a pas de décision éclairée sans une pleine information, c’est le sens des attendus »
Il n'y a pas de décision éclairée sans une pleine information, c'est le sens des attendus qui seront désormais publics pour chaque formation du supérieur pour permettre aux étudiants de connaitre la réalité des cursus #PlanEtudiants #DirectAN pic.twitter.com/he2lNQOUw6
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) December 12, 2017
Seule une moitié des élèves et une minorité des professeurs principaux sont satisfaits des attendus dans leur forme actuelle.
Il apparaît cependant que la bonne information des candidats sur les critères de classement des formations auxquels ils prétendent n’est pas complète. Les attendus publiés, dont les énoncés mériteraient une nouvelle revue, ne correspondent pas toujours aux paramétrages retenus in fine par les commissions d’examen des vœux.
Voir aussi : Parcoursup : Petit manuel de formulation des vœux à l’usage des candidats à l’enseignement supérieur
« Il y aura un dédoublement des professeurs principaux dans toutes les classes de terminale pour un meilleur accompagnement, une meilleure orientation des lycéens »
A partir de fin novembre, il y aura un dédoublement des professeurs principaux dans toutes les classes de terminale pour un meilleur accompagnement, une meilleure orientation des lycéens #RTLMatin #PlanEtudiants
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) November 9, 2017
En effet, la mise en place d’un second professeur principal s’est parfois heurtée dans certains lycées à la difficulté de recruter des volontaires, faute d’un vivier suffisant. Si, dans la moitié des classes, la nomination des professeurs a suivi une logique de complémentarité de disciplines afin d’apporter aux élèves une information plus large sur les débouchés, elle a été faite sans logique apparente dans l’autre moitié des cas.
En la matière, les élèves ne sont pas en situation d’égalité.
« Nous allons ancrer l’orientation dans le temps scolaire avec la mise en place de deux semaines d’orientation »
Nous allons ancrer l’orientation dans le temps scolaire avec la mise en place de deux semaines d'orientation en terminale #AfCultAn #PlanEtudiants
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) November 8, 2017
Pour conclure, une partie significative des élèves n’a pas bénéficié des avantages attendus des semaines de l’orientation. Dans ce domaine également, la politique d’orientation est encore disparate et inégalitaire.
Discriminations
« Les dossiers des candidats seront anonymisés, le lycée d’origine restera »
Parcoursup: Les dossiers des candidats seront anonymisés, le lycée d'origine restera https://t.co/4hP1jAP9eN via @20minutes
— laura taillandier (@lauratail) February 19, 2019
La prise en compte de l’identité des candidats par certaines CEV [Commission d’examen des vœux] correspond au lycée d’origine, y compris dans les licences non-sélectives en tension où ce critère joue à plus de 1 % pour environ 20 % de ces licences. Certains cas, rares, de discrimination positive portant sur le sexe ont été observés.
[Recommendation] 10. Anonymiser le lycée d’origine et lui substituer une mesure de l’écart entre les résultats au
baccalauréat et la notation au contrôle continu (MESRI).
Quotas de boursiers : « c’est la fin du fatalisme face aux inégalités d’accès à l’enseignement supérieur »
Elargir le champ des possibles, c’est aussi rétablir l’égalité partout où elle doit l’être. Avec les présidents d’université, chefs d’établissement, recteurs, nous allons travailler pour fixer collectivement les taux minimaux d’accès des boursiers aux différentes formations.
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) January 22, 2019
Les études statistiques menées par la Cour montrent que ces quotas de boursiers, qui ont été davantage respectés en 2019 en comparaison de 2018, ont eu un impact faible sur l’accès aux filières en tension, qu’elles soient sélectives ou non.
Ainsi, à la rentrée 2019, la part de boursiers admis est inférieure à la part de boursiers candidats dans 13 des 40 CPGE les plus demandées et qui se voyaient appliquer un quota.
Les quotas n’ont pas, par ailleurs, entraîné une plus grande diversité sociale dans les formations de l’enseignement supérieur où les boursiers étaient peu représentés
« Nous poursuivons nos efforts pour accompagner la mobilité géographique & sociale »
Aide à la mobilité @parcoursup_info, +16% de lycéens boursiers ont accepté une proposition hors académie, fin de la sectorisation @iledefrance, +5% de boursiers du secondaire qui rejoignent le sup': nous poursuivons nos efforts pour accompagner la mobilité géographique & sociale!
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 20, 2019
L’analyse statistique de la Cour montre que les quotas géographiques, à la différence des quotas de boursiers, ont eu des effets significatifs (cf. graphique et développement dans l’Annexe n° 12). Cela signifie qu’en l’absence de quotas, un certain nombre de candidats non-résidents auraient pris la place de candidats résidents.
Voir aussi : Rapport au parlement du Comité Ethique et Scientifique de Parcoursup
Tri des candidatures
« Tout a été pensé dans Parcoursup pour remettre de l’humain dans la procédure »
Tout a été pensé dans #Parcoursup pour remettre de l’humain dans la procédure avec un accompagnement beaucoup plus personnalisé @franceculture
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) December 19, 2017
Sur la base d’un ensemble d’indicateurs, la Cour a pu mettre en évidence une automatisation croissante du système en 2019. Ainsi, le nombre de candidats bénéficiant de bonifications automatiques est passé de 148 477 en 2017 à 462 015 en 2019.
Pour l’ensemble des filières, les critères relatifs aux résultats ont eu une importance déterminante sur les pré-classements opérés par les CEV [Commission d’examen des vœux]. À l’opposé, la motivation des élèves n’est presque jamais prise en compte. À titre d’exemple, parmi les 191 licences non-sélectives analysées, seule une formation de sociologie a tenu compte de ce critère de façon importante (poids de 20 % environ).
Voir aussi : IA for Parcoursup : l’orientation des bacheliers enfin révolutionnée !
« L’idée de la lettre de motivation sur Parcoursup est de penser des parcours de formation qui permettent aux étudiants de garder confiance en eux et de réussir. »
L’idée de la lettre de motivation sur #Parcoursup est de penser des parcours de formation qui permettent aux étudiants de garder confiance en eux et de réussir. #LaMatinaleLCI
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) May 11, 2018
Par ailleurs, le projet de formation motivé, communément appelé « lettre de motivation », semble n’être presque jamais pris en compte .
CEV « chaque établissement réunit […] une commission d’examen des vœux »
#ParcourSup Transparence enfin : « chaque établissement réunit […] une commission d'examen des vœux ». Cette commission « définit les modalités et les critères d'examen des candidatures » et pour les formations sous tension « ordonne également les candidatures » https://t.co/kiK5h0Ck9Y
— Quentin Panissod (@QPanissod) March 11, 2018
Finalement, leur travail s’apparente plus à celui d’une commission administrative chargée de trier, de classer et le cas échéant de compléter des dossiers, afin d’établir des listes provisoires. Il y a certes délibération des membres de la commission lors de la prise en main de l’outil, au moment de la fixation des éléments de pondération, mais toute forme de discussion peut ensuite disparaître, ou n’intervenir que de manière anecdotique pour le réexamen de quelques dossiers spécifiques (notes manquantes ou dossier incomplet, par exemple).
« Secret des délibérations » des CEV
Parcoursup : le « secret des délibérations » sera maintenu https://t.co/CDvWbiUUBi
— Le Monde Campus (@lemonde_campus) May 15, 2018
Le cinquième alinéa de l’article L. 612-3 1 du code de l’éducation intègre les mêmes dispositions protectrices à propos des CEV [Commission d’examen des vœux], qui se trouvent de facto assimilées à des jurys de concours, même si elles ne sont pas qualifiées ainsi dans le texte. Cette assimilation pose toutefois question, car les travaux réalisés par ces deux instances ne sont pas réellement comparables.
Dans ce contexte, dans la perspective d’une plus grande transparence, rien ne devrait s’opposer à ce que tous les éléments de paramétrages de l’outil que les CEV utilisent soient rendus publics.
Voir aussi : Parcoursup : Les obligations légales des universités dans le traitement des dossiers de candidatures
« Quand Mme Vidal nous expliquait que les « algorithmes locaux » n’existaient pas »
Quand Mme Vidal nous expliquait que les « algorithmes locaux » n’existaient pas ! #Parcoursup #algorithmeslocaux https://t.co/uFDs9i4TLz
— Ouzoulias Pierre (@OuzouliasP) January 21, 2019
La publication des éléments de paramétrages utilisés par les commissions d’examen des vœux répond d’abord à un objectif pédagogique évident. Les « algorithmes locaux » peuvent servir de base informative intéressante pour les usagers utilisant Parcoursup et leur permettre de comprendre la manière dont les différentes disciplines de leur année de terminale, voire de première, les fiches Avenir, le projet de formation motivé, la filière d’origine etc. sont, ou non,
pris en compte dans le classement de leurs candidatures
La publication des « algorithmes locaux » répond ensuite à un impératif de transparence, dont le Conseil constitutionnel a pu rappeler qu’il constitue, en toutes circonstances, un objectif d’intérêt général
L’utilisation « d’algorithmes locaux » pour opérer des classements ne saurait être remise en cause, au regard du volume des candidatures, mais le fait de ne pas les publier et d’en refuser la communication crée un risque de défiance.
Voir aussi : Parcoursup : petit manuel de tri des candidatures à l’usage des enseignants du supérieur
« Nous avons fait le choix de la transparence »
Le décret et l'arrêté régissant la plateforme #Parcoursup ont été publiés. Nous avons fait le choix de la transparence et pour la première fois, les règles sont claires, publiques et ont été concertées >> Décret : https://t.co/tXoutL7WHG Arrêté : https://t.co/ed3i8xtiNM
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) March 11, 2018
En dépit des actions de mise en transparence du ministère, le code source de Parcoursup reste à 99 % fermé. La partie publiée demeure d’un intérêt limité pour comprendre, expertiser, et évaluer le processus d’affectation des candidats dans les formations.
Il apparaît toutefois que, bien que censées opérer de façon ouverte et transparente, les commissions d’examen des vœux obéissent en réalité à un mode de fonctionnement souvent hétérogène et peu transparent
[Recommendation] 11. Rendre publics les « algorithmes locaux » utilisés par les commissions d’examen des vœux pour l’ensemble des formations proposées (MENJ et MESRI).
Voir aussi : Parcoursup : Transparence des algorithmes locaux vs. Secret des délibérations
Affectation des candidats
« Réaffirmer le droit de tout bachelier d’accéder à l’enseignement supérieur, de choisir sa filière et son établissement »
Les principes qui nous guident sont simples: réaffirmer le droit de tout bachelier d'accéder à l'enseignement supérieur, de choisir sa filière et son établissement, faire de la personnalisation des parcours la règle, donner le dernier mot au bachelier #AfCultAn #PlanEtudiants
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) November 8, 2017
Au total, la réforme pâtit d’un manque d’ambition qui l’empêche d’atteindre son objectif principal : faire davantage dépendre les choix d’orientation du résultat d’un projet individuel librement mûri par chaque élève.
Voir aussi : Parcoursup : Petit manuel de réponse aux propositions à l’usage des candidats à l’enseignement supérieur
« Il n’y a pas de sélection à l’entrée des filières universitaires » (le dernier mot au bachelier)
.@VidalFrederique : "Il n'y a pas sélection à l'entrée des filières universitaires" #le79inter pic.twitter.com/nRnlRft3i3
— France Inter (@franceinter) March 1, 2018
Les formations non sélectives sont principalement les licences universitaires. Cette définition purement organique atteint toutefois ses limites car, en réalité, une formation devient sélective lorsque la demande des candidats est plus forte que la capacité d’accueil de la filière concernée. Cela a été le cas en 2019, pour près de 20 % des formations non sélectives en tension, représentant près de 30 % des candidats admis.
Voir aussi : Parcoursup : l’épreuve de vérité
« La dynamique fonctionne et Parcoursup fait toutes ses preuves »
Aujourd’hui plus de 458 000 candidats ont reçu une réponse. La dynamique fonctionne et #Parcoursup fait toutes ses preuves. 40% de réussite en licence, ça n’est pas l’objectif de ce @gouvernementFR : nous avons besoin d’une jeunesse formée et diplômée #DirectSénat #QAG pic.twitter.com/uJpE6SYiPD
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) May 24, 2018
La performance est mesurée par la capacité du système d’accès au supérieur à proposer une formation qui convienne au candidat dans le sens où il choisit de la rejoindre, y réussisse et y reste après une année de formation. La Cour a choisi d’aborder la performance de manière complète : elle intègre l’ensemble des candidats et couvre la totalité du processus couvert par la loi ORE.
Le MESRI quant à lui mesure la performance d’affectation d’APB et de Parcoursup uniquement sur la part de propositions acceptées par les néo-bacheliers en classe de terminale.
En outre, la performance d’affectation des candidats a été surestimée de 16 % dans Parcoursup par rapport à APB en raison de défaillances du système de suivi des évolutions du SI commun à APB et Parcoursup.
Les résultats de performance de Parcoursup sont pour l’heure identiques à ceux d’APB, hormis à l’université où de premiers signaux positifs, mais encore modestes, sont observés.
Voir aussi : Parcoursup est-il « grippé » ?
La phase complémentaire : « mobilisés aux côtés des candidats pour replacer l’humain au cœur de la procédure »
Clôture de la phase complémentaire de @parcoursup_info. Merci aux équipes @sup_recherche, rectorats, acteurs de l’enseignement scolaire et du supérieur, acteurs de la vie étudiante, qui se sont mobilisés aux côtés des candidats pour replacer l’humain au cœur de la procédure. pic.twitter.com/GgKGqxVbjA
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 13, 2019
La réponse peut être expéditive, de nombreuses formations interrogées reconnaissent avoir recours à un traitement automatique des dossiers faute de responsables qualifiés pour les traiter durent cette période. La plupart des candidats obtiennent donc de façon mécanique, dans l’ordre d’arrivée, les places restantes afin de « remplir » les formations, quel
soit le dossier et le niveau scolaire, en application du principe « premier arrivé, premier servi ».
« Avec les équipes de la Commission d’accès à l’enseignement supérieur la mobilisation est totale pour accompagner les candidats sans proposition »
Avec les équipes de la Commission d'accès à l’enseignement supérieur de l’@AcCreteil. Dans chaque académie, la mobilisation est totale pour accompagner les candidats sans proposition sur @parcoursup_info et leur proposer la solution la plus adaptée à leur projet. pic.twitter.com/z4Db10VpVI
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) July 16, 2019
Les commissions travaillant dans l’urgence, leurs réunions ne font généralement pas l’objet de compte-rendu, les propositions d’admission se faisant directement en séance sur la plateforme Parcoursup. Il n’est donc pas possible de disposer d’éléments pouvant expliquer le choix des propositions faites, et de mener une analyse fine pour comprendre le sens des propositions adressées aux candidats. Les académies tirent toutefois, dans l’ensemble, un bilan plutôt positif
Réussite après l’affectation
« Nous sommes persuadés qu’il faut aller vers plus d’orientation et arrêter la sélection par l’échec, c’est tout l’objet des « oui si » »
Nous sommes persuadés qu’il faut aller vers plus d’orientation et arrêter la sélection par l’échec, c’est tout l’objet des « oui si ». Arrêtons les caricatures : il reste 127 000 places disponibles dans l’enseignement supérieur, la question est celle de l’adéquation. #CVR
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 27, 2018
Pour que l’efficacité des dispositifs « oui si » déployés puisse être mesurée, les universités doivent identifier leurs étudiants « oui si » en fonction du type de dispositif suivi et de leur profil. Mais cet objectif apparaît difficile à atteindre en raison d’outils de mesure de la réussite, telle que définie actuellement, inefficaces dans la plupart des universités car inadaptés ou non utilisés.
Les universités ont transmis aux rectorats l’estimation de leurs besoins financiers pour mettre en place des dispositifs d’aide à la réussite. Or, certaines d’entre elles ont uniquement reconduit des dispositifs de remédiation qui existaient déjà car créés dans le cadre de plans ministériels précédents, et qui étaient donc préalablement financés.
La Cour s’interroge sur l’absence de réduction voire de suppression de ces crédits, l’objectif de la loi n’étant pas de
financer les universités mais d’aider les étudiants à mieux réussir.
Voir aussi : La loi ORE : un formidable terrain d’étude pédagogique. J’y écrivais, en septembre 2018 :
« Il existe donc un initiative qui ne coûte rien, qui est facile à mettre en œuvre et est indispensable pour progresser… Pourtant il est possible qu’elle ne soit pas concrétisée. Deux risques se font face : D’un côté, il existe le risque de se diriger vers une réforme bancale, impossible à faire aboutir, faute de disposer des outils permettant de l’améliorer et d’en tirer le meilleur. D’un autre côté, il existe un risque de découvrir que les bénéfices de la réformes sont faibles en regard de ses défauts, qu’elle est un échec, et non pas en raison d’un défaut de mise en oeuvre, mais d’un défaut structurel. »
« A tous ceux qui refuseront de répondre « oui si », ils regarderont leurs étudiants en face… »
A tous ceux qui refuseront de répondre « oui si », ils regarderont leurs étudiants en face et ils leurs expliqueront comment ils ont pu refuser de mettre en place des parcours pour les aider alors que le @gouvernementFR investit 1Md€ dans la refonte du 1er cycle #DirectAN
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) April 4, 2018
En 2019-2020, 807 formations, soit 33 % des formations en licence sur Parcoursup, ont proposé à 172 260 candidats une proposition d’admission à condition de suivre un dispositif « oui si »241. Seuls 22 205 ont accepté cette proposition dans 771 formations. Ce taux de 13 % d’acceptation pourrait indiquer que l’étudiant préfère toujours rejoindre une formation pour laquelle il reçoit une proposition d’admission sans « oui si ».
Parmi les étudiants ayant accepté en 2018 un parcours « oui si », seuls 85 % se sont présentés à l’université à la rentrée.
En outre, la plupart des étudiants s’étant inscrits dans ces parcours se sont montrés peu assidus
Finalement, l’université d’Évry a décidé en cours d’année universitaire d’ouvrir le dispositif à l’ensemble des étudiants de L1 sur volontariat, quel que soit leur niveau. Si cette orientation a permis d’améliorer les taux de présence, elle ne répond pas aux objectifs de la loi ORE
« Un dispositif qui a fait ses preuves et qui satisfait les étudiants qui en ont bénéficié cette année. »
Bravo au Recteur de l'@acaixmarseille pour ce beau moment d'échanges avec des étudiants de la faculté de droit de Marseille autour des "Oui si" mis en place grâce à la loi #ORE. Un dispositif qui a fait ses preuves et qui satisfait les étudiants qui en ont bénéficié cette année. pic.twitter.com/ONbPk1XfcK
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) March 27, 2019
Ces chiffres semblent confirmer que les parcours aménagés favorisent la réussite pour les étudiants présents aux examens du premier semestre, sans toutefois permettre d’atteindre les taux de réussite des étudiants hors remédiation. Par ailleurs, ces chiffres masquent des écarts importants de réussite entre les universités.
En droit, trois universités (Dijon, Montpellier et Strasbourg) ont enregistré un taux de réussite de 0 % pour leurs étudiants en parcours aménagé,ce qui peut révéler également un déploiement trop restreint du dispositif.
Si on ne peut tirer de conclusion sur l’amélioration à long terme du taux de réussite des étudiants en licence, il apparaît toutefois que le taux de présence aux examens du premier semestre est inférieur d’au moins 20 % pour les étudiants inscrits en parcours aménagé.
« Avec la loi Orientation et réussite des étudiants ORE, la démocratisation de notre enseignement supérieur est revenue au centre du débat »
Avec la loi Orientation et réussite des étudiants #ORE, la démocratisation de notre enseignement supérieur est revenue au centre du débat : c’est une excellente nouvelle! pic.twitter.com/1VxTrIkTwy
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) January 16, 2019
L’analyse globale de la performance menée par la Cour suggère que, pour l’instant, les augmentations de réussite dans certaines formations en tension sont compensées par des diminutions équivalentes dans d’autres formations.
Voir aussi : Bilan 2018-2019 (I) : Parcoursup, année 2
L’ouvertures de nouvelles places
« Nous travaillons avec les établissements à l’ouverture de 22 000 places supplémentaires dans les filières en tension »
Nous travaillons avec les établissements à l’ouverture de 22 000 places supplémentaires dans les filières en tension. Pour la rentrée prochaine, d'ores et déjà, 19 000 places ont été financées #le79inter #PlanEtudiants
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) March 1, 2018
Outre un coût de la place très variable, le nombre de places nouvelles à financer a été déterminé par les rectorats à partir des engagements pris par les universités. Or, il s’avère que les augmentations de capacités déclarées a priori n’ont globalement pas été respectées par celles-ci. Ainsi, en 2018, sur 21 239 places financées, 8 107 sont restées vacantes dans Parcoursup.
Ainsi, malgré un nombre significatif de nouvelles places créées, le taux de pression des filières sélectives et non sélectives a augmenté entre 2018 et 2019, comme l’indique le graphique qui figure en Annexe n° 15. Cela signifie que les places supplémentaires n’ont pas été créées dans les filières qui avaient le plus de demandes de la part des candidats.
Voir aussi : Parcoursup : le compte n’y est pas…
« C’est pour accompagner les bacheliers technologiques et professionnels que nous ouvrons des places en BTS et IUT »
C'est pour accompagner les bacheliers technologiques et professionnels que nous ouvrons des places en BTS et IUT, que nous mettons en place des quotas de boursiers, que nous autorisons la mobilité académique, que nous mettons un quota de places en cité u #PlanEtudiants #DirectAN pic.twitter.com/YZnPUTzGR1
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) December 13, 2017
Toutefois, ces mesures apparaissent insuffisantes au regard des 5 000 bacheliers professionnels qui, à la rentrée 2018, étaient encore orientés par défaut à l’université
Les quotas n’ont pas pour l’instant l’effet escompté. La part des bacheliers professionnels en STS est resté stable entre 2017 et 2018222 alors que l’objectif des quotas est d’élever leur proportion parmi les élèves de ces formations. La situation s’est détériorée en 2019.
Au final, l’accueil des bacheliers technologiques et professionnels dans l’enseignement supérieur est en voie d’amélioration grâce à une gestion des capacités d’accueil des différentes filières qui prend davantage en compte leurs spécificités.
« Pour les bacheliers pro pas prêts à s’engager dans des études nous avons imaginé avec JM Blanquer les classes passerelles »
Pour les bacheliers pro pas prêts à s’engager dans des études nous avons imaginé avec @jmblanquer les classes passerelles que nous devons conforter. Nous devons aussi travailler à de nouveaux parcours type bac+1 pour qu’une demande de formation ne reste jamais sans réponse.
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) September 20, 2019
Par ailleurs, le dispositif de classes passerelles créé en 2018 pour accueillir les bacheliers professionnels apparaît peu attractif aux yeux de ces lycéens compte tenu du faible taux de remplissage de ces classes. Il est également particulièrement coûteux pour les finances publiques (3 000 € par étudiant)
La transformation globale de notre système -3/+3
« Il ne contient aucune disposition permettant que soit conduite une politique malthusienne de réduction des capacités d’accueil »
Le texte qui a été voté aujourd’hui est ambitieux, juste et porteur de progrès. Il ne contient aucune disposition permettant que soit conduite une politique malthusienne de réduction des capacités d’accueil pour quelque prétexte que ce soit. #DirectAN pic.twitter.com/eP3SKydEnw
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) February 15, 2018
Dans une logique d’attractivité, certaines formations pourraient utiliser la variable de la capacité d’accueil afin d’augmenter leur sélectivité et accroître ainsi leur taux de réussite, en attirant les meilleurs candidats.
Il n’est donc pas exclu, à terme, que Parcoursup exacerbe des situations d’émulation entre établissements, déjà à l’œuvre en matière de recherche, et qui pourraient se généraliser désormais au niveau des formations de premier cycle.
L’académie de Paris, qui concentre la majorité des filières en tension, illustre ce phénomène. La part d’admis ayant eu une mention très bien au baccalauréat dans les filières non sélectives y est passée de 29 % en 2017-2018, dernière année d’APB, à 40 % en 2018-2019, première année de Parcoursup.
Cet accroissement de la concurrence entre les établissements, s’il venait à se confirmer, nécessiterait de réinterroger les équilibres, sauf à laisser s’ériger, dès les formations de premier cycle, un système universitaire à deux vitesses, au détriment des étudiants inscrits dans des universités moins prestigieuses, ou bénéficiant de moins de visibilité.
Voir aussi :
Pingback: Loi ORE : une politique irresponsable du Ministère ? | Academia
Pingback: Le 5 mars l’Université et la recherche s’arrêtent. 10 chiffres pour comprendre – ★ infoLibertaire.net
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Bonjour M.Gossa, je voulais juste vous avertir que je me suis servi de cet article (et quelques autres) dans le cadre de mes vidéos contre la réforme du lycée et globalement tout ce que fait Jean Michel Blanquer (j’ai mis l’adresse d’un exmeple de vidéo dans » site web » pour info, mais je ne cherche nullement un relai ou des louanges, c’était juste pour vous en avertir, et vous remercier pour ce que vous faites !)